Les Français, la motion de censure et la démission du gouvernement de Michel Barnier

Motion de censure et démission de Michel Barnier : 54% des Français sont satisfaits

54% des Français sont satisfaits de l’adoption de la motion de censure et de la démission du gouvernement, dont 33% plutôt satisfaits et 21% très satisfaits. A l’inverse, 46% sont mécontents dont 26% plutôt mécontents et 20% très mécontents.

La censure du gouvernement clive politiquement en 2 blocs : les électeurs du NFP (72%) et du RN (70%) au 1er tour des Législatives 2024 en sont satisfaits tandis que les électeurs d’Ensemble (89%) et de droite (LR/UDI/DVD, 78%) mécontents. A noter que l’on observe au sein de la gauche un niveau de satisfaction plus élevé chez les sympathisants LFI (89%) que chez les sympathisants PS (65%) et EELV (53%).

En termes d’âge, la satisfaction est largement majoritaire chez les moins de 35 ans (66%) et décroit avec l’âge (56% chez les 35-64 ans) pour être minoritaire chez les 65 ans et plus (40%, vs 60% mécontents).

Pour 6 Français sur 10, il est normal que les oppositions RN-NFP votent ensemble la censure

Marine Le Pen et les députés du Rassemblement National ont voté pour la motion de censure proposée par les députés de la gauche du Nouveau Front populaire. Sur ce vote, 62% des Français considèrent qu’en tant qu’opposition il est normal que la gauche et le Rassemblement National censurent le gouvernement, cela ne veut pas dire qu’ils font alliance. A l’inverse, 37% estiment que ce vote commun entre les députés de gauche et du Rassemblement National est « une alliance politicienne contre-nature ».

Les électeurs du NFP (76%) et du RN (73%) estimant qu’il est normal que les oppositions censurent le gouvernement et que cela ne constitue pas une alliance tandis que les électeurs d’Ensemble (79%) y voient une alliance « contre-nature ». Les électeurs de droite sont partagés (54% normal, 45% « alliance contre-nature »).

53% des Français estiment que Michel Barnier aurait dû accorder une concession supplémentaire à Marine Le Pen et renoncer à la désindexation des retraites sur l’inflation

Dans les négociations autour du budget 2025, Michel Barnier a accordé des concessions à Marine Le Pen sur plusieurs mesures (AME, taxe électricité, déremboursement de médicaments notamment) mais n’a pas renoncé à la mesure de désindexation des pensions de retraite sur l’inflation. C’est ce refus qui a en partie motivé Marine Le Pen à voter la motion de censure. Concernant ces négociations, 53% des Français estiment que Michel Barnier aurait dû accorder une concession supplémentaire à Marine Le Pen, contre 46% que Marine Le Pen avait déjà obtenu plusieurs concessions, elle aurait dû renoncer à cette demande.

Les électeurs du Rassemblement National (81%) et les abstentionnistes (55%) estiment que Michel Barnier aurait dû accorder cette concession à Marine Le Pen pour éviter la censure. A contrario, les électeurs d’Ensemble (77%), de droite (70%) et dans une moindre mesure du NFP (58%) considèrent que Marine Le Pen aurait dû renoncer.

 

Ainsi en résumé, les électeurs du Rassemblement National approuvent la stratégie de Marine Le Pen : 70% sont satisfaits du vote de la censure, 73% estiment qu’il est normal d’avoir voté la motion proposée par le NFP et que cela ne constitue pas une alliance, et 81% considèrent que Michel Barnier aurait dû accorder une concession supplémentaire à Marine Le Pen.

Pas de budget, censure et démission du gouvernement : un spectacle navrant donné par la classe politique qui n’est pas à la hauteur de la situation pour l’opinion

Concernant cette séquence politique, 72% des Français estiment que c’est un spectacle navrant donné par la classe politique qui n’est pas à la hauteur de la situation, contre 26% qui considèrent que c’est le fonctionnement normal d’une Assemblée nationale sans majorité absolue où les différentes forces politiques débattent et cherchent à modifier les textes de loi.

