Budget du gouvernement : pour les Français, l’effort devrait davantage porter sur la baisse des dépenses publiques
Dans son projet de budget pour 2026, le gouvernement prévoit de répartir l’effort de la manière suivante pour réduire le déficit public : deux tiers de l’effort sur la baisse des dépenses publiques et un tiers de l’effort sur une hausse des impôts et taxes. 72% des Français estiment que l’effort devrait porter davantage sur la baisse des dépenses publiques, contre 10% sur la hausse des impôts et taxes et 17% qui estiment que la répartition de l’effort est bien équilibrée.
Une opinion partagée par tous les électorats, même si l’on peut noter que les électeurs du NFP se montrent un peu plus partagés (51% baisse des dépenses publiques, 23% hausse des impôts, 24% effort bien équilibré).
A titre de comparaison, cette position est plus prégnante dans l’opinion que lors du budget proposé par François Bayrou (66% le 9 janvier).
Principales mesures du budget : la lutte contre la fraude, la baisse des dépenses des ministères et les hausses d’impôt pour les ménages aisés et grandes entreprises sont largement approuvées par l’opinion, celles visant l’ensemble de la population et les retraités sont rejetées
La suspension de la réforme des retraites obtient un soutien majoritaire, mais sans adhésion massive (57%)
Parmi les principales mesures présentes dans le projet de budget du gouvernement, une large majorité de Français est favorable aux mesures suivantes :
- 92% Lutte contre la fraude sociale et la fraude fiscale
- 81% Prolongation de l’impôt minimal de 20% pour les plus fortunés (revenu supérieur à 250 000€ par an pour une personne seule, 500 000€ pour un couple
- 75% Baisse du budget des ministères, à l’exception de celui des armées qui bénéficie d’une augmentation de 6,7 milliards d’euros, de l’intérieur (600 millions) et de la justice (200 millions)
- 74% Instauration d’une taxe sur les produits de vapotage, afin d’aligner progressivement leur fiscalité sur celle du tabac (30 à 50 centimes par flacon de 10 millilitres selon le taux de nicotine contenu)
- 74% Prolongation pour un an de la contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises (400 plus grandes entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires d’au moins 1 milliard d’euros en France), mais à un niveau divisé par 2
- 74% Création d’une taxe sur les holdings patrimoniales, c’est-à-dire sur les sociétés créées par des ménages pour détenir et gérer leur patrimoine financier, 4000 ménages seraient concernés
- 72% Recentrage des aides de l’État aux entreprises (notamment via une réduction d’exonérations de cotisations sociales)
Ces mesures sont majoritairement approuvées dans tous les camps politiques, à l’exception notable des sympathisants LFI qui sont partagés sur la baisse de budget des ministères hors régaliens (49% favorables).
Une majorité plus courte est favorable aux mesures suivantes :
- 57% Suspension de la réforme des retraites jusqu’à janvier 2028
- 57% Instauration d’une taxe de 2€ sur les petits colis livrés par des entreprises établies hors de l’UE, notamment de Chine
- 54% Suppression de 23 niches fiscales (exemples : exemption d’impôt sur les indemnités journalières pour affection longue durée ou réduction d’impôt pour frais de scolarité)
- 51% Gel de prestations sociales en 2026 comme les allocations familiales, aides au logement, etc. (pas de revalorisation tenant compte de l’inflation, même montant qu’en 2025
Ces mesures clivent d’un point de vue politique. La suspension de la réforme des retraites est massivement approuvée par les sympathisants LFI et Ecologistes, elle est approuvée par une majorité plus limitée de sympathisants PS (60%) et RN (59%) et par une minorité de sympathisants du centre (47%) et de LR (44%). Le gel des prestations sociales est rejeté par les sympathisants de gauche (seuls 37% y sont favorables) mais est approuvé par les sympathisants du centre, de droite et RN.
