L’inquiétude économique s’intensifie et atteint à son plus haut niveau depuis la crise du Covid-19
Dans un contexte d’incertitudes sur l’avenir politique et économique du pays, 89% (+5 par rapport au 7 mars dernier) des Français sont inquiets pour la situation économique du pays, 86% (+6) pour le niveau de la dette publique, 82% pour la situation de l’emploi en France, 69% (+3) pour leur propre situation financière.
Et désormais près d’1 actif sur 2 est également inquiet pour son emploi (45%, +6).
L’inquiétude économique qui traverse le pays continue de s’intensifier et atteint son plus haut niveau depuis novembre 2020, période marquée par une forte instabilité due à la crise du Covid-19.
A ce jour, l’inquiétude macro-économique traverse l’ensemble des pans de la société et des électorats. Les personnes de plus de 50 ans expriment une peur encore plus large à propos de la situation économique du pays et du niveau de la dette publique (en moyenne 10 points de plus que les autres catégories d’âge). Par ailleurs, depuis mars dernier, l’inquiétude progresse nettement chez les cadres (respectivement 92%, +12 situation économique ; 84%, +16 niveau de la dette ; 70%, +23 votre situation financière).
D’un point de vue politique, tous les électorats de 1er tour aux élections législatives 2024 partagent une inquiétude commune à un niveau élevé (entre 82% et 97% situation économique du pays ; entre 80 et 94% dette publique ; entre 73% et 89% situation de l’emploi). Elle est particulièrement marquée auprès des électeurs RN (97%, 93%, 89%).
L’inquiétude pour son pouvoir d’achat reste fortement corrélée à la situation financière en fin de mois : 91% des personnes qui déclarent se restreindre sont inquiètes pour leur situation financière (dont 42% très inquiètes), contre 64% des Français qui bouclent facilement leurs fins de mois mais sans épargner et « seulement » 30% des Français qui parviennent à épargner.
Aux yeux de l’opinion, la crise politique impacte très négativement l’ensemble des champs de l’économie française
Pour plus de 7 Français sur 10, la crise politique suite à la démission du gouvernement de Michel Barnier et la difficulté à trouver une majorité pour gouverner vont avoir un impact négatif par rapport à la situation actuelle sur l’ensemble des sujets économiques auxquels le pays doit faire face :
- 78% la dette publique, le déficit public
- 78% l’attractivité économique de la France
- 77% l’activité économique, la croissance
- 77% la situation des agriculteurs
- 76% l’inflation, le pouvoir d’achat
- 74% le niveau des impôts
- 73% le taux d’intérêts pour les ménages (emprunt immobilier, prêt à la consommation, etc.)
- 71% le marché boursier français
- 68% le chômage
Un jugement nettement partagé par l’ensemble de la population et des électorats : d’Ensemble (entre 75% et 87%), de droite (61%-86%), du RN (70%-84%) et du NFP (62%-74%).
Pour près d’1 Français sur 2, la situation économique de la France est extrêmement grave et fait craindre le scénario d’une faillite de l’Etat
47% (stable depuis le 9 octobre dernier) des Français estiment que la situation économique et financière du pays est tellement grave qu’il y a un risque de faillite de l’Etat, de ne plus pouvoir rembourser la dette (et ses intérêts). Cette opinion est largement majoritaire auprès des électeurs RN (62%, – 5).
S’ils la jugent grave, 46% (-1) des Français pensent quant à eux que le risque n’est pas « vital » et que la France pourra toujours rembourser la dette et ses intérêts, un diagnostic plus fortement partagé auprès des électeurs Ensemble (61%, -2) et dans une moindre mesure de LR (56%, -1) et du NFP (55%, -2).
Seuls 4% (-1) des Français estiment que la situation économique et financière de la France n’est pas problématique.
Le regard de l’Institut Montaigne :
Dans un contexte politique et budgétaire marqué par une incertitude inédite, 86% des Français expriment une préoccupation concernant le niveau de la dette publique, soit une augmentation de 6 points par rapport à mars dernier. La motion de censure, les débats juridiques relatifs à la « loi spéciale » ou encore la hausse des rendements obligataires au-delà de ceux des titres grecs ont sans doute contribué à ce regain d’intérêt de l’opinion pour les sujets budgétaires.
L’inquiétude liée à la dette publique est particulièrement marquée chez les électeurs du RN : 62% d’entre eux estiment que la situation du pays est si grave qu’elle pourrait entraîner un risque de faillite de l’État. Toutefois, deux observations méritent d’être soulignées : d’une part, ce chiffre élevé reflète probablement un pessimisme plus global propre à cet électorat, le niveau de la dette publique étant davantage perçu comme un symptôme parmi d’autres du déclin national plutôt qu’un enjeu nécessitant une action prioritaire par rapport aux autres problématiques. D’autre part, il est notable que cette inquiétude, bien qu’élevée, est en recul parmi les électeurs du RN – à contre-courant de la tendance dans le reste de l’opinion publique.
Enfin, sur le plan de la compétitivité économique, plus de 7 Français sur 10 estiment que la crise politique actuelle aura un impact négatif sur l’attractivité du pays. Ce ressenti, bien qu’il soit plus prononcé que celui exprimé par les dirigeants d’entreprise (selon EY, seuls 50% d’entre eux considèrent que l’attractivité économique de la France s’est dégradée), trouve un écho dans le fait que depuis juin 2024, la moitié des investisseurs étrangers aurait réduit leurs projets d’investissement dans le pays. Cette situation illustre l’impact tangible des incertitudes politiques actuelles sur les décisions économiques à l’échelle internationale.
Télécharger le rapport : Les Français et les conséquences de la crise politique
Crédits image : iira 116 / Pixabay