Motion de censure rejetée : 6 Français sur 10 sont satisfaits
Le Premier ministre François Bayrou a fait adopter son projet de budget pour l’année 2025 par l’article 49-3 de la Constitution, c’est-à-dire sans recourir au vote des députés. En retour, les députés de la France Insoumise ont déposé deux motions de censure contre le gouvernement qui n’ont pas recueilli le soutien d’une majorité de députés. 60% des Français se disent satisfaits que la motion de censure contre le gouvernement de François Bayrou n’ait pas été votée, dont 17% très satisfaits et 43% plutôt satisfaits. A l’inverse, 39% sont mécontents, dont 25% plutôt mécontents et 14% très mécontents.
Les électeurs d’Ensemble au 1er tour des législatives 2024 (87%), de droite (LR/UDI/DVD, 80%) mais aussi une majorité d’électeurs RN (59%) sont satisfaits du rejet de ces motions de censure. Les électeurs NFP sont divisés (51% mécontents, 48% satisfaits), avec en leur sein un très fort clivage entre sympathisants PS satisfaits (72%) et sympathisants LFI mécontents (79%).
62% des Français estiment que le gouvernement va dans la mauvaise direction, un chiffre en légère baisse en 1 mois
62% (-2 depuis le 8 janvier 2025) des Français estiment que le gouvernement de François Bayrou va dans la mauvaise direction, contre 38% (+3) dans la bonne direction. Cette légère amélioration de l’opinion en 1 mois est principalement mesurée chez les électeurs d’Ensemble et sympathisants PS.
L’action du Premier ministre et de son gouvernement clive politiquement en 2 blocs : les électeurs d’Ensemble (76%) et dans une moindre mesure de droite (55%) estiment qu’il va dans la bonne direction, les électeurs du NFP (79%), du RN (70%) et les abstentionnistes (67%) dans la mauvaise direction.
D’un point de vue socio-professionnel, le gouvernement bénéficie d’un jugement plus favorable chez les retraités (54% bonne direction) et les cadres (46%) que parmi les professions intermédiaires (33%) et les employés/ouvriers (28%).
Pour l’opinion, mieux vaut ce budget que pas de budget du tout
A propos du budget proposé par le gouvernement et adopté par 49-3, 62% des Français considèrent que c’est un mauvais budget mais c’est mieux que ne pas avoir de budget du tout, 25% que c’est un mauvais budget qui aurait dû être censuré afin qu’un nouveau gouvernement puisse en proposer un meilleur et 12% qu’il s’agit d’un bon budget qui va dans le bon sens.
Une opinion relativement homogène d’un point de vue politique, le sentiment qu’un mauvais budget est préférable à une absence de budget est majoritairement partagé par tous les électorats : électeurs de droite (72%), d’Ensemble (66%), du RN (62%), du NFP (61%) et également par les abstentionnistes (59%). Dans le détail, seuls les sympathisants LFI sont une majorité à considérer que l’adoption de ce budget par 49-3 aurait dû aboutir à une censure (54%).
La hausse de la fiscalité pour les plus fortunés, les boissons sucrées et la « taxe lapin » sont soutenues par l’opinion, celle sur les véhicules polluants et les billets d’avion divise davantage
Les baisses de dépenses publiques pour l’AME et l’aide au développement sont plutôt approuvées, celles pour les collectivités, la transition écologique et surtout l’apprentissage sont plutôt rejetées
Parmi les mesures présentes dans le Budget 2025 proposé par le gouvernement et adopté, une très large majorité de Français (8 sur 10) est favorable à :
- L’instauration d’une taxe sur les rachats d’actions pour les plus grandes entreprises dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard d‘euros – 83% favorables
- L’instauration d’une « taxe lapin » pour les patients qui n’honorent pas leurs rendez-vous chez le médecin – 79% favorables
- L’augmentation de la fiscalité pour les ménages ayant les plus hauts revenus et qui paient moins de 20% d’impôts grâce à des mécanismes d’optimisation fiscale – 79% favorables
- L’instauration d’une contribution exceptionnelle (d’une durée d’1 an) sur les bénéfices des grandes entreprises– 76% favorables
Une nette majorité (2 sur 3) est favorable à :
- La réduction du budget consacré à l’AME de 111 millions d’euros – 68% favorables
- La hausse des taxes sur les boissons sucrées (par exemple pour le Coca-Cola : de 16 à 35 centimes pour un litre) – 67% favorables
- La réduction du budget de l’Etat consacré à l’aide au développement de pays en voie de développement – 65% favorables
Une courte majorité (un peu moins de 6 sur 10) est favorable à :
- La baisse du niveau d’indemnisation des arrêts de maladie de courte durée des fonctionnaires (90% contre 100% aujourd’hui) – 56% favorables
- L’augmentation de la taxe sur les transactions financières (de 0,3% à 0,4%) – 53% favorables
Les Français sont divisés sur l’augmentation des taxes sur les billets d’avion – 51% opposés, 48% favorables