Un jugement partagé par l’ensemble des électorats : d’Ensemble (88%), de droite (76%), du RN (67%) et du NFP (62%).

Pour une majorité relative de Français (45%), aucun camp politique n’est le gagnant de cette séquence
Le RN est le camp qui en sort le plus renforcé (34%) devant le NFP (13%)

Pour 34% des Français, le Rassemblement National est le camp politique qui sort le plus renforcé de cette séquence, devant le NFP (13%) et nettement devant Les Républicains (4%) et le camp présidentiel (3%).

Les électeurs du RN ont le sentiment que leur camp est à ce jour le plus renforcé par cette séquence (67%), les électeurs du NFP sont partagés (35% NFP, 27% RN, 33% aucun) tandis que les électeurs d’Ensemble (63%) et de droite (47%) ne voient aucun gagnant.

Marine Le Pen et le RN incarnent le mieux l’opposition à Emmanuel Macron aux yeux des Français, une opinion toutefois en baisse depuis septembre 2023 au profit du NFP

41% (-4 points depuis septembre 2023) des Français considèrent que c’est Marine Le Pen et le Rassemblement National qui incarnent le mieux l’opposition à Emmanuel Macron, 26% (+7) estiment qu’il s’agit de Jean-Luc Mélenchon et du Nouveau Front Populaire*, 5% (-3) des dirigeants des Républicains et 28% (=) aucun d’entre eux.

La majorité des électeurs du RN (86%) et du NFP (62%) estiment que leur camp respectif incarne l’opposition n°1 au Chef de l’Etat. Les électeurs d’Ensemble (28% RN, 27% NFP, 39% aucun) et de droite (43%, 26%, 18%) sont plus partagés.

La dynamique d’opinion depuis septembre 2023 (recul du RN, hausse de la gauche) s’observe essentiellement parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et d’Emmanuel Macron.

(*) En septembre 2023, l’item était rédigé de la manière suivante : Jean-Luc Mélenchon et l’union de la gauche « NUPES » (FI, PS, EELV, PCF)

Emmanuel Macron est le 1er responsable de la situation pour l’opinion, nettement devant Michel Barnier et les oppositions

1 Français sur 3 renvoie dos à dos l’ensemble de la classe politique

41% des Français estiment qu’Emmanuel Macron avec notamment sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale est le principal responsable de la situation actuelle (censure et démission du gouvernement), 12% que c’est le Rassemblement National qui a voté la motion de censure contre le gouvernement, 10% Michel Barnier qui n’est pas parvenu à trouver un compromis permettant qu’une majorité de députés approuve le budget et 6% et le « Nouveau Front Populaire » qui a voté la motion de censure contre le gouvernement. 31% des Français estiment que tous ces acteurs sont responsables.

Les électorats d’opposition – du NFP (59%) et du RN (54%) – estiment que le chef de l’Etat est le premier responsable de la situation politique actuelle. Les électeurs d’Ensemble (31% RN, 24% E. Macron, 32% tous responsables) et de droite (39% E. Macron, 21% RN, 26% tous responsables) se montrent plus partagés même si une part non-négligeable d’entre eux juge qu’Emmanuel Macron est le principal responsable. A noter que Michel Barnier (12% au plus) et le NFP (10%) sont exemptés de toute responsabilité au sein de tous les électorats.

61% des Français sont favorables à la démission d’Emmanuel Macron, en légère baisse (-2) en 1 semaine

61% (-2 points en 1 semaine) des Français sont favorables à la démission d’Emmanuel Macron du poste de Président de la République, dont 32% très favorables et 29% plutôt favorables. A l’inverse, 38% y sont opposés, dont 23% plutôt opposés et 15% très opposés.

Ce souhait reste largement partagé par les électeurs du RN (81%, -2) et ceux du NFP (72%, -4) mais est minoritaire et recule chez des électeurs de droite (42%, -6) et d’Ensemble (17%, -10).