A contrario, seule une minorité de Français est favorable :
- 42% Remplacement de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite par un abattement forfaitaire fixe de 2 000 € pour tous les retraités (en dessous de 20 000 € / an pour une personne seule : effet neutre ou léger gain ; au-delà, hausse d’impôt progressive)
- 40% Gel du barème de l’impôt sur le revenu (les tranches du barème ne sont pas revalorisées avec l’inflation, ce qui entraîne que certains ménages deviennent imposables ou paient davantage d’impôt)
- 29% Gel des pensions de retraite en 2026 (pas de revalorisation tenant compte de l’inflation, même montant qu’en 2025) et sous-indexation à partir de 2027)
- 21% Doublement de la franchise médicale (ferait passer le reste à charge maximum des patients de 50 à 100 € par an) et élargissement de l’application aux dispositifs médicaux (lunettes, pansements…) et soins dentaires
Le gel du barème de l’impôt sur le revenu clive politiquement (les sympathisants RN et LFI y sont majoritairement opposés, les sympathisants du centre, du PS et LR sont partagés), le doublement de la franchise médicale est rejeté dans tous les électorats.
Les mesures sur les pensions de retraite (remplacement de l‘abattement et surtout le gel des pensions) révèlent un clivage générationnel : elles sont massivement rejetées par les retraités (69% et 84%) mais sont soutenues par près d’1 jeune sur 2 (18-34 ans).
Pour 6 Français sur 10, les efforts demandés sont trop importants
Concernant ce projet de budget, 60% des Français estiment que même s’il faut réduire la dette, les efforts demandés sont trop importants. A contrario, 38% considèrent que même si les efforts demandés sont très importants et peuvent impacter notre vie quotidienne, ils sont nécessaires pour réduire la dette. Des niveaux similaires à ceux mesurés en juillet dernier pour le budget de François Bayrou.
Le sentiment que les efforts demandés sont trop importants est majoritaire dans toutes les catégories de la population, il est particulièrement exprimé par les employés/ouvriers (67%), les 25-34 ans (67%) et les femmes (66%).
D’un point de vue politique, cette position est partagée par les sympathisants RN (76%), LFI (65%) et Ecologistes (56%). Mais à l’inverse, une majorité de sympathisants du bloc central (74%), de LR (60%) et du PS (55%) estiment que ces efforts, bien que très importants, sont nécessaires pour réduire la dette.
Un budget jugé inefficace pour réduire la dette, injuste et incohérent
76% des Français estiment que ce budget n’est pas efficace pour réduire la dette, 75% qu’il n’est pas juste, que les efforts ne sont pas équitablement répartis selon les capacités de chacun et 66% qu’il n’est pas cohérent, n’a pas une logique d’ensemble.
Les sympathisants du RN (78%-81%) et de LFI (64%-74%) sont très critiques sur le budget du gouvernement sur ces trois dimensions. La perception d’un budget inefficace et injuste est partagée par les sympathisants PS (75%, 73%) et LR (65% et 63%), ils sont toutefois plus divisés sur le manque de cohérence (54% PS, 56% LR). Les sympathisants du bloc central sont quant à eux très partagés sur l’inefficacité (50% oui, 50% non) et le manque d’équité (53%, 47%) mais ils considèrent en revanche qu’il est cohérent (69%).
A noter que les retraités se montrent particulièrement critiques à l’égard de ce projet de budget : 82% inefficace, 81% inéquitable, 72% incohérent.
A titre de comparaison, les critiques sur le budget de Sébastien Lecornu sont plus importantes que celles adressées au budget de François Bayrou en juillet dernier (59% à 68%).
Un budget qui ne convainc pas, mais que les Français préfèrent à l’absence de budget
Concernant le budget proposé par le gouvernement, 48% estiment que c’est un mauvais budget mais que c’est mieux que de ne pas avoir de budget du tout, 39% que c’est un mauvais budget qui devrait être censuré afin qu’un nouveau gouvernement puisse en proposer un meilleur et 12% que c’est un bon budget qui va dans le bon sens.
D’un point de vue politique, les sympathisants du PS (67%), de LR (62%), des Ecologistes (59%) et du bloc central (58%) estiment qu’il s’agit d’un mauvais budget mais qu’il est préférable à la censure tandis que les sympathisants de LFI (66%) et du RN (60%) privilégient la censure.
