Les Français, les élections européennes et la guerre en Ukraine

A 3 mois du scrutin, le RN reste largement en tête des intentions de vote exprimées (29.5%, +2) devant Renaissance (17%, +0.5)

A gauche, les listes EELV (9.5%, =), PS (8.5%, -0.5) et FI (7.5%, -1.5) sont au coude-à-coude

LR (7%, -1) et Reconquête (4.5%, -0.5) seraient distancés

La liste du Rassemblement National (RN) menée par Jordan Bardella arriverait largement en tête, elle serait créditée de 29.5% des intentions de vote exprimées, en hausse de 2 points sur 1 moins (9 février). La liste du RN bénéficierait du soutien massif des électeurs de Marine Le Pen (87% de ceux qui ont l’intention de se rendre aux urnes en juin voteraient pour la liste RN, +2 points) et parviendrait à prendre les voix d’1 électeur sur 2 d’Éric Zemmour et d’1 sur 5 de Valérie Pécresse. La liste menée par Jordan Bardella arriverait en tête chez les moins de 65 ans (31%), chez les employés/ouvriers (41%), chez les professions intermédiaires (25%) et en dehors de l’agglomération parisienne, notamment dans les commune rurales (37%) et les petites agglomérations (34%).

La liste Renaissance, du MoDem et d’Horizons menée par Valérie Hayer serait créditée de 17% des intentions de vote exprimées. Stable en 1 mois (+0.5), la nomination de Valérie Hayer en tant que tête de liste n’a pas eu, à ce stade de la campagne, d’impact significatif sur les intentions de vote, en dehors d’une légère remobilisation de son socle électoral (64%, +7 électeurs d’E. Macron). Elle ne disposerait d’aucun report de voix significatifs en dehors, à peine 13% des voix de Yannick Jadot et 6% de Valérie Pécresse. La liste Renaissance arriverait en tête chez les 65 ans et plus (29%, mais serait concurrencée par le RN à 26%).

A gauche, les listes d’Europe Ecologie Les Verts menée par Marie Toussaint (9.5%, =), du Parti Socialiste et de Place Publique menée par Raphaël Glucksmann (8.5%, -0.5) et de la France Insoumise en baisse (7.5%, -1.5) seraient au coude-à-coude. Avec la liste du Parti Communiste menée par Léon Deffontaines (à 3%, +0.5), le bloc de gauche obtiendrait 29% (-1) des voix. La baisse de la liste LFI en 1 mois s’explique par une relative démobilisation de son électorat : 33% (-9) des électeurs de Jean-Luc Mélenchon voteraient pour la liste des Insoumis, 23% pour la liste PS et 15% pour la liste EELV.

La liste des Républicains menée par François-Xavier Bellamy est créditée de 7% (-1) des intentions, elle n’obtiendrait les voix que d’1 électeur sur 2 de Valérie Pécresse et d’1 sur 10 d’Emmanuel Macron.

La liste Reconquête menée par Marion Maréchal serait à 4.5% (-0.5). Les autres listes testées seraient créditées de 3% ou moins des intentions de vote exprimées.

L’intérêt pour les élections européennes progresse (50%, +3)

50% (+3 points en 1 mois) des Français se disent intéressés par les élections européennes, dont 36% (+1) plutôt intéressé et 14% (+2) très intéressés. A l’inverse, 50% (-3) disent ne pas être intéressés, dont 35% (=) pas vraiment et 15% (-3) pas du tout. Un léger gain d’intérêt que l’observe en 1 mois dans tous les pans de la société.

L’intérêt pour les élections européennes de juin prochain demeure plus prégnant chez les 65 ans et plus (60%, +3), les cadres (58%, +6) et les hommes (54%, +3) que chez les moins de 65 ans (47%, +4), les employés/ouvriers (40%, +3), les professions intermédiaires (45%, +5) et les femmes (47%, +6).

D’un point de vue politique, les électeurs de Valérie Pécresse (73%, +11), d’Éric Zemmour (71%, -3) et d’Emmanuel Macron (63%, +6) sont les plus intéressés par cette campagne, les électeurs de Marine Le Pen (54%, -1) et de Jean-Luc Mélenchon (50%, =) le sont moins.

Guerre en Ukraine : des Français inquiets à l’idée que le conflit se propage dans d’autres pays, voire jusqu’en France

79% des Français se disent inquiets à l’idée que le conflit militaire se propage dans d’autres pays que l’Ukraine (dont 26% très inquiets).

Et 65% qu’il se propage en France (dont 22% très inquiets), une inquiétude plus élevée qu’au début de la guerre (mesurée à 61% le 16 mars 2022).

La diffusion du conflit en dehors du territoire ukrainien inquiète une large majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats : électeurs d’Emmanuel Macron (86% d’autres pays, 63% en France), de Jean-Luc Mélenchon (80%, 63%) et de Marine Le Pen (75%, 69%).

Les 65 ans et plus sont sensiblement plus inquiets (87% et 72%) que les autres tranches d’âge (73%-78%, 59%-64%).

