Les Français, le confinement et le vaccin contre la Covid-19

La perspective d’un troisième confinement divise les Français

Interrogés sur plusieurs mesures qui sont déjà en application ou qui sont actuellement évoqués dans le débat public pour faire face à l’épidémie, une courte majorité de Français est favorable à l’interdiction de se déplacer d’une région à l’autre (62% favorables, dont 28% très favorables), et au couvre-feu national à 18h (57%, dont 25% très favorables).

Les Français se montrent en revanche beaucoup plus partagés concernant un troisième confinement national :

  • 52% sont favorables (dont 15% très favorables) à l’instauration sur l’ensemble territoire d’un confinement sur le modèle de celui mis en place entre novembre et décembre (contre 48% opposés, dont 19% très opposés)
  • 51% sont favorables (dont 22% très favorables) à l’instauration sur l’ensemble du territoire d’un couvre-feu à 18h la semaine et un confinement le week-end (contre 49% opposés, dont 25% très opposés)
  • 48% sont favorables (dont 24% très favorables) à l’instauration sur l’ensemble du territoire d’un confinement sur le modèle du 1er (contre 52% opposés, dont 27% très opposés)

Le jugement sur le confinement national se dégrade depuis le début de la crise : 93% des Français étaient favorables à l’instauration du 1er confinement (18 mars), 67% lors du 2ème (29 octobre), et 1 Français sur 2 aujourd’hui.

L’opinion sur le couvre-feu à 18h sur l’ensemble du territoire progresse en une semaine, qu’il soit adopté toute la semaine (+10 points) ou associé à un confinement le week-end (+7). Ces mesures sont toutefois marquées par un clivage générationnel : elles sont particulièrement approuvées et en hausse chez les 50 ans et plus (69%, +19 ; 63%, +14), et désapprouvées et en légère baisse chez les moins de 35 ans (41%, -3 ; 32%, -5)

Un confinement sur le modèle du deuxième est particulièrement approuvé par les 65 ans et plus (66% favorables) mais est plutôt rejeté par les 25-34 ans (63% opposés)

Un confinement sur le modèle du premier divise les Français au sein de toutes les catégories de population, y compris chez les plus de 50 ans (46% favorables et 54% opposés) et au sein des électeurs d’Emmanuel Macron (49%, 51%).

L’interdiction de se déplacer entre régions est approuvée par près de 6 Français sur 10 au sein de toutes les catégories de la population, seuls les 25-34 ans se montrent plus partagés (52% favorables, 48% opposés).

Si la quasi-totalité des Français déclarent qu’ils respecteraient un troisième confinement, 1 sur 2 seulement le juge nécessaire

Concernant l’instauration d’un confinement sur le modèle du premier, 93% des Français déclarent qu’ils le respecteraient, dont 50% qui le jugent nécessaire, et 43% qui sont en désaccord mais respecteraient la loi. 7% déclarent qu’ils ne le respecteraient pas.

93% des Français déclarent qu’ils respecteraient un confinement sur le modèle du deuxième, dont 46% qui le jugent nécessaire, et 47% qui sont en désaccord mais le respecteraient par respect de la loi. 7% déclarent qu’ils ne le respecteraient pas.

A titre de comparaison, il y a deux semaines, l’intention de respecter un éventuel troisième confinement était d’un niveau similaire (92%), mais 56% (soit 9-13 points de plus) des Français le jugeaient nécessaire, et 36% étaient en désaccord mais l’auraient respecté par respect de la loi.

A noter qu’à l’égard d’un confinement sur le modèle du deuxième, les 65 ans et plus sont particulièrement convaincus de sa nécessité (60%), et une part non négligeable des moins de 35 ans déclarent qu’elle ne le respecterait pas (13%).

Une majorité de Français souhaite que les établissements scolaires demeurent ouverts lors des prochaines semaines

Concernant la situation des établissements scolaires dans les prochaines semaines, 56% des Français souhaitent qu’ils demeurent ouverts contre 43% qui préfèreraient les fermer.

Politiquement, les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron sont majoritairement favorables au maintien de l’ouverture des établissements scolaires (71% et 64%). Les électeurs de Benoît Hamon (58% ouverture), de Jean-Luc Mélenchon (53%) et les abstentionnistes (56%) sont une courte majorité à le souhaiter. Les électeurs de Marine Le Pen sont une courte majorité à préférer leur fermeture (46% ouverture, 53% fermeture).

En termes d’âge, les 25-64 ans sont plutôt favorables au maintien de l’ouverture des établissements scolaires (54%-55%), les 65 ans et plus nettement favorables (67%). Seuls les 18-24 ans se prononcent en majorité pour leur fermeture (43% ouverture, 55% fermeture).

