Près de 2 Français sur 3 impactés par la pénurie de carburant
Concernant la situation actuelle de pénurie de carburant, 64% des Français sont directement impactés :
- 21% déclarent qu’il leur est impossible de trouver de l’essence actuellement
- 43% ont du mal à en trouver mais y arrivent
A l’inverse, 36% ne sont pas impactés :
- 22% ne sont pas du tout gênés pour trouver de l’essence
- 14% n’utilisent pas de véhicule nécessitant de trouver de l’essence
Géographiquement, les habitants du quart nord-est du pays (80% impossibilité ou difficultés pour trouver de l’essence) et dans une moindre mesure du quart sud-est (70%) sont les plus impactés par la pénurie d’essence, nettement plus que dans le quart nord-ouest (57%) et sud-ouest (44%). Si l’Ile-de-France est la région où la voiture est la moins utilisée (32% n’ont pas de véhicule thermique), c’est aussi la région où les automobilistes sont les plus durement touchés : 31% des Franciliens déclarent qu’il leur est impossible de trouver de l’essence, soit 1 automobiliste sur 2.
D’un point de vue socio-professionnel, les actifs (69%) et en particulier les professions intermédiaires (71%) et les catégories populaires (70%) sont les plus touchés par la pénurie (contre 59% des cadres et 55% des retraités).
La mobilisation d’une partie des salariés de Total et ExxonMobil est moyennement soutenue
42% des Français approuvent la mobilisation d’une partie des salariés des groupes pétroliers Total et ExxonMobil, dont 24% qui en ont de la sympathie et 18% qui la soutiennent. A l’inverse, 40% désapprouvent, dont 22% qui y sont opposés et 18% hostiles. 18% des Français déclarent y être indifférents.
Cette mobilisation est faiblement soutenue en comparaison d’autres mobilisations catégorielles mesurées ces dernières années : les personnels des urgences hospitalières (88% approbation, 06.11.19), les policiers (78%, 06.11.19), le début du mouvement des « gilets jaunes » (73%, 14.11.2018) et les syndicats de salariés SNCF (34%, 14.03.2018).
A l’égard de cette mobilisation, 3 blocs politiques émergent : les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (57%) et dans une moindre mesure les abstentionnistes (47%) l’approuvent en majorité, les électeurs d’Emmanuel Macron la désapprouvent (62%), ceux de Marine Le Pen sont plus partagés (46% approbation, 40% désapprobation).
Les Français qui ne parviennent pas à trouver de l’essence sont particulièrement opposés à la mobilisation (48%, contre 39% approbation) tandis que ceux qui ont des difficultés mais qui parviennent à en trouver (44% approbation, 40% désapprobation) et ceux qui ne sont pas gênés par la situation (41% approbation, 40% désapprobation) sont partagés. Enfin, les Français qui n’utilisent pas de véhicule thermique approuvent plutôt la mobilisation (46%, contre 25% désapprobation et 28% indifférence).
En termes d’âge, les 25-49 ans éprouvent plutôt de la sympathie ou du soutien pour la mobilisation (50% approbation, 29% désapprobation), les 50-64 ans sont partagés (41% approbation, 43% désapprobation), les 65 ans et plus y sont opposés voire hostiles (33% approbation, 55% désapprobation). Les 18-24 ans ont plutôt un regard positif sur la mobilisation (43% approbation) même si une part importante d’entre eux y est indifférente (29%).
L’opinion publique divisée sur la réquisition des salariés en grève pour rétablir l’approvisionnement des stations essence
Face à la situation actuelle de pénuries dans un certain nombre de stations essence, 51% des Français estiment que le gouvernement doit réquisitionner les salariés en grève pour assurer l’approvisionnement des stations essence. A l’inverse, 48% considère qu’il ne doit pas réquisitionner les salariés en grève, et qu’il faut respecter le droit de grève.
Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont opposés à la réquisition (70%), ceux d’Emmanuel Macron y sont favorables (77%). Les électeurs de Marine Le Pen sont plus partagés (53% opposés, 47% favorables).