L’adhésion au soutien financier et militaire à l’Ukraine recule dans l’opinion

39% (-11 points depuis le 28 juin 2023) des Français considèrent que la France doit continuer de soutenir économiquement et financièrement l’Ukraine comme elle le fait actuellement, 26% (+3) que la France doit réduire son soutien, 22% (+4) qu’elle doit l’arrêter et 12% (+3) qu’elle doit l’accentuer.

Concernant le soutien militaire à l’Ukraine : 43% (-9) des Français estiment que la France doit continuer son soutien comme elle le fait actuellement, 22% (+4) qu’elle doit le réduire, 20% (+5) l’arrêter et 14% (=) l’accentuer.

On observe, sur cette question, une polarisation politique :

  • La majorité des électeurs d’Emmanuel Macron estime qu’il faut poursuivre le soutien à l’Ukraine comme actuellement (55%, -11 financier ; 55%, -13 militaire) et, depuis juin 2023, une plus grande proportion souhaite l’accentuer (18%, +7 ; 23%, +7)
  • A contrario, les électeurs de Marine Le Pen privilégient désormais l’arrêt du soutien (37%, +7 financier ; 34%, +9 militaire) ou une réduction (32%, = ; 27%, +1)
  • Chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, une majorité relative considère toujours qu’il faut poursuivre le soutien à l’Ukraine (40%, -16 financier ; 40%, -13 militaire), mais cette opinion est en forte baisse depuis juin 2023 au profit de d’une réduction (23%, +8 ; 19%, +7) voire d’un arrêt (24%, +8 ; 25%, +10)

6 Français sur 10 estiment qu’Emmanuel Macron n’est pas à la hauteur de la situation, une critique en hausse depuis le début de la guerre

Concernant la guerre en Ukraine, 59% (+6 points depuis le 28 juin 2023, +22 depuis le 8 mars 2022) des Français considèrent qu’Emmanuel Macron n’est pas à la hauteur de la situation, dont 33% (-1) pas vraiment et 26% (+7) pas du tout. A l’inverse, 40% (-6) estiment qu’il est à la hauteur, dont 33% (-5) plutôt et 7% (-1) tout à fait.

Le regard porté par l’opinion publique sur l’action du chef de l’Etat se dégrade depuis juin 2023 au sein de tous les électorats : celui d’Éric Zemmour (87% pas à la hauteur, +24), de Marine Le Pen (80%, +4), de Valérie Pécresse désormais majoritairement critiques (52%, +16).

Parmi les électeurs d’Emmanuel Macron, la critique progresse mais reste largement minoritaire (17%, +7), 82% (-8) considèrent toujours que le président de la République est à la hauteur de la situation.

L’envoi de troupes combattantes sur le sol ukrainien est rejeté par l’opinion, l’envoi de militaires pour former et aider sur la logistique divise

Les Français sont largement opposés (79%, dont 44% très opposés) à l’envoi sur le sol ukrainien de troupe françaises combattantes. Une opposition majoritaire au sein de tous les électorats : électeurs de Marine Le Pen (88%) et de Jean-Luc Mélenchon (85%), y compris dans l’électorat d’Emmanuel Macron (72%).

Le rejet croit avec l’âge passant de 60% chez les 18-24 ans à 86% chez les 65 ans et plus.

L’opinion publique est plus divisée concernant l’envoi de militaires français pour former et entraîner des soldats ukrainiens et les aider sur la logistique : 52% des Français y sont favorables dont 13% très favorables et 39% plutôt favorables. A l’inverse, 47% y sont opposés, dont 21% plutôt opposés et 26% très opposés.

Cette mesure clive politiquement :

  • Elle rencontre une approbation majoritaire chez les électeurs de Yannick Jadot (83%), d’Emmanuel Macron (74%) et de Valérie Pécresse (71%)
  • Mais est majoritairement désapprouvée par les électeurs d’Éric Zemmour (70%), de Marine Le Pen (64%) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (55%)

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Crédits image : Parlement Européen Bruxelles – Pixabay


ELABE rappelle que les résultats de ce sondage doivent être interprétés comme une indication de l’état du rapport de force politique actuel en France métropolitaine dans la perspective de l’élection européenne de 2024. Ils ne constituent en aucun cas un élément prédictif des résultats le jour du vote.

La notice de ce sondage peut être consultée sur le site internet de la Commission des sondages : www.commission-des-sondages.fr

Toute publication ou toute reprise de ce sondage doit faire figurer la méthodologie et les marges d’erreurs :

« Echantillon de 1 504 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, dont 1 397 inscrits sur les listes électorales. Interrogation par Internet du 5 au 7 mars 2024.

La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, région de résidence et catégorie d’agglomération.

Pour les questions d’intention de vote, seules les personnes inscrites sur les listes électorales et ayant l’intention d’aller voter sont prises en compte.

Marge d’erreur comprise entre 1,1 et 3,5 points de pourcentage. »