Les Français, Michel Barnier et le budget

Michel Barnier : après la présentation du budget, l’a priori bienveillant au lendemain de sa nomination s’est transformé en une critique plus franche de son action

61% des Français estiment que les premiers pas et décisions de Michel Barnier vont dans la mauvaise direction, soit une hausse de 13 points en 3 semaines.

La critique progresse dans tous les électorats, et notamment auprès des électeurs du NFP (81%, +12) et du RN (65%, +19). Le soutien est majoritaire mais de plus en plus fragile auprès de ceux d’Ensemble (70% « bonne direction », -6) et de LR (59%, -30).

A noter que les ménages les plus modestes sont très critiques (71% de ceux qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois), ceux dans une meilleure situation financière le sont moins (55% de ceux qui n’ont pas besoin de se restreindre).

Un crédit de courage et de compétence, mais un déficit de proximité et d’écoute

Si son image n’est pas encore pleinement structurée (environ 20% des Français ne se sont pas encore fait d’avis sur sa personnalité), Michel Barnier bénéficie d’un crédit de courage (50% « s’applique bien » vs 28% « s’applique mal ») et de compétence (45% / 32%) auprès de l’opinion publique.

Le regard est mitigé sur sa capacité à faire des compromis avec les différentes formations politiques (41% / 40%).

Il pâtît d’un déficit de proximité (« comprend les gens comme vous » 23% / 55%) et d’écoute (33% / 48%). L’opinion doute également de sa capacité à réformer le pays (31% / 47%) et à rassembler les Français (25% / 56%).

D’un point de vue politique, l’image de Michel Barnier est assez bonne auprès des électeurs du camp présidentiel (scores compris entre 78% et 43%) et des électeurs LR (entre

75% et 41%). Elle est en revanche plutôt mauvaise auprès des électeurs du NFP (entre 10% et 39%), alors que ceux du RN sont plus partagés à ce stade (entre 20% et 53%).

A date, l’utilisation du 49-3 pour adopter le budget est rejetée par 6 Français sur 10

58% jugeraient inacceptable que le budget soit adopté par 49-3 et non par un vote, même si les débats doivent être longs.

A l’inverse, si le débat dure trop, 31% trouveraient cela normal que le Premier ministre l’utilise. 9% se disent même favorables à une utilisation immédiate du 49-3, sans attendre.

L’opposition à cet outil constitutionnel est massive auprès des électeurs NFP (82%) et RN (68%). A l’inverse, une majorité d’électeurs Ensemble et LR ne s’opposeraient pas à son utilisation en cas de débat parlementaire trop long (respectivement 60% et 54%).

La crainte d’une augmentation généralisée des impôts…

A date, 66% des Français pensent que les hausses d’impôts et taxes vont toucher l’ensemble des Français, et non uniquement les ménages les plus aisés (33%).

Ce pronostic d’une hausse généralisée est majoritaire auprès de l’ensemble des catégories de population et électorats.

… et une ambition de réduction des dépenses jugée peu crédible

74% des Français ne croient pas à l’annonce du Premier ministre de 40 milliards de baisse de la dépense publique en 2025.

A nouveau, cette opinion est partagée majoritairement par l’ensemble des catégories de population et électorats. Les électeurs NFP et RN sont ceux qui y croient le moins (respectivement 85% et 81%). S’ils sont plus partagés, les électeurs Ensemble et LR, dont les partis font partie du « socle commun » du gouvernement, doutent eux aussi en majorité de l’ampleur de la baisse de la dépense publique (respectivement 60% et 64%).

L’opinion publique rejette l’augmentation de la fiscalité sur les assurances vie et la mise en place d’un nouvel impôt local. La mise en œuvre de la réforme de l’Assurance chômage et dans une moindre mesure la vente de participations de l’Etat convainquent davantage

3 Français sur 4 sont opposés au retour de la taxe d’habitation ou la création d’un impôt local auprès des ménages (75%) et à la hausse de la taxation des assurances-vie (73%).

L’opposition est majoritaire auprès de l’ensemble des électorats, y compris parmi les électeurs NFP dont les députés sont à l’origine de la proposition de hausse de la fiscalité des assurances-vie.

Une courte majorité se déclare favorable à la mise en œuvre de l’Assurance-chômage (58%), mais cette mesure clive fortement entre le NFP (65% « opposé ») et Ensemble (79% « favorable »), LR (81%) et le RN (63%).

La proposition de Gérald Darmanin et de certains députés du camp présidentiel de vendre 10% des participations de l’Etat obtient une très courte majorité de soutien (53%). Elle divise chaque électorat, et obtient un soutien un peu plus net auprès des électeurs Ensemble (65%).

Mettre à contribution les retraités ? Une opposition franche au report de la revalorisation de l’ensemble des pensions, mais plus modérée s’il épargne les petites retraites

73% des Français sont opposés au report de 6 mois de la revalorisation de l’ensemble des pensions de retraites, hypothèse initiale présentée par le gouvernement. Le rejet rassemble actifs et retraités, ainsi que tous les électorats.

L’opposition reste majoritaire mais est plus modérée si ce report ne concerne pas les petites retraites : 57% sont opposés au report d’un an pour les retraites les plus importantes uniquement et 55% au report de 6 mois en excluant les petites retraites. Cette dernière hypothèse obtient le soutien d’une majorité d’électeurs Ensemble (60%) et LR (57%), mais est rejetée par 60% des électeurs NFP et RN.



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Crédits image : Wikimédia commons / Richard Ying et Tangui Morlier