Les Français, la dette et les « boomers »

Endettement de la France : l’opinion juge que la responsabilité repose avant tout sur les gouvernements successifs

L’opinion estime que les principaux responsables de la situation d’endettement de la France sont, de loin, les gouvernements successifs depuis plusieurs décennies (66%, dont 36% en 1er), dont les gouvernements d’Emmanuel Macron (48%, dont 23% en 1er).

Si la responsabilité de l’endettement du pays incombe avant tout à l’exécutif, d’autres acteurs sont également mis en cause :

• Les riches et les grandes entreprises qui n’ont pas assez contribué, pas assez payé d’impôt (42%, dont 11% en 1er)
• Les fraudeurs (fiscaux ou sociaux) qui privent l’État de ressources (39%, dont 9% en 1er)

Plus loin dans le classement :

• Les banques et les marchés financiers (24%, dont 4% en 1er)
• Les entreprises qui bénéficient de nombreuses aides et exonérations (22%, dont 4% en 1er)

Les Français dans l’ensemble (14%), les jeunes générations qui refusent de faire des efforts (9%) et les « boomers » qui ont davantage bénéficié du système qu’ils n’y ont contribué (7%) sont jugés nettement moins responsables que les acteurs listés précédemment.

Dans le détail, les retraités reprochent davantage aux jeunes générations (13%) et inversement, les 18-24 ans citent les « boomers » (20%).

Politiquement :

• Les électeurs du NFP citent prioritairement les riches et les grandes entreprises (69%), devant les gouvernements successifs depuis plusieurs décennies (53%), les gouvernements d’Emmanuel Macron (49%) et les entreprises qui bénéficient de nombreuses aides et exonérations (40%).
• Les électeurs d’Ensemble, LR et RN désignent d’abord les gouvernements successifs (67-81%) comme principaux responsables. Mais les accusations divergent ensuite : les électeurs RN et LR pointent, en seconde place, les gouvernements d’Emmanuel Macron (71%, 41%), tandis que ceux d’Ensemble mettent en cause les fraudeurs (46%) et les Français eux-mêmes (33%).

Les Français majoritairement en désaccord avec la déclaration de François Bayrou selon laquelle « les jeunes devront payer la dette pour le confort des boomers », à l’exception des jeunes qui lui donnent raison.

Dans une interview télévisée, François Bayrou a déclaré que les premières victimes de cette situation seront les plus jeunes qui devront payer la dette pour privilégier le confort des « boomers ». 70% des Français ne partagent pas l’avis du Premier ministre : dont 43% ne sont pas du tout d’accord et 27% pas vraiment. Seulement 30% adhèrent, dont 10% sont tout à fait et 20% plutôt d’accord.

Pour autant, de fortes différences s’observent selon l’âge : les 18-24 ans (63%) et les 25-34 ans (55%) approuvent les propos de François Bayrou, à l’inverse des 50 ans et plus qui les rejettent massivement (84%). Les 35-49 ans sont principalement en désaccord (68%).

L’ensemble des électorats sont majoritairement en désaccord avec le Premier ministre, en particulier les électeurs du RN (81%), suivis de ceux du NFP (67%), d’Ensemble (64%) et de LR (58%).

Pour l’opinion, aucune génération n’est privilégiée. Une courte majorité reconnait tout de même que les jeunes devront payer la note et anticipe un risque de conflit intergénérationnel.

Interrogés plus spécifiquement sur les relations entre les générations, les Français refusent d’opposer les générations entre elles :

• « On en fait trop pour les personnes âgées dans notre société » (86% pas d’accord). Une affirmation rejetée par la quasi-totalité des 50 ans et plus (95%).
• « Aujourd’hui, les retraités sont des privilégiés par rapport aux actifs » (75% pas d’accord). Le chiffre monte à 92% chez les retraités.
• « On en fait trop pour les jeunes dans notre société » (74% pas d’accord). Une affirmation réfutée par toutes les générations (68-78%).
• « La génération des baby-boomers est égocentrée et ne pense qu’à elle » (75% pas d’accord). 89% des 50 ans et plus ne sont pas d’accord.

Pour autant, les Français, et en particulier les jeunes, constatent qu’il faudra payer la dette laissée par les ainés et qu’il y a un risque de conflit entre les générations :

• « Les jeunes d’aujourd’hui devront rembourser la dette publique laissée par leurs parents » (55% d’accord). 66% des 18-34 ans sont d’accord.
• « Il y a un risque de conflit entre les générations » (53% d’accord). 64% des 18-34 ans identifient ce risque, les autres générations sont plus partagées.
• « Il y a beaucoup de solidarité entre les générations » (66% pas d’accord). 72% des 25-64 ans contredisent cette affirmation, contre 55% des 65 ans et plus et 58% des 18-24 ans.

Les Français estiment qu’une démission du gouvernement n’aggraverait pas la situation économique actuelle

Pour chacun des 8 sujets testés, l’opinion estime majoritairement qu’une démission du gouvernement de François Bayrou faisant suite à un vote de défiance à l’Assemblée nationale n’aggraverait pas particulièrement la situation actuelle. Ils anticipent particulièrement peu d’impacts négatifs sur le chômage (65%), le dynamisme des entreprises françaises (61%) ou le pouvoir d’achat des Français (60%), l‘activité économique, la croissance (57%), l‘attractivité économique de la France (56%), la dette publique, le déficit public (56%), les taux d’intérêts pour les ménages (54%) et le marché boursier français (52%).

En comparaison, les Français étaient nettement plus pessimistes en décembre 2024 quelques jours après la censure et la démission du gouvernement de Michel Barnier où 68% à 78% (selon les sujets) des Français anticipaient une aggravation de la situation économique.

Les 65 ans et plus sont globalement davantage sceptiques (+2 à +11 par rapport à l’ensemble des Français).

Politiquement, la majorité des électeurs d’Ensemble (55% à 74%, sauf sur le pouvoir d’achat à 49%) et de LR (53% à 73%) estiment que la démission du gouvernement aurait un impact négatif par rapport à la situation actuelle. A l’inverse, les électeurs de NFP et du RN sont nettement moins pessimistes et jugent davantage que cela n’aggraverait pas particulièrement la situation actuelle (58-79%).

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Crédits image : Commons Wikimedia / Leynadmar