4 Français sur 10 estiment que la motion de censure ferait courir le risque d’une crise financière

Michel Barnier : l’opinion fait le constat d’une politique dans la continuité de celle menée par Emmanuel Macron

65% des Français estiment que l’orientation politique du gouvernement de Michel Barnier est dans la continuité de celle menée par les précédents gouvernements d’Emmanuel Macron. (chiffre stable par rapport à début octobre).

Un constat partagé par une majorité au sein de tous les électorats (y compris ceux du « socle commun »), et plus particulièrement par celui du NFP (81%).

Spontanément , les Français sont divisés sur la censure : les électorats NFP et RN y sont favorables, ceux du « socle commun » y sont opposés

52% déclarent être favorables à la censure, 48% y être opposés; un rapport de force stable par rapport à la semaine dernière.

Une nette majorité d’électeurs NFP (75%, +3 en une semaine) et RN (64%, +3) y sont favorables, alors que les électeurs Ensemble (85%, +11) et LR (78%, +11) y sont très largement opposés. Les abstentionnistes sont partagés (51% favorables, +4 et 49% opposés -1).

Si une majorité des électeurs NFP sont favorables à la censure, le sujet fait débat au sein de la gauche : 83% des sympathisants LFI y sont favorables, mais « seulement » 56% de ceux du PS et 55% de ceux des Ecologistes.

Pour 4 Français sur 10, la motion de censure ferait courir le risque d’une crise financière

Alors que Michel Barnier et d’autres membres du gouvernement ont affirmé ces derniers jours qu’une censure aurait des conséquences financières graves pour la France, 41% des Français rejoignent ce constat, notamment parmi les électeurs Ensemble (65%) et LR (62%).

Pour 41%, la situation est déjà très grave et ne pourrait pas être pire, même avec une motion de censure. Une opinion notamment partagée par les électeurs RN (53%).

Seuls 17% estiment qu’une censure du gouvernement ne serait pas problématique pour la situation financière du pays.

Le spectre d’une crise financière fait basculer une partie de l’opinion : exposée aux propos d’alerte du gouvernement, une courte majorité estime alors qu’il faut éviter la censure

L’argument d’une crise financière probable fait basculer 8% des électeurs NFP, 5% de ceux du RN et 5% des abstentionnistes.

Face à la crainte d’une probable crise financière que pourrait provoquer une censure du gouvernement, une courte majorité de Français (54%) estiment que les députés ne doivent pas voter la motion de censure même s’ils ne sont pas d’accord avec l’ensemble du budget proposé par le gouvernement.

Cette opinion est partagée par la quasi-totalité des électeurs Ensemble (89%) et LR (79%), mais également par une grosse minorité des électeurs NFP (33%) et RN (40%).

A l’inverse, 45% jugent que les députés en désaccord avec le budget ne doivent pas céder et doivent voter la motion de censure même si cela peut provoquer une crise financière, une opinion partagée par 6 électeurs sur 10 du NFP et du RN.

Quelles lignes rouges ? La hausse des taxes sur l’électricité, les déremboursements de santé et les suppressions de postes d’enseignants. La hausse des cotisations patronales et la revalorisation des retraites inférieure à l’inflation font débat.

La hausse des taxes sur l’électricité (84%), la baisse de 5% du remboursement des médicaments et consultations médicales (65%), et la suppression de 4 000 postes dans l’Education Nationale (63%) apparaissent comme inacceptables pour une majorité de Français, même si la situation des dépenses publiques est déjà mauvaise.

Ces lignes rouges sont partagées par une majorité au sein de l’ensemble des électorats, hormis chez les électeurs d’Ensemble concernant le déremboursement et les suppressions de postes d’enseignants (respectivement 60% et 56% « acceptable étant donné la situation des dépenses publiques »).

Deux mesures font débat et divisent : la revalorisation des retraités inférieure à l’inflation (53% « acceptable » / 46% « inacceptable ») et la hausse des cotisations patronales pour les salaires proches du SMIC (46% « acceptable » / 53% « inacceptable »).

Concernant la revalorisation des retraites inférieure à l’inflation, tous les électorats sont très partagés, à l’exception de celui d’Ensemble qui y est plus nettement favorable (66%).

La hausse des cotisations patronales pour les salaires proches du SMIC clive politiquement : 66% des électeurs RN et 58% de ceux de LR la jugent inacceptable, alors que 61% de ceux du NFP et 54% de ceux d’Ensemble estiment à l’inverse que cette mesure est acceptable étant donné la situation des dépenses publiques.

