Environnement : l’action de l’exécutif est insuffisante pour 7 Français sur 10

Le pouvoir d’achat reste le sujet n°1, nettement devant l’environnement. Une hiérarchie qui masque une forte catégorisation des préoccupations

Le pouvoir d’achat reste le sujet de préoccupation qui rallie le plus grand nombre de Français (37% de citations, dont 18% en 1er). Il devance nettement l’environnement qui apparait comme une préoccupation majeure pour 29% (dont 14% en 1er).

Si le niveau de préoccupation concernant le pouvoir d’achat oscille en fonction du contexte social depuis plusieurs mois et se trouve en baisse de 8 points par rapport à la fin du « grand débat national » (après une hausse de 5 points entre janvier et mars), la préoccupation environnementale est stable depuis mars, après avoir connu une nette progression en début d’année (+6 points en janvier et mars). C’est le signe d’une dynamique qui s’inscrit dans une tendance de fond, pas (ou peu) impacté par le contexte social des derniers mois.

L’emploi (24%, +2), les retraites (22%, -5), les inégalités sociales (22%, -2), la santé (22%, -4) et l’immigration (21%, +1) recueillent entre 24% et 21% des citations.

Cette hiérarchie des préoccupations sur l’ensemble de la population masque pourtant une forte catégorisation des préoccupations et d’importants clivages, principalement sociaux et politiques.

Si le pouvoir d’achat est légèrement moins cité que l’environnement chez les cadres et les classes moyennes, il est en revanche très largement en tête auprès des catégories populaires (49%, soit 17 points de plus que les cadres et classes moyennes), suivi de l’emploi (31%). A l’inverse, la préoccupation environnementale est nettement en-deçà auprès de cette catégorie de population (20%, en 5ème position), soit 14 points de moins que pour les cadres et classes moyennes. Cette tendance se recoupe partiellement avec un clivage politique : le pouvoir d’achat apparait comme un thème extrêmement fort pour les électeurs de Marine Le Pen (49%), alors qu’ils ne sont que 9% à évoquer l’environnement. Contrairement à une idée reçue, les plus jeunes ne sont pas les seuls à exprimer leur préoccupation environnementale : s’il y a bien une différence entre les moins de 35 ans et les plus de 35 ans, le principal clivage sur ce sujet est social et politique. Pour les électeurs de Marine Le Pen, la préoccupation du pouvoir d’achat devance celle à l’égard de l’immigration (47% de citations, dont 21% en 1er). Ce sujet apparaît en tête chez les électeurs de François Fillon (37%).

Alors que le rapport Delevoye sur les retraites a récemment été remis au gouvernement, le sujet des retraites est plutôt à la baisse auprès de l’ensemble de la population. Il apparait cependant comme le sujet n°1 pour les Français de 50 à 64 ans. La baisse est en revanche très nette chez les plus de 65 ans par rapport au mois de mars (29%, -14).

Signe d’une véritable catégorisation des priorités d’action, les principales préoccupations diffèrent pour chaque électorat :

  • Pouvoir d’achat / environnement / inégalités sociales pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon
  • Environnement / pouvoir d’achat / retraites pour les électeurs d’Emmanuel Macron
  • Immigration / sécurité / dette publique pour les électeurs de François Fillon
  • Pouvoir d’achat / immigration / retraites pour les électeurs de Marine Le Pen

Réchauffement climatique et protection de l’environnement : l’action de l’exécutif jugée insuffisante par 7 Français sur 10, un score en nette hausse par rapport au mois dernier

Alors que le Premier ministre a promis un « tournant écologique » lors de son discours de politique générale le 12 juin dernier, 69% des Français estiment qu’Emmanuel Macron et le gouvernement d’Edouard Philippe n’agissent pas suffisamment, une proportion en hausse de 7 points en seulement un mois. 22% la jugent suffisante (-5) et 9% estiment que l’exécutif en fait trop.

Fait suffisamment rare pour le signaler, ce sentiment d’une action insuffisante est très homogène d’un point de vue socio-démographique, quel que soit le sexe, l’âge, la classe sociale ou le lieu de résidence. Et sur un mois, il est en hausse auprès de la quasi-totalité des catégories de populations.

Politiquement, elle est particulièrement en hausse parmi les électeurs de François Fillon (64%, +19). Ce sont les électeurs de gauche qui restent les plus sévères à l’égard de l’exécutif sur ce sujet : 81% des électeurs de Benoît Hamon et 75% de ceux de Jean-Luc Mélenchon. A noter que les électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron sont également 60% à juger l’action de l’exécutif insuffisante.

Pour agir sur l’environnement, les mesures de la vie quotidienne rassemblent une large majorité de Français, les actions politiques et les mesures en lien avec la voiture sont nettement plus clivantes

Alors que les Français pointent du doigt l’insuffisante action du gouvernement face au dérèglement climatique et à la situation environnementale, ce sont les mesures relatives au recyclage des emballages plastiques (92% utile dont 65% très utile) et au tri des déchets (91% utile dont 64% très utile) qui sont jugées les plus utiles. Elles sont suivies par la rénovation des bâtiments énergivores (91%, dont 48%), l’investissement massif dans les énergies renouvelables (86% dont 43%), l’interdiction des plastiques à usage unique – qui vient d’être votée à l ’Assemblée Nationale (84%, dont 49%) et la taxation des entreprises en fonction de leur impact environnemental (82% dont 38%).

Les mesures plus politiques ainsi que celles impactant directement l’usage de la voiture sont beaucoup plus clivantes.

« Seuls » 57% jugent utile d’assigner l’Etat en justice pour le contraindre à agir, 45% de manifester pour des revendications environnementales et 37% de voter pour un candidat écologiste à la Présidence de la République. L’interdiction des véhicules dans le centre des grandes villes est jugée utile par 45% des Français et l’augmentation du prix du carburant par seulement 13%.

Les actions « politiques » sont au cœur d’un clivage entre les électeurs de gauche d’une part, et ceux d’Emmanuel Macron et de François Fillon d’autre part, qui se montrent beaucoup plus réticents. L’interdiction des véhicules en centre-ville voit s’opposer les électorats de gauche et celui d’Emmanuel Macron d’une part, à ceux de François Fillon et de Marine Le Pen.

Télécharger ici : Les Français et le dérèglement climatique / Sondage ELABE pour Les Echos, l’Institut Montaigne et Radio Classique