Les Français, le budget et la fiscalité

Objectif 50 milliards d’économies : pour l’opinion, l’effort devrait davantage porter sur la baisse des dépenses publiques

Pour réduire le déficit public, le ministre de l’Economie, Éric Lombard, propose de faire 50 milliards d’économies, assurant que cet objectif ne s’accompagnerait pas de nouvelles hausses d’impôts, autres que celles déjà annoncées pour les entreprises et particuliers les plus fortunés. Interrogés sur la répartition de l’effort, 66% de Français jugent qu’il devrait porter davantage sur la baisse des dépenses publiques. A l’inverse, 13% déclarent que l’effort devrait porter davantage sur la hausse des impôts et taxes. 19% estiment que la répartition de l’effort est bien équilibrée.

La priorité accordée à la baisse des dépenses publiques est partagée par l’ensemble des électorats du 1er tour des Législatives 2024, bien qu’à des niveaux différents : électeurs RN (80%), droite (LR/UDI/DVD, 72%), Ensemble (72%) et NFP (48%, et 31% à une hausse des impôts et taxes).
La baisse des dépenses publiques est davantage soutenue par les 50 ans et plus (77%) que les 35-49 ans (60%) ou les moins de 35 ans (50%). Ces derniers estiment davantage que l’effort est équilibré (31% des moins de 35 ans, 17% des 35-49 ans) ou que l’effort doit porter davantage sur la hausse des impôts et taxes (16%, 20%).
A noter que les personnes qui paient l’impôt sur le revenu (69%) sont encore plus nombreux à estimer que l’effort doit davantage porter sur la baisse des dépenses publiques (60% chez les personnes que ne le paient pas).

Une majorité de Français ne croit pas en l’absence de nouvelles hausses d’impôts pour les classes moyennes

Parallèlement à la déclaration d’Éric Lombard, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a déclaré ne pas envisager « de nouveaux impôts ou hausses d’impôts qui pénaliseraient le pouvoir d’achat de la classe moyenne ». Pour 61% des Français, cette annonce n’est pas crédible, dont pas vraiment crédible pour 46% et pas du tout crédible pour 15%. A l’inverse, plus d’un tiers des Français (37%) juge cette annonce crédible, dont 30% plutôt crédible et 7% tout à fait crédible.

La plupart des principaux électorats estiment que cette annonce n’est pas crédible (NFP 67%, RN 67%) y compris les électeurs d’Ensemble (55%). Seuls les électeurs de droite sont une majorité à la juger crédible (56%).
Le manque de crédibilité est majoritaire au sein de toutes les catégories socioprofessionnelles, en premier lieu chez les professions intermédiaires (67%), mais aussi chez les cadres (63%), les retraités (60%) et les employés/ouvriers (59%). On observe aucune différence significative selon le fait d’être assujetti (61%) ou non (59%) à l’impôt sur le revenu.

 

L’impôt minimal pour les plus fortunés et la surtaxe pour les grandes entreprises sont jugées efficaces pour réduire la dette, l’augmentation des taxes sur les billets d’avion pas efficace, la hausse de la «flat tax » divise

Invités à évaluer l’efficacité de 4 mesures évoquées par le gouvernement et qui figuraient dans le projet initial de Michel Barnier, plus de 7 Français sur 10 considèrent que l’instauration d’un impôt minimal de 20% pour les plus fortunés (75%) et l’instauration d’une taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises (71%) sont efficaces pour réduire la dette publique. A l’inverse, 61% estiment que l’augmentation des taxes sur les billets d’avion n’est pas efficace. La proposition d’augmenter la «flat tax» divise : 50% la jugent efficace, 49% pas efficace.

L’impôt minimal de 20% pour les plus fortunés et la taxe exceptionnelle sur les grandes entreprises sont des mesures jugées efficaces par l’ensemble des électorats (entre 7 et 9 électeurs sur 10). La «flat tax» et la hausse des taxes sur les billets d’avion clivent davantage :
▪ Si la «flat tax» est jugée efficace par plus de 6 électeurs sur 10 du NFP (65%) et d’Ensemble (62%), les électeurs du RN (45% efficace, 55% pas efficace) et de droite (55%, 45%) sont plus partagés
▪ Seuls les électeurs de droite (58%) estiment majoritairement que l’augmentation des taxes sur les billets d’avion serait efficace pour réduire la dette publique. Les électeurs du RN (65% pas efficace) et d’Ensemble (58%) n’en sont pas convaincus. L’opinion est plus partagée parmi les électeurs du NFP (48% efficace, 52% pas efficace).
A noter que les jeunes âgés de 18-24 ans (49%) sont un peu plus convaincus que leurs ainés (34%-40%) de l’efficacité de l’augmentation des taxes sur les billets d’avion.

 

Pour faire adopter le budget, une majorité de Français estime que les oppositions doivent faire des compromis afin d’éviter une instabilité politique et financière

Dans les négociations en cours pour constituer un budget pour l’année 2025, 66% des Français estiment que les oppositions doivent faire des compromis et ne pas voter la censure, et ce même s’ils ne sont pas d’accord avec l’ensemble du budget proposé par le gouvernement. A l’inverse, 32% considèrent que les oppositions qui sont en désaccord avec le budget doivent voter la censure, même si cela peut provoquer une instabilité politique et potentiellement une crise financière.

 

Les électeurs d’Ensemble (94%) et de droite (91%) sont massivement convaincus par l’importance de trouver des compromis. Dans une moindre mesure, cette opinion est également majoritaire au sein des électeurs RN (65%) et des abstentionnistes (64%). Les électeurs NFP sont plus partagés : 50% considèrent que les oppositions en désaccord avec le budget proposé par le gouvernement doivent voter la censure, contre 48% qu’ils doivent trouver des compromis.

 

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