La phase de dé-confinement inquiète de plus en plus les Français.
Après six semaines de confinement, l’inquiétude face à l’épidémie reste très élevée : 82% (-1 point) des Français se disent très (25%, -1 point) ou plutôt (57%, stable) inquiets de la propagation du virus en France. A l’inverse, 18% (+1) se disent pas vraiment (16%) ou pas du tout inquiets (2%).
Bien que largement majoritaire dans toutes les catégories socio-professionnelles, l’inquiétude s’exprime plus fortement chez les femmes (87%, +2 vs 77%, -3 chez les hommes), chez les plus de 35 ans (entre 83 et 88%) et au sein des catégories populaires (85%, +7). L’inquiétude n’est pas clivée politiquement : plus de 8 Français sur 10 se disent inquiets quel que soit leur vote au 1er tour de l’élection présidentielle.
La perspective du déconfinement inquiète les deux tiers des Français. Plus précisément, 66% des Français sont disent actuellement inquiets concernant le début du déconfinement le 11 mai, dont 14% très inquiets. A l’inverse, 34% sont actuellement confiants, mais seuls 3% se disent très confiants.
Ce sentiment d’inquiétude est également majoritaire quelle que soit la catégorie socio-professionnelle des répondants, et s’expriment plus clairement chez les femmes (72%), chez les personnes entre 35 et 49 ans (72%), chez les catégories populaires (70% vs 65% pour les catégories supérieures), et au sein des foyer subissant une situation financière tendue (74%). Seuls les hommes (59% inquiets) et les moins de 25 ans (56%), affichent un niveau d’inquiétude moindre. Notons également, dans un autre registre, que les Français habitant dans moins de 50m2 sont moins nombreux à s’inquiéter de l’après et affichent un niveau de confiance renforcé (47% confiance). Politiquement, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron du 1er tour sont partagés (49% confiants et 50% inquiets), alors qu’environ 7 Français sur 10 s’en inquiètent au sein des autres électorats.
La critique sur la gestion des masques et des tests par l’exécutif s’étend à la préparation du déconfinement
Une large majorité de Français considèrent toujours l’approvisionnement en masques (83%, stable) ou en test (81%, +3) mal géré par le Gouvernement. Déjà très élevée, cette proportion a peu évolué en une semaine.
En revanche, alors que les Français étaient, la semaine dernière, partagés sur l’évaluation de la préparation du déconfinement, ils sont aujourd’hui une majorité à la considérer négativement (63%, +11 points).
Cette évaluation négative est en plus forte hausse auprès des femmes (65%, +12), des plus de 65 ans (58%, +14), des catégories supérieures (62%, +13). Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron sont toujours une majorité à évaluer positivement la gestion par le gouvernement de la sortie du confinement (34% mal géré, +11).
Les Français envisagent massivement d’utiliser les masques dans leur vie quotidienne
Plus de 7 Français sur 10 envisagent d’utiliser un masque quelle que soit la situation envisagée. Cette proportion monte à 9 sur 10 concernant les transports en commun ou la visite à des personnes vulnérables.
Dans le détail, 92% des Français envisagent de porter un masque en rendant visite à des personnes vulnérables (dont 71% certainement), 90% en utilisant les transport en commun (dont 71% certainement) et 85% en faisant leur course (dont 57% certainement). Cette proportion est légèrement plus faible concernant le lieux de travail (80% de ceux qui travaillent, dont 47% certainement), la visite à des proches (76% dont 43% certainement), pour les enfants à l’école (75% des parents, dont 49% certainement) ou les déplacements dans la rue (73%, dont 41% certainement).
Certaines catégories de populations parmi lesquelles les femmes, les plus âgés sont plus enclines à le porter quelle que soit la situation.
Concernant le port du masque à l’école, de légères différences apparaissent selon l’âge de l’enfant ; à cause de considérations pratiques, ce sont finalement les parents envoyant leur enfant à la crèche ou à l’école maternelle (73%) qui apparaissent les moins enclins à faire porter un masque à leur enfant (78% pour la primaire ou le secondaire).
L’utilisation de l’application mobile divise toujours les Français.
Soumis à une présentation de « l’application de suivi », 49% (-2) des Français affirment cette semaine vouloir l’utiliser si elle était proposée par le Gouvernement, dont 13% (-1) certainement. A l’inverse, 44% (+2) affirment leur volonté de ne pas l’utiliser, tandis que 7% (stable) n’ont pas le téléphone adapté.
Le taux d’utilisation potentiel est lié à l’âge et la diffusion des Smartphone dans la population. Ainsi, 100% des 18-24 ans sont équipés d’un Smartphone et 56% d’entre eux souhaitent utiliser l’application. Le taux d’équipement descend à 97% pour les 25-34 ans (54% oui), à 94% pour les 35-49 ans (49% oui), à 92% auprès des 50-64 ans (43% oui) et à 88% au sein de plus de 65 ans (47% oui). Notons que ces derniers, alors qu’ils étaient les plus motivés à vouloir expérimentés l’application la semaine dernière, sont aujourd’hui plus circonspects (-9 points).