Une courte majorité des Français impactés par la pénurie actuelle est favorable à la réquisition (55%). Mais à l’inverse, la majorité des Français qui ne sont pas gênés ou qui n’utilisent pas de véhicule thermique y est opposée (54%). Au final, le jugement sur la réquisition est davantage déterminé par le positionnement politique des individus que par leur expérience de la pénurie.
Pour autant, la situation des salariés du secteur pétrolier jugée pas satisfaisante par plus de 6 Français sur 10
Dans le conflit actuel qui oppose les salariés des groupes pétroliers et leur direction sur la question des salaires, 62% des Français estiment que la situation des salariés du secteur pétrolier n’est pas satisfaisante, il faut que les directions des groupes pétroliers partagent davantage les profits avec leurs salariés. 36% sont d’un avis contraire et considèrent que leur situation est satisfaisante, il n’est pas nécessaire que leurs directions partagent davantage les profits que ce qui était prévu.
La situation des salariés est majoritairement jugée pas satisfaisante par une majorité au sein de toutes les catégories de population et électorats, une opinion particulièrement exprimée par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (78%). Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron se distinguent et se montrent plus partagés (52% satisfaisante, 47% pas satisfaisante).
Entre salariés en grève et direction, des Français très partagés sur la responsabilité du conflit social au sein des groupes pétroliers
Pour 40% des Français, les salariés en grève sont les responsables du conflit social en cours au sein des groupes pétroliers. A l’inverse, pour 37%, la direction est responsable. 23% des Français n’expriment pas d’opinion sur cette question.
Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon placent la responsabilité du conflit social sur la direction (59%, et 21% salariés en grève), ceux d’Emmanuel Macron sur les salariés en grève (67%, et 16% direction). Les électeurs de Marine Le Pen (42% salarié en grève, 41% direction) et les abstentionnistes (31% et 37%) sont partagés.
Pour les Français, la pénurie est avant tout causée par le comportement de certains automobilistes, devant les salariés en grève, la direction des groupes pétroliers et le gouvernement
Pour les Français, la responsabilité de la situation actuelle de pénuries dans un certain nombre de stations essence incombe à la panique et au comportement de certains automobilistes (58%) devant les salariés en grève (41%), la direction des groupes pétroliers (34%) et le manque d’anticipation et d’organisation du gouvernement (32%)*.
Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon estiment que la direction est responsable (49%) devant le gouvernement (41%). Pour les électeurs d’Emmanuel Macron, les responsables sont certains automobilistes (63%) et les salariés en grève (61%). Les électeurs de Marine Le Pen sont beaucoup plus partagés (49% certains automobilistes, 41% gouvernement, 36% salariés en grève, 30% direction).
(*) Total supérieur à 100%, plusieurs réponses possibles
Pénuries d’essence : l’exécutif jugé pas à la hauteur de la situation par 8 Français sur 10
79% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron et le gouvernement n’ont pas été à la hauteur de la situation concernant les pénuries d’essence, dont 45% pas vraiment et 34% pas du tout. A l’inverse, l’exécutif a été à la hauteur aux yeux de 20% des Français, dont 17% plutôt et 3% tout à fait.
A l’exception des électeurs d’Emmanuel Macron qui estiment majoritairement que l’exécutif est à la hauteur (56%), la critique envers l’exécutif est largement partagée au sein de toutes les catégories de population et des autres électorats.
La taxation des « super-profits » est largement soutenue par l’opinion
A propos des bénéfices exceptionnels réalisés par un certain nombre d’entreprises notamment à l’occasion de la hausse des prix :
- 62% des Français sont favorables à la mise en place d’une contribution exceptionnelle (20% à 33%) de l’ensemble des entreprises dont les bénéfices sont significativement supérieurs aux années précédentes (25% de plus)
- 22% favorables à la mise en place d’une contribution exceptionnelle (33%) uniquement des entreprises du pétrole, charbon, raffinage et gaz dont les bénéfices sont significativement supérieurs aux années précédentes (20% de plus)
A l’inverse, 15% sont opposés à la mise en place d’une contribution exceptionnelle
La taxation des « super-profits » est plébiscitée au sein de toutes les catégorie de population et électorats.
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