Premiers pas de Michel Barnier à Matignon : une courte majorité (51%) de Français estime qu’il va dans la bonne direction
De manière générale, concernant les premiers pas et décisions de Michel Barnier en tant que Premier ministre, 51% des Français estiment qu’il va dans la bonne direction, contre 48% dans la mauvaise direction. Il s’agit, à titre de comparaison, d’un niveau comparable à celui mesuré pour Gabriel Attal lors de son discours de politique générale (sondage ELABE pour BFMTV du 31 janvier 2024, 52% bonne direction – 47% mauvaise direction).
Le premier ministre a le soutien des électeurs de droite (89% des électeurs LR/UDI/DVD au 1er tour des Législatives 2024) et du camp présidentiel (76%) mais aussi d’une majorité d’électeurs du Rassemblement National (54%). A contrario, les électeurs du NFP (69%) et dans une moindre mesure les abstentionnistes (54%) considèrent qu’il va dans la mauvaise direction.
Pour l’opinion, le discours de politique générale répond en partie aux attentes et priorités des Français
7% des Français ont le sentiment que le discours de politique générale et les annonces de Michel Barnier répondent complètement aux attentes et priorités des Français, 45% qu’ils y répondent en partie et 47% qu’ils n’y répondent pas.
Les électeurs du camp présidentiel (21% complètement, 61% en partie), des Républicains (11%, 77%) et du Rassemblement National (5%, 52%) estiment que les propos du Premier ministre répondent, au moins en partie, aux attentes des Français. Les électeurs du NFP (66% non) et les abstentionnistes (58%) ont une opinion inverse.
On observe sur ces deux questions (direction et réponse aux attentes) un clivage assez net selon la situation financière en fin de mois : les Français qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre voire en épargnant sont plutôt satisfaits des débuts de Michel Barnier à Matignon (57% bonne direction, 57% répond au moins en partie aux attentes) tandis que les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois sont plus critiques (57% mauvaise direction, 55% ne répond pas aux attentes).
Pour 2 Français sur 3, l’orientation politique de Michel Barnier s’inscrit dans la continuité d’Emmanuel Macron
65% des Français considèrent que l’orientation politique de Michel Barnier de son gouvernement, notamment exprimée au travers de son discours de politique générale, est plutôt dans la continuité de celle menée par les gouvernements précédents d’Emmanuel Macron, contre 33% une politique de rupture.
Une opinion largement partagée par les électeurs du NFP (84% politique de continuité) et des abstentionnistes (67%). En revanche, les électeurs du Rassemblement National (54% continuité, 44% rupture), des Républicains (54% continuité, 45% rupture) et du camp présidentiel (56% continuité, 44% rupture) sont plus partagés.
Les orientations politiques de Michel Barnier évoquées dans son discours de politique générale sont largement approuvées par l’opinion
Agriculture
- 90% des Français sont favorables au fait de renforcer la transparence sur les marges pratiquées par la grande distribution
Réforme des retraites
- 86% corriger certains aspects de la réforme des retraites d’Emmanuel Macron (retraite plus progressive, prise en compte de l’usure professionnelle, de l’égalité entre les femmes et les hommes)
Fiscalité
- 86% augmenter les impôts pour les très grandes entreprises qui réalisent des profits importants
- 83% instaurer une contribution exceptionnelle (impôt ou taxe) pour les Français les plus fortunés
Pouvoir d’achat
- 87% relancer la participation, l’intéressement et l’actionnariat salarié, et pas seulement dans les grandes entreprises
- 81% revaloriser le SMIC de 2% dès le 1er novembre (et non le 1er janvier 2025)
Sécurité / Justice / Immigration
- 90% réduire les délais de jugement, particulièrement pour les mineurs
- 84% renforcer la présence de policiers, gendarmes et policiers municipaux sur la voie publique
- 82% proposer des peines de prison courtes et immédiatement exécutées pour certains délits
- 81% prévoir un recours plus important aux travaux d’intérêt général, aux amendes administratives et aux amendes forfaitaires délictuelles
- 81% créer des établissements pour les courtes peines
- 80% rétablir des contrôles aux frontières de la France, comme le permettent les règles européennes, et comme l’Allemagne vient de le faire
- 79% réviser les conditions d’octroi du sursis et limiter les possibilités de réduction ou d’aménagement de peines
- 69% allonger la durée maximale de rétention administrative des étrangers en situation irrégulière
Logement
- 80% simplifier au maximum les normes qui pèsent sur la construction des logements neufs ou la réhabilitation des anciens
Institutions
- 78% instaurer un scrutin proportionnel (système électoral où le nombre de sièges à pourvoir est partagé en fonction du nombre de voix recueillies)
Système de santé
- 74% élargir les compétences des infirmiers, pharmaciens et kiné
Médecins et professeurs retraités
- Deux mesures sont approuvées mais avec une intensité nettement moindre : faire appel à des professeurs retraités volontaires pour pallier les absences et faire appel à des médecins retraités pour
pallier le manque de médecins (58% pour ces deux mesures)
Ces orientations sont largement approuvées au sein de toutes les catégories de population et électorats. A l’exception des électeurs du NFP qui se montrent partagés sur les contrôles aux frontières de la France (52% favorables, 47% opposés) et sur l’allongement de la durée de rétention pour les étrangers en situation irrégulière (53%, 47%), et qui sont majoritairement opposés au fait de faire appel à des professeurs retraités (61%) et à des médecins retraités (56%).