Qui pour être Premier ministre ? Aucune des personnalités évoquées dans le débat public ne se détache dans l’opinion 

Parmi les personnalités évoquées dans le débat public pour remplacer Michel Barnier au poste de Premier ministre, 26% des Français souhaitent que Bruno Retailleau soit nommé, 26% Bernard Cazeneuve, 25% Raphael Glucksmann, 24% François Baroin, 23% Gérald Darmanin, 22% François Bayrou, 21% Lucie Castets, 21% Jean Castex, 21% Sébastien Lecornu et 12% David Lisnard.

Ces personnalités ne font pas consensus auprès de l’ensemble des Français ni même dans leur propre camp : à l’exception de R. Glucksmann (54%) et de L. Castets (50%) auprès des électeurs du NFP, toutes ces personnalités n’atteignent pas les 50% d’opinions favorables dans leur camp respectif. Quelques personnalités bénéficient de soutiens fragiles en dehors de leur socle : B. Retailleau (45% des électeurs de droite) auprès des électeurs d’Ensemble (35%) et du RN (35%), R. Glucksmann auprès des électeurs d’Ensemble (34%), François Baroin auprès d’Ensemble (43%, et 40% à droite) et Gérald Darmanin à droite (46%, et 39% Ensemble). A noter que Bernard Cazeneuve dispose de plus de soutiens chez les électeurs d’Ensemble (49%) et de droite (38%) qu’auprès des électeurs NFP (23%).

Pour constituer le prochain gouvernement, les Français privilégient un gouvernement technique

Après la censure, le soutien à un gouvernement de coalition recule quelle que soit la configuration

Pour constituer le nouveau gouvernement, 66% (-3 points en 1 semaine) des Français sont favorables à la nomination d’un « gouvernement technique » composé d’experts qui ne sont pas issus d’un parti politique, une hypothèse à laquelle souscrit une majorité au sein de tous les électorats.

Nettement plus loin, les deux autres options qui rassemblent le plus sont une coalition entre certains partis de gauche (hors FI) et le camp présidentiel (37%, -7), ainsi que cette même coalition élargie jusqu’à LR (36%, -8). Environ 2/3 des électeurs Ensemble approuvent ces deux options, 50% des électeurs NFP si la coalition n’intègre pas LR (39% si elle intègre LR), 61% des électeurs LR si la coalition les intègre (42% si elle ne les intègre pas). En 1 semaine, le soutien à ces deux configurations recule nettement auprès des électeurs du NFP. Les électeurs du RN rejettent largement ces deux hypothèses.

34% (-3) sont favorables à un gouvernement qui serait formé exclusivement de membres du RN et de ses alliés, une hypothèse soutenue par 75% des électeurs RN et alliés mais largement rejetée par tous les autres électorats

La reconduction de la coalition précédente (camp présidentiel et LR) ne rassemblerait que 32% des Français, en recul de 5 points en 1 semaine. 74% des électeurs LR et 64% de ceux d’Ensemble l’approuvent, mais elle est nettement rejetée – et encore plus que la semaine dernière – par les électeurs du du NFP et du RN.

L’hypothèse qui rassemble aujourd’hui le moins est celle d’un gouvernement composé exclusivement de membres du NFP (23%, -5), une option moins soutenue en 1 semaine par les électeurs NFP (59%, -13) et largement rejetée par les autres électorats.

Le sentiment que le contexte politique va aggraver la situation économique et financière du pays progresse dans l’opinion

46% (+5 en 1 semaine) des Français estiment que la censure et la démission du gouvernement va aggraver la situation du pays et pourrait provoquer une crise économique et financière du pays, 38% (-3) que la situation est déjà très grave d’un point de vue économique et financier et qu’elle ne peut pas être pire et 14% (-3) que cela n’est pas problématique pour la situation économique et financière du pays.

Le sentiment que la situation va s’aggraver progresse et est largement majoritaire chez les électeurs d’Ensemble (73%, +8) et de droite (67%, +5) tandis que les électeurs du RN (56% ne peut pas être pire, 32% va aggraver la situation) et du NFP (42%, 34%) sont plus partagés.


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