Une courte majorité (un peu moins de 6 sur 10) est opposée à :
- La réduction des dépenses des collectivités locales de 2,2 milliards d’euros – 58% opposés
- La réduction du budget de l’Etat consacré à la transition écologique – 58% opposés
- Le renforcement de l’écotaxe sur les véhicules polluants – 55% opposés
Enfin, une très large majorité de Français est opposé à la baisse des aides pour l’apprentissage – 85% opposés
Des différences peuvent être notées entre catégories de la population et électorats :
- La hausse des taxes sur les boissons sucrées est la mesure où l’on observe l’écart le plus important entre les cadres largement favorables (75%) et les employés/ouvriers (54%) plus partagés
- Les habitants des communes rurales sont opposés au renforcement de l’écotaxe sur les véhicules polluants (64%) et à la réduction des dépenses des collectivités locales (66%) tandis que les habitants de l’agglomération parisienne sont une courte majorité à y être favorables (54% et 53%)
- Les seniors sont les plus favorables à l’augmentation des taxes sur les billets d’avions (60%), les jeunes les plus opposés (63% des 18-24 ans)
- Les électeurs du NFP sont majoritairement opposés à la réduction du budget pour l’AME (56%), à l’aide au développement (56%) et à la baisse de l’indemnisation des arrêts maladie pour les fonctionnaires (62%), alors que les autres électorats (Ensemble, droite, RN) y sont largement favorables
- Le renforcement de l’écotaxe sur les véhicules polluants est rejeté par les électeurs RN (66%) mais est soutenu par une courte majorité (56%-60%) parmi les autres principaux électorats
- La majorité des électeurs du RN est favorable à la réduction du budget de l’Etat consacré à la transition écologique (64%), une mesure qui rencontre une opposition majoritaire chez les électeurs d’Ensemble (61%) et surtout du NFP (79%)
67% des Français et 73% des électeurs RN approuvent la décision du RN de ne pas censurer
67% des Français approuvent la décision du RN de ne pas voter la censure, dont 25% approuvent tout à fait et 42% approuvent plutôt. A l’inverse, 32% désapprouvent, dont 20% désapprouvent plutôt et 12% désapprouvent tout à fait.
Cette décision est largement soutenue par les électeurs RN (73%) mais aussi par les électeurs d’Ensemble (88%) et de droite (82%).
68% des Français et 81% des sympathisants PS approuvent la décision du PS de ne pas censurer
68% des Français approuvent la décision du PS de ne pas voter la censure, dont 25% approuvent tout à fait et 43% approuvent plutôt. A l’inverse, 32% désapprouvent, dont 22% désapprouvent plutôt et 10% désapprouvent tout à fait.
Une courte majorité d’électeurs du NFP approuve ce choix (56%, contre 43% désapprouvent). Mais dans le détail, on observe une polarisation très forte entre des sympathisants PS qui soutiennent massivement cette décision (81%) et des sympathisants LFI qui la désapprouvent (74%).
Cette décision est également approuvée par les autres électorats (89% Ensemble, 83% droite, 67% RN).
Pour une majorité de Français et d’électeurs du NFP, la décision du PS de ne pas voter la motion de censure déposée par LFI pourrait acter la fin du NFP
Pour 67% des Français, cette décision du Parti Socialiste de ne pas voter la motion de censure initiée par La France Insoumise acte la fin de l’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire, dont 18% qui jugent cela certain et 49% probable. Une opinion partagée par tous les électorats (84% Ensemble, 71% NFP, 70% RN, 68% droite, 57% abs), par les sympathisants LFI (78%) comme PS (70%).
A l’inverse, 32% considèrent que ce n’est pas la fin du NFP, dont 26% probablement pas et 6% certainement pas.
Une situation politique qui reste très instable aux yeux des Français
Alors que le budget vient d’être adopté et que le gouvernement de François Bayrou n’a pas été censuré, 76% des Français estiment que la situation reste instable et que le gouvernement va être censuré dans les prochains mois. A l’inverse, pour 23%, la situation est maintenant stabilisée, le gouvernement ne sera pas censuré dans les prochains mois.
Une opinion qui traverse tous les électorats : électeurs du NFP (83%), du RN (81%), d’Ensemble (70%) et de droite (70%)
Les Français s’attendent à ce que le gouvernement ne mène aucune grande réforme d’ici la prochaine Présidentielle
Jusqu’à la prochaine élection Présidentielle en 2027, 78% des Français pensent que le gouvernement de François Bayrou ne pourra mener aucune grande réforme, contre 20% qu’il pourra mener des réformes importantes.
Un pronostic partagé par tous les électorats : électeurs du NFP (86%), du RN (81%), d’Ensemble (79%) et de droite (79%).
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