A noter que le point de vue sur cette question est similaire entre les parents d’enfants scolarisés (57% ouverture) et les non-parents d’enfants scolarisés (56%).

D’un point de vue socio-professionnel, les cadres (56%) et surtout les professions intermédiaires (63%) sont favorables à l’ouverture, les catégories populaires se montrent plus partagés (48% ouverture, 51% fermeture).

Une période de crise vécue difficilement par 8 Français sur 10. 35% déclarent « ne pas voir le bout du tunnel »

Plus de dix mois après le début de la crise du Covid-19 en France, 43% des Français considèrent qu’il s’agit d’une période difficile, mais préfèrent être optimistes et se dire que d’ici quelques semaines ou mois on va s’en sortir. Plus pessimistes, 35% de Français ont du mal à vivre cette période et ne voit pas le bout du tunnel. Seuls 22% des Français déclarent bien vivre cette période malgré la longueur de la crise.

On observe une relative homogénéité dans la manière dont les Français vivent cette crise, que ce soit selon leur genre, âge, catégorie socio-professionnelle ou lieu de résidence.

Il existe en revanche des différences importantes selon le niveau de pouvoir d’achat :

Parmi les Français qui bouclent facilement leurs fins de mois, 26% vivent bien cette période (contre 16% chez ceux qui les bouclent difficilement, soit 10 points de moins), 46% la vivent difficilement mais demeure optimistes sur le long terme (contre 38%), et 28% déclarent très mal la vivre (contre 45%, soit 17 points de plus).

Les Français encore plus critiques sur le rythme de la campagne de vaccination

68% (+5 points en deux semaines) des Français ont le sentiment que le rythme actuel de vaccination de la population française est trop lent, 23% (-3) estiment que le rythme est bon, et seuls 8% (-2) le jugent trop rapide.

Le sentiment d’un rythme trop lent est majoritaire au sein de tous les électorats (66%-76%) y compris chez les électeurs d’Emmanuel Macron du 1er tour (66%, -1).

En termes d’âge, la lenteur de la vaccination est particulièrement mentionnée par les 35 ans et plus (70%-74%), il s’agit toutefois d’un constat également partagé par la majorité des plus jeunes : 59% des 25-34 ans et 50% des 18-24 ans.

La perception d’un rythme de vaccination trop lent est largement partagée et est homogène entre les catégories socio-professionnelles (64%-69%, entre +3 et +7).

7 Français sur 10 estiment qu’on ne parviendra pas à rattraper le niveau de vaccination d’autres pays

Alors que la France vient de dépasser la barre d’un million de personnes ayant reçu une première dose du vaccin contre la Covid-19 (soit 1,5% de la population française), 72% des Français estiment qu’on ne parviendra pas à rattraper le nombre de vaccinations des pays comme les Etats-Unis, la Chine et le Royaume-Uni dans les semaines à venir. A l’inverse, 27% sont plus optimistes et pensent la France parviendra à rattraper ces pays.

Le pessimisme est majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats, y compris au sein des électeurs du 1er tour d’Emmanuel Macron (61% parviendra pas). Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (83% parviendra pas) et de Marine Le Pen (80%) ont un point de vue particulièrement négatif.

1 Français sur 2 a l’intention de se faire vacciner, une proportion qui continue d’augmenter

50% des Français ont l’intention de se faire vacciner dans les prochains mois (+3 points en deux semaines, +12 points en trois semaines), dont 26% (+3) certainement et 24% (=) probablement. A l’inverse, 35% (-5) n’ont pas l’intention de se faire vacciner, dont 20% (-2) certainement pas et 15% (-3) probablement pas. 15% (+2) ne savent pas encore.

En termes d’âge, l’intention de se faire vacciner reste plus importante chez les 65 ans et plus (73%, +5), et les 50-64 ans (54%, +4), que chez les plus jeunes : 35-49 ans (43%, +1), 25-34 ans (32%, +2) et 18-24 ans (25%, -4).

D’un point de vue socio-professionnel, l’acceptation reste plus élevée malgré des baisses chez les cadres (59%, -7) et dans une moindre mesure les professions intermédiaires (49%, -3). Elle est en revanche plus faible mais en hausse au sein des catégories populaires (38%, +6).

Les hommes ont toujours davantage l’intention de se faire vacciner (55%, +2) que les femmes (45%, +3), et également les non-parents (55%, +2) par rapport aux parents (44%, +5).

