Coronavirus (vague 5) : l’inquiétude en très forte progression chez les Français

L’inquiétude face à la propagation du coronavirus explose

Interrogés au lendemain de l’allocution télévisée du Président de la République et de celle du ministre de l’Intérieur, 81% des Français sont inquiets. Ce taux est en hausse de 20 points en 4 jours, et de 33 points en 6 jours. Ce changement d’état d’esprit récent se traduit également par la hausse de 13 points (à 30%) en 4 jours du pourcentage d’individus « très inquiets », et de 20 points en 6 jours.

Si la hausse de l’inquiétude est générale quelle que soit la catégorie de population, les Français les plus jeunes restent les moins inquiets face à l’épidémie de coronavirus : 68% (+29 en 4 jours) des 18-24 ans se disent inquiets. L’inquiétude auprès des autres tranches d’âge est proche ou dépasse 80%. L’inquiétude est en revanche homogène que l’on soit ouvrier, employé, cadre ou appartenant aux professions intermédiaires.

Politiquement, si l’inquiétude est globalement élevée chez tous les électorats (entre 78% et 85%), elle l’est particulièrement auprès des électeurs de Marine Le Pen : 40% sont « très inquiets », soit 10 points de plus que la moyenne.

Cette hausse de l’inquiétude globale se traduit dans les différents aspects de la vie quotidienne

Preuve d’une certaine prise de conscience ces dernières heures des dangers et de la facilité de propagation du virus, c’est sur la visite aux amis/famille que l’inquiétude progresse le plus en 4 jours : +35 points (68%). Elle est également en forte hausse concernant le fait de se rendre au travail (+27, à 64%), de faire ses courses (+26, à 61%), et de partir en week-end ou vacances (+26, à 72%). A un niveau déjà élevé il y a 4 jours, l’inquiétude concernant les transports en commun (81%, +19) et la visite aux personnes âgées (77%, +16) progressent également de 15 à 20 points.

Lavage des mains, « coude » et mouchoir jetable sont devenus des réflexes. La distance physique en passe d’être adoptée. Les gestes de civilité reculent nettement mais sont encore difficiles à abandonner

Les gestes « barrières » comme le lavage des mains, tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir jetable sont devenus des réflexes, à en croire les déclaration des Français. Ils sont très majoritairement et systématiquement respectés par les Français :

  • 98% (+3 en 4 jours) se lavent régulièrement les mains, dont 87% (+11) le font systématiquement.
  • 89% (+8) toussent ou éternuent dans leur coude ou dans un mouchoir jetable, dont 71% (+9) le font systématiquement

La distance physique minimale entre individus est en passe d’être adoptée : 93% (+24) déclarent la mettre en place, dont 59% (+23) systématiquement.

Les gestes de civilité avec des inconnus ont quasiment disparus : seuls 11% (-26) déclarent encore serrer la main et 10% (-14) faire la bise à des inconnus pour se saluer.

En revanche, même s’ils sont en forte baisse, les gestes de civilité avec ses proches sont encore pratiqués par 26% à 30% des Français : 30% (-36) déclarent faire la bise et 26% (-35) serrer la main à ses proches et connaissances.

Si les mesures annoncées par Emmanuel Macron font consensus…

L’ensemble des mesures annoncées par Emmanuel Macron lors de son allocution télévisée lundi soir sont accueillies favorablement par la quasi-totalité des Français :

Les mesures « régaliennes » et d’ordre public liées aux enjeux sanitaires telles que la fermeture des frontières de l’espace Schengen (94% dont 69% « très favorable »), la mobilisation de l’armée dans le Grand Est pour désengorger les hôpitaux (96%, dont 69% « très favorable »), la mise en place d’un confinement d’au moins 15 jours (93% dont 62%) et le contrôle de ce confinement par 100 000 policiers et gendarmes pouvant sanctionner d’une amende de 38 à 135 euros (84% dont 51% « très favorable »)

Les mesures de soutien économique telles que l’aide aux entreprises sous forme de reports de charges fiscales et sociales, d’échéance bancaires, la garantie des prêts bancaires et la suspension des loyers et factures pour les entreprises (97% dont 66% « très favorable ») et la création d’un fond de solidarité pour les entrepreneurs, artisans et commerçants (97%, dont 66% « très favorable »)

Les mesures politiques telles que la suspension de toutes les réformes en cours y compris la réforme des retraites (93% dont 64% « très favorable ») et le report du second tour des élections municipales (95% dont 74% « très favorable »).

… la gestion de crise et l’étendue des précautions divisent l’opinion publique

Si les mesures annoncées font et notamment le report du second tour font consensus, les critiques « a posteriori » sur le maintien du 1er tour sont très fortes : 76% des Français estiment qu’Emmanuel Macron a eu tort de le maintenir (alors que 58% lui donnait raison vendredi dernier). Si cette critique est quasi-unanime chez les électorats de Jean-Luc Mélenchon (79%), de Benoît Hamon (89%) et de Marine Le Pen (81%), elle est moins nette mais reste majoritaire chez les électeurs d’Emmanuel Macron (60%) et de François Fillon (65%).

Le sentiment que l’exécutif et les autorités sanitaires apportent des réponses suffisantes pour limiter la propagation du virus divise les Français : 52% (-1) jugent que les mesures de ces derniers jours et semaines sont suffisantes, mais 43% les jugent insuffisantes. Ce chiffre est en hausse de 7 points en 4 jours. 5% (-6) estiment que les mesures sont exagérées.

La gestion de la crise emporte un soutien majoritaire mais fait apparaitre de forts clivages politiques : 57% estiment que le dossier est bien géré par Emmanuel Macron, Edouard Philippe et le gouvernement, mais 42% jugent qu’il est mal géré. Ce sujet fait l’objet d’un clivage politique : si les électeurs d’Emmanuel Macron le soutiennent (80%), les électeurs de Marine Le Pen sont majoritairement critiques (64%). Il faut noter que, par rapport au 4 mars, la part des personnes interrogées jugeant que la gestion du dossier est bonne est plus élevée de 16 points.

Malgré les annonces et mesures prises ces derniers jours, plus d’un Français sur deux continuent de penser que la France n’est pas prête à faire face à la propagation du virus

Par rapport au 4 mars et après l’ensemble des mesures annoncées ces derniers jours, le sentiment que la France est prête à affronter l’épidémie du coronavirus est stable et reste minoritaire : 43% jugent que la France est prête (stable), alors que 57% estiment qu’elle ne l’est pas (stable).

D’un point de vue politique, les opinions sont très stables par rapport au 4 mars : les électeurs de Marine Le Pen sont majoritairement sceptiques (73%), ceux de Jean-Luc Mélenchon le sont aussi mais dans une moindre proportion (58%), alors que ceux de François Fillon sont très partagés (51% « prête », 48% « pas prête »), et ceux d’Emmanuel Macron prudemment optimistes (59% « prête »).

A noter qu’auprès des personnes ayant vu ou entendu parler de l’intervention d’Emmanuel Macron et auprès de ceux ayant vu ou entendu parle de celle de Christophe Castaner, les résultats sont similaires à la moyenne.

 

 

Téléchargez le rapport d’études ici : ELABE « L’épidémie de coronavirus et l’allocution d’Emmanuel Macron » – Sondage ELABE/Berger-Levrault « Opinion en direct » pour BFMTV

 

 

Crédits image : Artur Bergman / wikimedia commons