Si un nouveau gouvernement devait être formé, les Français privilégieraient un gouvernement technique

Dans le cas d’une démission du gouvernement Barnier provoquée par une motion de censure, 69% des Français sont favorables à la nomination d’un « gouvernement technique » composé d’experts qui ne sont pas issus d’un parti politique (stable par rapport à fin août dernier), une hypothèse à laquelle souscrit une majorité au sein de tous les électorats.

Nettement plus loin, les deux autres options qui rassemblent le plus sont une coalition entre certains partis de gauche (hors FI) et le camp présidentiel (44%), ainsi que cette même coalition élargie jusqu’à LR (44%). Environ 2/3 des électeurs Ensemble approuvent ces deux options, 60% des électeurs NFP si la coalition n’intègre pas LR (48% si elle intègre LR), 69% des électeurs LR si la coalition les intègre (42% si elle ne les intègre pas). Les électeurs du RN rejettent largement ces deux hypothèses.

La reconduction de la coalition actuelle (camp présidentiel et LR) ne rassemblerait que 37% des Français (78% des électeurs LR et 68% de ceux d’Ensemble, mais nettement rejetée par ceux du NFP et du RN) ; il en est de même pour un gouvernement qui serait formé exclusivement de membres du RN et de ses alliés (soutenu par 85% des électeurs RN et alliés, mais largement rejeté par tous les autres électorats).

L’hypothèse qui rassemble aujourd’hui le moins est celle d’un gouvernement composé exclusivement de membres du NFP (28%), une option soutenue par ses électeurs (72%) mais largement rejetée par les autres électorats.

A noter qu’au sein des électeurs NFP, seuls 59% des sympathisants EELV et 40% de ceux du PS seraient favorables à cette hypothèse. Les sympathisants PS se prononcent en revanche largement en faveur d’un gouvernement allant de la gauche (hors LFI) au camp présidentiel (69%) ou jusqu’à LR (69%).

En cas de censure et de démission du gouvernement Barnier, les Français seraient favorables à la démission d’Emmanuel Macron, jugé responsable de la situation politique actuelle

En cas de démission du gouvernement de Michel Barnier provoquée par une motion de censure, 63% seraient favorables à la démission d’Emmanuel Macron du poste de Président de la République, ce qui provoquerait une nouvelle élection présidentielle.

Ce souhait est largement partagé par les électeurs du RN (83%) et ceux du NFP (76%) ; mais aussi par une partie des électeurs LR (48%) et même 27% de ceux d’Ensemble.

A noter qu’à nouveau, au sein du NFP, deux tendances se dégagent : une très nette majorité des sympathisants FI est favorable à la démission (86%), une majorité plus courte chez les sympathisants PS (53%) et écologistes (59%).

Au-delà des désaccords sur l’orientation politique exprimée de longue date par une partie des oppositions, le souhait de la démission d’Emmanuel Macron est nourri par le sentiment qu’il est le principal responsable de la situation actuelle (53%). Et ce, très largement devant le gouvernement de Michel Barnier qui peine à trouver un compromis sur le budget (19%), et le NFP (15%) et le RN (12%) qui s’opposent au budget actuel.

Emmanuel Macron est désigné comme le principal responsable par l’ensemble des électorats.

Proposition LFI de supprimer la réforme des retraites : une majorité y est favorable, mais ce score en recul par rapport à la fin de la mobilisation 1 an et demi auparavant

57% des Français sont favorables à la suppression de la réforme des retraites d’Elisabeth Borne et Emmanuel Macron dans le cadre de la niche parlementaire LFI.

La volonté de revenir sur la réforme des retraites est en recul par rapport à la fin de la mobilisation il y a un an et demi, lors de laquelle environ 2/3 des Français refusaient sa mise en place et notamment le recul de 62 à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite.

A date, 60% des actifs souhaitent sa suppression, contre 47% des retraités.

Les électeurs NFP (83%) soutiennent largement l’initiative de LFI ; elle est également soutenue par 62% des électeurs RN et de ses alliés. Dans une moindre mesure, 45% de ceux de LR et 30% de ceux d’Ensemble sont eux aussi favorables à sa suppression.

Si les électeurs NFP et RN conservent leur position et souhaitent une suppression immédiate de la réforme des retraites même si cela augmente les dépenses publiques, une partie (13%) des électeurs Ensemble et LR spontanément favorables à sa suppression jugent pour autant que ce n’est pas le bon moment car cela aggraverait la situation des dépenses publiques.

Ainsi, l’opinion publique est très divisée sur l’opportunité de la supprimer en cette période : 51% estiment qu’il faut la supprimer dès maintenant même si cela aggrave la situation des finances publiques, 49% pensent que ce n’est pas le moment.

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Télécharger le rapport : Les Français le budget la censure et la réforme des retraites

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