Une majorité de Français attend des oppositions qu’elles privilégient la recherche de compromis à la censure
Dans les négociations en cours pour constituer un budget pour l’année 2026, 58% des Français estiment que même s’ils ne sont pas d’accord avec l’ensemble du budget proposé par le gouvernement, les oppositions doivent faire des compromis et ne pas voter la censure pour éviter une instabilité politique et financière. A l’inverse, 40% considèrent que les oppositions qui sont en désaccord avec le budget proposé par le gouvernement doivent voter la censure même si cela peut provoquer une instabilité politique et potentiellement une crise financière.
La recherche de compromis est plébiscitée par les sympathisants du bloc central (87%), de LR (72%), du PS (70%) et des Ecologistes (69%) tandis que la censure est souhaitée par les sympathisants LFI (69%) et dans une moindre mesure du RN (56%) si les oppositions sont en désaccord avec le budget.
A noter que le souhait de censure en cas de désaccord est toutefois plus élevé qu’il ne l’était pour le budget 2025 de François Bayrou (mesuré à 32% en janvier 2025).
Près d’1 Français sur 2 estime que Sébastien Lecornu sera capable de trouver des compromis et faire voter le budget
47% des Français estiment que Sébastien Lecornu sera capable de faire des compromis avec les différentes formations politiques et obtenir une majorité pour faire voter le budget, dont 41% probablement et 6% certainement. A l’inverse, 52% pensent qu’il n’y parviendra pas, dont 37% probablement pas et 15% certainement pas.
Les sympathisants du bloc central (90% oui), de LR (65%), Ecologistes (62%) et du PS (56%) sont optimistes sur la capacité du Premier ministre à faire voter le budget, les sympathisants RN (64% non) et LFI (60%) sont plus sceptiques.
Plus de 3 Français sur 4 favorables à la taxe Zucman
77% (+3 points en 1 mois) des Français se disent favorables à la mise en place de la taxe Zucman, c’est-à-dire d’une taxe de 2% du patrimoine y compris professionnel pour les foyers dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros, dont 44% très favorables et 33% plutôt favorables. A l’inverse, 22% y sont opposés, dont 12% plutôt opposés et 10% très opposés.
Une mesure largement approuvée dans tous les camps politiques, chez les sympathisants de gauche (89%), du bloc central (75%), de LR (70% favorables) et du RN (67%).
3 Français sur 4 favorables à l’organisation du référendum pour réformer les retraites
Emmanuel Macron a affirmé ce mardi que des « perspectives de référendum sont possibles » pour réformer les retraites, mais cela suppose qu’un « accord » soit d’abord « scellé » sur les contours du système. 74% des Français seraient favorables à l’organisation d’un référendum pour réformer notre système de retraite, dont 48% plutôt favorables et 26% très favorables. A l’inverse, 26% y sont opposés, dont 16% plutôt opposés et 10% très opposés.
Cette proposition recueille un large consensus dans la société, elle est majoritairement soutenue dans toutes les catégories de population et électorats.
Parmi les priorités que l’opinion adresse à l’exécutif pour les prochains mois : la dette publique arrive en 3ᵉ position et les retraites en 6ᵉ, loin derrière le pouvoir d’achat qui reste la priorité n°1 et progresse, et au même niveau que la santé et les enjeux régaliens
Pour les Français, les priorités d’action dans les prochains mois pour Emmanuel Macron et le gouvernement de Sébastien Lecornu sont le pouvoir d’achat (51%, +7 depuis le 3 septembre), la santé (35%, +8), la dette publique (32%, -2), la sécurité (29%, -3), l’immigration (26%, -2) et les retraites (22%, +7). Les autres thèmes ont été cités par moins de 20% des Français.
Le pouvoir d’achat reste la priorité n°1 et progresse fortement chez les électeurs du RN (60%, +9) et du NFP (55%, +12), devant les enjeux régaliens pour les électeurs RN, la santé et les inégalités pour les électeurs du NFP, et la dette et les retraites (5ème et 6ème position).
La dette publique est la première priorité adressée à l’exécutif par les électeurs d’Ensemble (58%, +3) et de LR (49%, +7), devant le pouvoir d’achat, la santé, la sécurité et les retraites (5ème position).
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