Le Conseil Objectivé

Un pacte fiscal jugé de plus en plus déséquilibré : 6 Français sur 10 ont le sentiment d’être des contributeurs nets (davantage contribuer qu’en bénéficier)

58% des Français ont le sentiment de contribuer plus au système que ce qu’ils en bénéficient. Après avoir reculé pendant la crise Covid et s’être ensuite stabilisé, ce chiffre repart à la hausse (+4 points en un an). 25% jugent qu’ils y contribuent autant qu’ils en bénéficient (stable), et 8% qu’ils en bénéficient davantage (+1). 9% ne se prononcent pas (-5).

A noter que selon l’Insee, 57% des Français bénéficient des mécanismes de redistribution plus qu’ils n’y contribuent.

Même si une majorité au sein de chaque électorat partage cette opinion, le sentiment d’être « perdant » est nettement plus élevé auprès des électeurs RN (74%), et auprès de ceux qui payent des impôts sur le revenu (69% vs 44% pour ceux qui n’en payent pas).

La critique sur l’utilisation de l’argent public est à son plus haut niveau, le sentiment d’une redistribution en panne fait consensus, le consentement à l’impôt se fragilise

81% des Français estiment que le montant des impôts et taxes n’est pas bien utilisé par les pouvoirs publics (+1 en un an et à son plus haut niveau), un constat partagé par tous les électorats et en hausse auprès des électeurs Ensemble et RN.

Plus de 3 Français sur 4 pensent que les pouvoirs publics ne luttent pas assez contre la fraude sociale (77%) et la fraude fiscale (77%), à nouveau partagé par tous les électorats.

73% des Français jugent que le système fiscal actuel ne permet pas la redistribution des richesses entre les différentes catégories de la population, une opinion majoritaire parmi tous les électorats.

55% des Français jugent que le paiement des impôts et taxes est justifié car il finance les services publics, un chiffre en recul de 3 points en un an et de 6 points en un an et demi. Il reste très majoritaire auprès des électeurs NFP (79%) et Ensemble (78%) mais est fragile auprès de ceux de LR (59%, -11) et minoritaire auprès de ceux du RN (42%, -4).

Dans le même temps, 49% estiment que l’ensemble des ménages devrait payer l’impôt sur le revenu, en progression de 5 points et le plus haut niveau depuis que cet item est mesuré.

Quelles priorités pour réduire la dette ? Avant tout, réduire le train de vie de l’Etat ; suivent la lutte contre la fraude fiscale et sociale et la réduction des dépenses publiques (notamment liées à l’immigration). Alors qu’elle est au cœur du débat public, la mise à contribution des plus aisés et des grandes entreprises n’arrive qu’au second plan.

La première piste évoquée par les Français (57% de citations), largement devant les autres, est la diminution du train de vie de l’Etat (dépenses de fonctionnement, nombre de comités/conseils/autorités, doublons de compétences, etc.).

Derrière, suivent :

la lutte contre la fraude fiscale (34%; notamment auprès des électeurs NFP 47% en 1ère position)

La réduction des dépenses liées à l’immigration (en réservant les aides sociales aux Français et étrangers ayant cotisé depuis au moins 5 ans) (34%, notamment auprès des électeurs RN 61%  mais aussi 36% de ceux de LR et 29% de ceux d’Ensemble)

La lutte contre la fraude sociale (28%)

La réduction globale des dépenses publiques (26%)

Alors qu’elles sont au cœur du débat public, la hausse des impôts des particuliers les plus aisés (19%) et des entreprises ayant fait le plus de profits (18%) n’arrivent qu’en 6ème et 7ème positions. Les électeurs NFP sont plus nombreux à en faire une priorité (respectivement 37% et 36%, en 3ème et 4ème positions).

Elles sont au même niveau que la lutte contre l’optimisation fiscale (16%) et la baisse des aides aux entreprises, en évaluant leur impact réel et leur utilisation (15%).

Les autres pistes sont citées par 15% des Français ou moins.

Qui ne paye pas assez d’impôts ? Selon les Français, les milliardaires, et dans une moindre mesure les grandes entreprises et les plus aisés. Classes moyennes, petites entreprises et retraités sont jugés trop exposés à la pression fiscale.

79% des Français estiment que les milliardaires français ne payent pas assez d’impôts, taxes et cotisations, une opinion partagée au sein de tous les électorats.

Concernant les grandes entreprises, 59% partagent le même avis (76% chez les électeurs NFP, 61% chez Ensemble, 50% chez LR et 51% au RN), et ce chiffre atteint 50% pour les foyers les plus aisés hors milliardaires (64% au NFP, 52% chez Ensemble, 40% chez LR et 42% au RN).

De l’autre côté du spectre, 63% des Français estiment que les classes moyennes en payent trop (74% parmi les électeurs RN), tout comme les petites entreprises (62%). 54% partagent le même jugement à l’égard des retraités, mais l’opinion est très clivée à ce sujet : 66% des électeurs RN pensent qu’ils en payent trop, contre seulement 34% de ceux d’Ensemble et 41% de ceux du NFP ; et 32% des cadres et 34% de ceux qui se définissent comme de la classe moyenne supérieure contre 59% des retraités.

Pour les foyers les plus modestes, 43% des Français estiment qu’ils payent trop d’impôts, taxes et cotisations (environ deux sur trois parmi les personnes se positionnant dans les tranches de revenus les plus faibles), alors 40% pensent qu’ils en payent juste le montant qu’il faut.

Taxe Zucman : 3 Français sur 4 favorables

74% des Français sont favorables à la taxe Zucman, c’est-à-dire, pour les foyers dont le patrimoine dépasse 100 millions d’euros (1 800 foyers en France), une taxe de 2% de la valeur de leur patrimoine, y compris les biens professionnels comme les actions d’entreprise.

Tous les électorats approuvent en majorité cette mesure, à l’exception des électeurs LR très partagés (50% / 50%). 63% de ceux du RN y sont favorables, 74% de ceux d’Ensemble et 96% de ceux du NFP.

Cependant, si celle-ci est adoptée, un Français sur deux projettent un départ des plus aisés ; seuls 1/3 craignent un impact sur l’économie et l’emploi

46% des Français pensent que la mise en place de la taxe Zucman ferait partir de France les foyers les plus aisés, une opinion notamment partagée par 68% des électeurs LR et 58% de ceux du RN.

L’argument de l’impact sur l’économie et l’emploi ne convainc qu’une minorité : « seuls » 35% estiment que cela réduirait l’attractivité économique de la France, et 28% que cela aurait un impact négatif sur l’emploi en France.

Environ 6 électeurs LR sur 10 partagent ces opinions, c’est le cas de 4 à 5 électeurs sur 10 du RN, 4 électeurs sur 10 d’Ensemble, et seulement 1 électeur sur 10 du NFP.

Politique fiscale depuis 2017 : l’opinion publique estime qu’Emmanuel Macron a trop aidé les grandes entreprises et les plus aisés

Alors qu’un rapport parlementaire a récemment été publié sur les aides publiques aux entreprises, 69% des Français estiment que, depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron en a trop accordé aux grandes entreprises, une opinion majoritairement partagée dans tous les électorats.

60% jugent qu’il a également trop baissé les impôts des foyers les plus aisés et 57% qu’il a trop allégé les impôts et cotisations des grandes entreprises. Sur ces deux sujets, les électeurs du NFP sont plus de 3 sur 4 à en entre convaincus, contre « seulement » environ 1 électeur sur 2 d’Ensemble, de LR et du RN.

__________

Télécharger le rapport : Les Français et les impôts

Crédits image : Crédits image : Fred Romero / Flickr