Mais hormis sur le régalien, les Français doutent de la capacité du gouvernement à efficacement améliorer la situation sur les principaux enjeux qui se posent au pays
Après avoir pris connaissance de ces 19 mesures annoncées lors du discours de politique générale de Michel Barnier, 49% des sondés estiment que le gouvernement sera efficace pour améliorer la sécurité des Français, 44% pour mener une bonne politique d’immigration, 41% améliorer le dynamisme économique du pays, 40% qu’il sera efficace pour mener une bonne politique d’éducation, 39% pour améliorer l’accès aux services publics, 36% améliorer le système de santé, 36% réduire la dette publique, 32% améliorer le pouvoir d’achat des Français, 31% réduire les inégalités sociales et 30% pour relever le défi écologique. En comparaison avec notre mesure d’il y a 1 semaine, le discours de politique générale et ces mesures permettent au gouvernement de gagner en crédibilité sur ces enjeux (7 à 12 points de plus selon les sujets), sauf sur le défi écologique où l’on n’observe qu’un faible mouvement (5 points de plus uniquement).
D’un point de vue politique :
- Les électeurs du camp présidentiel jugent majoritairement que le gouvernement sera efficace sur les principaux enjeux qui se posent au pays (de 80% sur la sécurité à 53% sur la réduction des inégalités sociales), ils sont néanmoins plus partagés sur le pouvoir d’achat (51%) et le défi écologique (50%)
- Les électeurs des Républicains accordent majoritairement du crédit au gouvernement de Michel Barnier sur le régalien, l’économie, l’éducation, l’accès aux services publics et la dette (entre 52% et 69%) mais sont sceptiques sur les inégalités sociales (40%), l’écologie (40%), le pouvoir d’achat (43%) et le système de santé (44%)
- Les électeurs du Rassemblement National ont des opinions très proches de l’ensemble des Français avec un relatif crédit sur le régalien (49% sécurité, 49% immigration) et un véritable scepticisme sur le pouvoir d’achat (31%) et l’écologie (29%)
- Les électeurs du NFP estiment très majoritairement que le gouvernement de Michel Barnier ne sera pas efficace sur l’ensemble de ces enjeux (66% à 84%)
Une majorité de Français (54%) estime que Michel Barnier a eu raison de ne pas solliciter de vote de confiance à l’issue de son discours…
A l’inverse, 44% jugent qu’il a eu tort.
Ce choix est largement soutenu par les électeurs du camp présidentiel (86%), les électeurs des Républicains (81%) et dans une moindre proportion par les électeurs du Rassemblement National (56%) mais il est critiqué par les électeurs du NFP (66% il a eu tort) et dans une moindre mesure par les abstentionnistes (49% tort, 47% raison).
…et souhaite que la motion de censure du NFP à l’encontre de son gouvernement ne soit pas adoptée
Dans le détail, 62% sont de cet avis, dont 31% pas du tout et 31% pas vraiment. A l’inverse, 37% souhaitent qu’elle soit adoptée, dont 21% plutôt et 16% tout à fait.Les électeurs du NFP soutiennent cette initiative de leur camp (71% souhaitent que la motion de censure soit adoptée) mais ils sont isolés, les autres principaux électorats y sont largement opposés (84% électeurs du camp présidentiel, 82% des Républicains et 70% du Rassemblement National).
Télécharger le rapport :Les Français et le discours de politique générale de Michel Barnier
Crédits image : Wikimédia commons / Richard Ying et Tangui Morlier