Professionnellement, le potentiel d’utilisation reste très fort chez les cadres (60%, -3), population la plus motivée à l’utiliser : 50% des professions intermédiaires et 47% des catégories populaires l’envisagent. Politiquement, de fortes différences apparaissent également : les électeurs d’Emmanuel Macron (66% oui), et dans une moindre mesure, les électeurs de François Fillon (58% oui, 35% non), et de Benoît Hamon (52% oui 38% non) y sont favorables. A l’inverse, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (51% non et 41% oui) ou de Marine Le Pen (55% non et 36% oui) affichent leur opposition.
La confiance dans l’exécutif connait une légère baisse
La confiance accordée à l’exécutif pour gérer la crise s’établit cette semaine à 42%, en baisse de trois points sur une semaine. Elle retrouve ainsi quasiment son plus bas niveau enregistré le 21 mars (41%). Dans le détail, 35% font plutôt et 7% tout à fait confiance à Emmanuel Macron et Edouard Philippe pour lutter efficacement contre l’épidémie de Coronavirus. A l’inverse, 57% des Français ne leur font pas vraiment (32%) ou pas du tout (25%) confiance.
En termes d’âge, la confiance est en baisse auprès des plus de 35 ans (entre -4 et -7 points), tandis qu’elle quasi stable auprès des moins de 35 ans (+1). Professionnellement, elle est en baisse auprès des catégories supérieures (45%,-5 points). Bien que légèrement moins marquée cette semaine, les divergences d’opinion entre les personnes à l’aise financièrement (47% confiant, -7) et ceux ayant des difficultés financières (31%, -1) sont toujours très fortes. Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron font toujours confiance à l’exécutif (77%, -2). Les électeurs de François Fillon (50% confiance, -5 points) et de Benoît Hamon (46%, +1) sont toujours partagés, tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (28%, -2 points) et de Marine Le Pen (22%, -6) ont un jugement très critique.
Pour près de 3 Français sur 4, l’Allemagne gère mieux la crise que la France.
Invités à évaluer quel pays gère mieux ou non la crise du Coronavirus que la France, les Français citent très majoritairement l’Allemagne (73%). Le sentiment d’une crise mieux gérée en Allemagne s’exprime plus fortement chez les plus de 65 ans (80%).
Le jugement sur la Chine est plus ambivalent : 31% des Français ont le sentiment que le premier pays touché par le virus a mieux géré l’épidémie, tandis que 52% d’entre eux estiment qu’il a fait ni mieux, ni moins bien et 17% moins bien. A l’inverse de l’Allemagne, ce sont les moins de 25 ans qui sont le plus nombreux à envisager la gestion de crise meilleure en Chine (40%). Politiquement, ce sont les électeurs d’Emmanuel Macron qui mettent le plus en doute le modèle chinois (26% moins bien géré).
Concernant les autres pays européens, deux tiers des Français considèrent que l’Italie ou l’Espagne n’a fait ni mieux ni moins bien. Le jugement est légèrement plus critique sur la gestion anglaise : 51% considèrent que le Royaume Uni a fait ni mieux ni moins bien, mais 40% ont le sentiment que la gestion de Boris Johnson a été moins bonne qu’en France.
Enfin, deux tiers des Français considèrent que les USA ont moins bien géré la crise que la France, 29% ni mieux, ni moins bien.
Le moral des Français s’améliore légèrement
Envisageant sans doute un horizon de sortie de crise, les Français vont un peu mieux. Invités à évaluer leur moral sur une échelle allant de 0 à 10 (0=très mauvais ; 10=très bon), les Français accordent en moyenne une note de 6.4/10, supérieur de 0.3 point à la semaine précédente et en augmentation de 0.7 point sur trois semaines. C’est la plus haute mesure enregistrée depuis le début du confinement (6.3/10, le 7 avril 2020).
Plus en détail, 5% (-2) des Français évaluent leur moral comme très mauvais (note 0 à 2), 10% (-4) comme plutôt mauvais (note 3 à 4), 15% (-2) comme moyen (note 5), 39% (+4) comme plutôt bon (note 6 à 7) et 31% (+4) comme très bon (note 8 à 10).
Le moral s’améliore notamment auprès des femmes (6.5/10, +0.6 point, et +1.1 point en trois semaines), chez les moins de 35 ans (entre 6.3/10 et 6.6/10, +0.4) et chez les catégories populaires (6.5/10, +0.5 point et +0.9 point en trois semaines). Les différences d’appréciation entre personnes ayant une situation financière aisée (6.7/10, +0.3 point) et ceux subissant une situation financière tendue (5.9/10, +0.3 point) continuent d’être fortes. Le moral est également moins bon auprès de ceux n’ayant aucun espace extérieur dans leur lieu de confinement (6.0/10 vs 6.5/10), ceux habitant en appartement (6.2/10 contre 6.5/10 en maison) ou dans un espace inférieur à 50m2 (6.1/10 contre 6.4/10 au-dessus de 50m2).
Téléchargez le rapport d’études ici : Les Français face au coronavirus (vague 10)– Sondage ELABE « L’Opinion en direct » pour BFMTV