Géographiquement, l’intention de se faire vacciner est plus importante dans les grandes villes, et en particulier dans l’agglomération parisienne (55%, +5) que dans le monde rural (42%, -4).

Politiquement trois blocs se distinguent :

  • Les électeurs d’Emmanuel Macron du 1er tour (76%, +9) et de François Fillon (68%, -1) sont une nette majorité à avoir l’intention de se faire vacciner
  • Les électeurs de gauche, de Benoît Hamon (54%, +3) et de Jean-Luc Mélenchon (48%, -3) sont une courte majorité (absolue ou relative) à vouloir se faire vacciner
  • L’acceptation est en revanche plus faible au sein des électeurs de Marine Le Pen (37%, +3) et chez les abstentionnistes (36%, +2)

L’inquiétude face à la propagation du virus demeure à un niveau élevé (77%)

77% (-1 en deux semaines) des Français se disent inquiets de la propagation du Covid-19 en France, dont 23% (=) très inquiets et 54% (-1) plutôt inquiets. A l’inverse, 22% (+1) ne sont pas inquiets, dont 18% (+1) pas vraiment inquiets et 4% (=) pas du tout inquiets.

Le niveau d’inquiétude est globalement stable au sein de toutes les catégories de population.

Les populations les plus inquiètes restent les femmes (80% contre 73% des hommes), et en termes d’âge, les 50 ans et plus (83%, contre 71% chez les moins de 50 ans).

L’unique baisse significative à constater en deux semaines est sur les cadres (71%, -10). Le niveau d’inquiétude reste toutefois relativement homogène entre les catégories socio-professionnelles (70%-77%).

6 Français sur 10 privilégient la lutte contre l’épidémie à la relance économique et la préservation de l’emploi

Concernant l’épidémie de Covid-19 et la situation économique du pays, 60% (+2 points par rapport à l’étude ELABE pour les Echos, l’Institut Montaigne et Radio Classique du 6 janvier) des Français considèrent que le plus important est de limiter l’épidémie de Covid-19, même si cela a un impact négatif sur l’économie du pays et l’emploi. A l’inverse, 38% (-3) estiment que le plus important est de relancer l’économie et de préserver l’emploi, même si l’épidémie continue de progresser.

La primauté de la santé est majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats.

Politiquement, la priorité sur la santé est majoritaire parmi les électeurs de Benoît Hamon (74%, +15), d’Emmanuel Macron (69%, =) et de Jean-Luc Mélenchon (61%, -2). Les électeurs de François Fillon (52%, -5) et de Marine Le Pen (51%, +6) sont plus partagés.

D’un point de vue socio-professionnel, la prédominance de la santé est partout majoritaire (64% cadres, 54% professions intermédiaires) et progresse chez les catégories populaires  (60% ,+7).

En termes d’âge, seuls les 25-34 ans se montrent plus partagés (53% santé, 47% économie).

La confiance en l’exécutif pour lutter contre l’épidémie reste minoritaire (37%)

37% (stable en deux semaines) des Français font confiance à Emmanuel Maron et au gouvernement de Jean Castex pour lutter efficacement contre l’épidémie de Covid-19, dont 7% (-2) tout à fait confiance et 30% (+2) plutôt confiance. A l’inverse, 63% (=) ne font pas confiance à l’exécutif, dont 36% (=) pas vraiment confiance et 27% (=) pas du tout confiance.

Après avoir connu une baisse constante entre fin-novembre et début janvier (80% à 64%), la confiance rebondit dans l’électorat d’Emmanuel Macron du 1er tour (72%, +8). Pour le reste, les électeurs de François Fillon restent partagés (49%, =), ceux de Benoît Hamon le deviennent (46%, +7). La confiance reste très minoritaire au sein des électorats de Jean-Luc Mélenchon (17%, -8) et de Marine Le Pen (17%, -1).

Si le niveau de confiance est stable sur l’ensemble des Français, on observe des dynamiques importantes entre les catégories socio-professionnelles. Elle reste plus élevée mais est en baisse chez les cadres (46%, -8) et professions intermédiaires (35%, -9). A l’inverse, elle demeure moins élevée mais progresse au sein des catégories populaires (30%, +7).

En termes d’âge, le niveau de confiance est un peu plus important auprès des 65 ans et plus (44%) qu’au sein des autres tranches d’âge (32%-36%).

Géographiquement, la confiance en l’exécutif est minoritaire mais est plus élevée dans les grandes villes et notamment dans l’agglomération parisienne (41%-43%) que dans les moyennes, petites agglomérations et dans le monde rural (29%-33%).

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Crédits image : Commons Wikimedia / Eric Salard