L’Unédic et le cabinet Elabe présentent les résultats de la 6e édition du Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi. L’occasion d’examiner en détails le regard des Français sur les questions d’emploi et leur rapport au chômage.
DEPUIS 2020, CERTAINES REPRESENTATIONS LARGEMENT PARTAGEES PAR L’OPINION SONT PERSISTANTES
Le 6e volet du Baromètre de la perception du chômage et de l’emploi révèle que certaines représentations, très répandues dans l’opinion publique, ont peu évolué depuis le 1er volet en 2020 :
- 7 Français sur 10 sont touchés, de près ou de loin, par le chômage : 10 % des Français (âgés de 15 ans et plus) sont actuellement inscrits à France Travail, 49 % ne sont pas aujourd’hui inscrits mais l’ont été par le passé et 10 % n’ont jamais personnellement connu le chômage mais ont un proche qui est actuellement demandeur d’emploi
- Les allocations chômage sont perçues comme un droit puisqu’issues de cotisations (90 %), comme un bouclier permettant à la plupart des chômeurs de vivre dignement (88 %) et plus globalement, comme permettant de lutter contre la pauvreté (76 %)
- Les Français partagent massivement l’idée que tout le monde peut connaître une période de chômage au cours de sa carrière (95 %) et que le chômage est davantage une situation subie plutôt que choisie (75 %)
- 1 demandeur d’emploi sur 3 (33 %) déclare affronter la critique au quotidien (« on me méprise », « on me dit que je suis assisté », « on me dit que je suis paresseux ») et près de 6 sur 10 (59 %) font régulièrement l’expérience d’une forme d’inquisition (« on me questionne avec insistance sur ma recherche d’emploi », « on a tendance à ne pas me croire lorsque je dis que je cherche activement un emploi »)
DES FRANÇAIS ATTACHES A UNE ASSURANCE CHOMAGE PROTECTRICE CONTRE LES CONSEQUENCES DE LA PERTE D’EMPLOI ET LEVIER DE TRANSITION PROFESSIONNELLE
60 % des Français se disent attachés au modèle français d’Assurance chômage, une proportion en hausse de 3 points sur 12 mois, une progression principalement observée parmi les actifs en emploi (59 %, +6). Ainsi, 73 % considèrent que le fait qu’il existe des allocations chômage réduit l’inquiétude de perdre son emploi.
Bouclier face à la perte d’emploi, les allocations chômage sont également perçues comme un levier pour réaliser les transitions professionnelles :
- 91 % estiment qu’elles peuvent être une aide pour se reconvertir, changer de métier ou d’employeur, ou pour créer son entreprise
- 78 % que le chômage est un passage entre deux emplois
- 63 % une opportunité qui invite à repenser, réfléchir à son projet professionnel
Parmi les actifs (72 %) qui ont changé d’emploi au cours de leur vie professionnelle (changement d’employeur, de métier, reconversion, passage du salariat à l’indépendance), 37 % (soit 27 % des actifs) n’auraient pas pu le faire sans les allocations chômage. En outre, le fait qu’il existe des allocations chômage rend moins risqués les changements volontaires de vie professionnelle pour 3 Français sur 4 (77 %). Un point de vue partagé par les 30 % d’actifs qui ont actuellement pour projet de changer de métier (78 %).
LES FRANÇAIS « NOIRCISSENT » LA SITUATION DE L’EMPLOI ET CONNAISSENT MAL LEURS PROPRES DROITS
Les Français « noircissent » le tableau de la situation de l’emploi et ont une image déformée du profil des demandeurs d’emploi :
60 % des Français surestiment le taux de chômage, ils l’établissent en moyenne à 15,3 % (en réalité, 7,3 % au 2e trimestre 2024, dernières données en date lors de la passation du questionnaire)
87 % surestiment la part de demandeurs d’emploi qui touchent une allocation chômage (au 2e trimestre 2024, seuls 40 % des demandeurs d’emploi inscrits à France Travail sont indemnisés par l’Assurance chômage)
56 % sous-estiment la part de demandeurs d’emploi qui ont une activité professionnelle (au 2e trimestre 2024, la moitié des allocataires pris en charge par l’Assurance chômage travaillent)
Les Français ont une connaissance partielle des situations qui ouvrent les droits au chômage et même de leurs propres droits : 61 % des actifs en emploi ne savent pas avec certitude s’ils auraient le droit ou non de bénéficier des allocations chômage en cas de perte de leur emploi.
