L’Observatoire politique – Février 2024

Le Premier ministre dispose d’un socle de confiance supérieur à celui du président de la République

25% (-2 points) des Français interrogés par Elabe pour Les Echos accordent leur confiance au président de la République pour affronter efficacement les problèmes qui se posent au pays. C’est le plus bas niveau depuis sa réélection. Ainsi, la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre ne lui offre aucun rebond dans l’opinion, contrairement à la nomination de Jean Castex qui lui avait permis de s’offrir un léger bol d’air lors de son premier mandat (+4 points). Alors que la colère des agriculteurs s’exprime dans la rue, la défiance semble même progresser : 69% (+3 points) des Français affirment n’avoir pas confiance en lui, dont 42% (+4 points) « pas du tout confiance ». Depuis le mois d’octobre, cet indicateur se maintient sur un plateau haut (entre 38 et 42%).

Politiquement, le président de la République perd des soutiens dans son électorat de 1er (73%, -6 points en un mois et -10 en trois mois), et de 2nd tour (51%, -3 points et -7 points en trois mois) ; cette mesure se rapproche de son plus bas niveau depuis mai 2022, enregistré après l’adoption de la réforme des retraites (49% en avril 2023). Auprès de l’opposition, seul l’électorat de Jean-Luc Mélenchon apparaît plus favorable qu’en janvier (16%, +8 points). Le président de la République baisse à l’inverse auprès des électeurs de Marine Le Pen (9%, -4 points) et plus fortement auprès de celui de Yannick Jadot (14%, -15 points) et de Valérie Pécresse (18%, -19 points). Il reste stable à 16% (-1 point) auprès des abstentionnistes.

Professionnellement : un tiers des cadres (33%, -2 points) et un quart des catégories populaires (24% stable) font confiance au président. Plus inquiétant, la confiance accordée par les professions intermédiaires d’une part, et par les retraites d’autre part apparaît particulièrement fragile. On enregistre ainsi la deuxième mesure la plus basse depuis mai 2017, après celle du mois dernier, auprès des professions intermédiaires (22%, +3 points). De la même façon, la confiance accordée par les retraités (27%, -3) n’est supérieure que d’un point de son plus bas niveau (26%, en décembre 2018). En termes d’âge, la confiance baisse fortement auprès des moins de 35 ans : 23% (-13 points) auprès des 18-24 ans et 20% (-9 points) auprès de 25-34 ans. Elle progresse de 5 points auprès de 35-49 ans (25%) et reste stable auprès des plus de 50 ans.

Pour sa première mesure en tant que Premier ministre, et dans un contexte de crise agricole, Gabriel Attal obtient la confiance de 32% des Français. Cette situation où Emmanuel Macron est moins populaire que son premier ministre n’est arrivée que 3 fois depuis 2017, uniquement avec Edouard Philippe (différence maximum de 8 points). A titre de comparaison, cette mesure est inférieure à la première mesure d’Edouard Philippe (36%) et de Jean Castex (36%), mais supérieure à celle d’Elisabeth Borne (27%). Tous les trois étaient à l’époque moins connus des Français que le premier ministre actuel (21-22% sans opinion vs 11% pour Gabriel Attal). Dans le même temps, 57% des Français ne lui font pas confiance dont 29% « pas du tout ». Politiquement, il obtient le même niveau de confiance qu’Emmanuel Macron auprès de son propre électorat de 1er tour (73%) et un niveau supérieur auprès de son électorat de 2nd tour (58%). Le Premier ministre obtient davantage de soutien dans les électorats d’opposition et notamment dans celui de Jean-Luc Mélenchon (20%) et de Marine Le Pen (19%). Socio-professionnellement, Gabriel Attal se distingue du président en cumulant davantage de soutien auprès des retraités (43%, 16 points au-dessus du niveau d’Emmanuel Macron).

Edouard Philippe, Marine Le Pen et Jordan Bardella sont sur le podium des personnalités politiques

Edouard Philippe reste en tête (42%, +1). Après la sortie de Gabriel Attal du classement à la suite de sa nomination à Matignon, Marine Le Pen occupe la deuxième place (34%, -2 points), juste devant Jordan Bardella (33%, stable). Les deux personnalités du RN ne semblent pas, à l’heure actuelle, profiter de la colère des agriculteurs. Un peu moins populaire, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire (29%, +1 point), prend la quatrième place, devant les deux anciens présidents. Plus loin dans le classement, et parmi les principales évolutions, Gérard Larcher (17%) et Sandrine Rousseau (10%) perdent 3 points. Rachida Dati occupe la 12ème place et cumule 23% d’image positive, soit 1 point de plus qu’en décembre. Plus loin,  Aurore Bergé en obtient 10% (52% sans opinion), Catherine Vautrin 9% (58% de sans opinion), Amélie Oudéa-Castera 9% (40% de sans opinion) et Christophe Béchu 8% (60% sans opinion). La ministre de l’Education et des Sports, en pleine polémique sur l’école publique, est la personnalité dont le rapport entre image positive (9%) et image négative (51%) est le plus faible de l’ensemble du classement. Elisabeth Borne obtient 22% d’image positive et se positionne 13ème.

Parmi les têtes de liste aux élections européennes testées : Marion Maréchal obtient 26% (-1 point), Raphaël Glucksmann 16% (stable), Manon Aubry 13% et François Xavier Bellamy 9% (-1 point).

Auprès des électeurs de gauche, François Hollande se maintient en tête du classement (51%, stable), devant Fabien Roussel (50%, +5 points) et François Ruffin (49%, +5 points). Jean-Luc Mélenchon reste stable à 42% mais marque le pas sur le trio de tête. Manon Aubry est 6ème, à 32%. Raphaël Glucksmann enregistre une forte progression (+6 points) et se classe 8ème , à 31%.

Auprès des électeurs d’Emmanuel Macron, la quasi-totalité des personnalités sont en baisse et notamment les personnalités de droite. Le haut du classement est occupé par Edouard Philippe (78%, -2 points), Bruno Le Maire (66%, -2), Elisabeth Borne (58%), Gérald Darmanin (56%, stable) et Éric Dupond-Moretti (46%, -9, après +6 le mois d’avant).  Gérard Larcher (29%, -11 points), Éric Ciotti (15%, -10 points, après +9), Marine Le Pen (10%, -14 points, après +7) et Sandrine Rousseau (8%, -11%, après +7 points) enregistrent les plus fortes baisses de ce mois. Parmi les ministres nommés, réaffectés ou en attente : Rachida Dati est à 39%, Aurore Bergé à 28%, Christophe Béchu à 21%, Catherine Vautrin à 20% et Amélie Oudéa-Castéra à 19%.

Auprès des électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, le classement reste inchangé. Marine Le Pen reste première (87%, -2 points), mais voit se rapprocher Jordan Bardella qui enregistre une forte progression (79%, +9 points) après avoir marqué le pas en janvier (-5 points). Il devance Marion Maréchal (64%, -2) et Éric Zemmour (44%, -1 point).

Auprès des abstentionnistes, des votes blancs et nuls et des non-inscrits, Edouard Philippe (31%, -2 points) est en tête. Derrière lui, Jordan Bardella, 5ème en janvier, (27%, +4) est passé devant Marine Le Pen (25%, stable).


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