APPROXIMATIONS, IDEES FAUSSES ET IDEES REÇUES ALIMENTENT LES CRITIQUES A L’EGARD DU SYSTEME ET DE SES BENEFICIAIRES
Les critiques envers les allocations chômage sont répandues, mais ne sont pas majoritaires :
- 53 % ne sont pas d’accord avec l’idée que la durée moyenne des droits aux allocations chômage est trop longue (47 % se disent d’accord)
- 54 % ne considèrent pas les allocations chômage comme un frein au retour à l’emploi (46 % d’accord, -2 en 1 an)
- 63 % rejettent l’idée que le montant des allocations chômage est trop élevé (37 % d’accord, -2)
Les critiques envers les demandeurs d’emploi existent également. Ainsi, 61 % des Français estiment que les chômeurs ont des difficultés à trouver du travail car ils ne font pas de concession dans leur recherche d’emploi, mais plus de 6 Français sur 10 refusent de qualifier les demandeurs d’emploi de « fraudeurs » ou « d’assistés ».
L’information sur les réalités du chômage, des demandeurs d’emploi et des modalités de l’Assurance chômage produit mécaniquement un recul de la critique. Après avoir pris connaissance d’informations chiffrées sur le chômage et les demandeurs d’emploi (taux de chômage, part des demandeurs d’emploi qui ne touchent aucune allocation chômage et qui ont une activité professionnelle, durée moyenne du chômage). Exposés à un cas concret simulé à partir de la réglementation en vigueur sur le salaire de référence et le montant de l’allocation – une personne qui perdrait un emploi à temps plein qu’elle occupait depuis plus de six mois, pour un salaire mensuel net de 2000 € percevrait une indemnisation chômage d’environ 1350 € net par mois – 57 % des Français jugent ce montant juste comme il faut, 28 % l’estiment même trop faible et seuls 15 % le pensent trop élevé.
LES FRANÇAIS PROJETTENT L’IMAGE DE « CHOMEURS FRAGILISES », VOIRE « ABIMES », MAIS L’EXPERIENCE DES DEMANDEURS D’EMPLOI CONTREDIT EN GRANDE PARTIE CES PERCEPTIONS
Entre demandeurs et non-demandeurs d’emploi, un fossé sépare la perception du vécu :
- 90 % des demandeurs d’emploi se voient comme des individus persévérants (46 % des actifs en emploi et inactifs pensent qu’ils le sont), 88 % dynamiques (contre 35 %) et 82 % courageux (contre 39 %)
- En parallèle, 67 % des actifs en emploi et inactifs s’imaginent que les demandeurs d’emploi perdent des compétences (seuls 46 % des demandeurs d’emploi disent que cela correspond à la réalité de leur quotidien), 67 % qu’ils sont malchanceux (contre 45 %) et 59 % qu’ils ont tendance à s’éloigner des autres (contre 35 %)
- 71 % des actifs en emploi et inactifs s’imaginent que les demandeurs d’emploi doivent se sentir dépendants de la société (seuls 41 % le ressentent), 60 % qu’ils doivent avoir le sentiment de profiter du système (seuls 17 % ont ce sentiment) et 55 % qu’ils doivent culpabiliser au quotidien et avoir le sentiment de pouvoir en faire plus, de chercher davantage un emploi (seuls 24 % des demandeurs d’emploi ressentent cette culpabilité)
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