Près d’1 Français sur 2 déclare avoir un accès compliqué, long ou partiel aux services de soin et près d’1 sur 10 aucun accès
Là où ils vivent, 47% des Français déclarent avoir un accès compliqué, long ou partiel aux services (en se déplaçant ou par internet) leur permettant de bien se soigner (hôpital, médecins généralistes, spécialistes), 7% déclarent n’avoir aucun accès du tout.
A contrario, 43% déclarent avoir un accès facile et rapide à tout ce dont ils ont besoin.
Les difficultés d’accès aux services de soin demeurent beaucoup plus présentes dans les commune rurales et petites agglomérations (9% aucun accès, 57% accès compliqué, 32% accès facile) que dans les grandes agglomérations (6% aucun accès, 39% accès compliqué, 53% accès facile).
Les femmes (52% accès difficile, 7% aucun accès) sont plus nombreuses que les hommes (41%, 8%) à avoir des difficultés d’accès aux services de soin.
29% des Français déclarent avoir été confrontés à une pénurie de médicaments ces derniers mois
Les 25-34 ans (36%), les femmes (33%) et les habitants des communes rurales (33%) sont particulièrement nombreux à déclarer avoir été confrontés à ce phénomène.
En matière de santé, on observe un cumul des vulnérabilités : les Français qui déclarent avoir fait l’expérience des pénuries ont une plus grande propension à déclarer avoir un accès compliqué voire aucun accès aux services de santé (59%, contre 52% parmi les Français qui n’ont pas connu de pénurie).
Pour près de 6 Français sur 10, le système de santé en France fonctionne mal
58% des Français considèrent que le système de santé en France fonctionne mal, dont 38% assez mal et 20% très mal. A l’inverse, 42% estiment qu’il fonctionne bien, dont 38% assez bien et 4% très bien.
La perception d’un dysfonctionnement du système de santé est majoritaire dans toutes les catégories de populations. On observe que les femmes ont une opinion plus négative (61% mal) que les hommes (45% bien, 55% mal).
D’un point de vue politique, les électeurs de Marine Le Pen (63% mal) et de Jean-Luc Mélenchon (63%) sont plutôt critiques tandis que ceux d’Emmanuel Macron ont un regard plus positif (65% bien).
Le jugement porté sur notre système de santé est impacté par l’expérience au quotidien de l’accès aux soins : les Français qui déclarent avoir un accès compliqué (68%) ou aucun accès du tout (79%) estiment qu’il fonctionne mal. A l’inverse ceux qui ont un accès facile et rapide considèrent qu’il fonctionne bien (57%).
Il est également impacté par l’expérience au quotidien des pénuries de médicaments : 65% des Français qui déclarent en avoir fait l’expérience au cours des derniers mois estiment que le système de santé fonctionne mal (contre 55% parmi les Français qui n’en ont pas connue).
Doublement de la franchise médicale : 63% des Français jugent cette mesure inacceptable
63% des Français estiment qu’il n’est pas acceptable que la franchise médicale passe de 50 centimes à 1 euro, cela détériore l’accès à la santé, contre 37% qu’il est acceptable que la franchise médicale passe de 50 centimes à 1 euro, cela permettra de réduire les dépenses publiques et de responsabiliser les patients dans leur consommation de médicament. Des chiffres stables depuis le 6 septembre.
Le doublement de la franchise est plutôt rejeté par les employés/ouvriers (66% inacceptable) et les professions intermédiaires (59%) tandis que les cadres sont très partagés (50% acceptable, 49% inacceptable).
Si les 18-24 ans sont une courte majorité à l’approuver (54% acceptable), l’opposition au doublement de la franchise médicale croit avec l’âge (de 54% inacceptable chez les 25-34 ans jusqu’à 72% chez les 65 ans et plus).
Cette mesure est davantage jugée inacceptable par les femmes (67%) que par les hommes (57%).
D’un point de vue politique, cette mesure rencontre l’opposition d’une nette majorité d’électeurs de Jean-Luc Mélenchon (79% inacceptable) et de Marine Le Pen (64%), mais à l’inverse, elle est approuvée par une courte majorité d’électeurs d’Emmanuel Macron (54% acceptable).
S’ils sont critiques sur le système de santé, les Français ont une très bonne image des professionnels du secteur
Dans le détail :
- 96% des Français ont une bonne image des sage-femmes (dont 52% très bonne)
- 95% des infirmier(e)s (dont 51% très bonne)
- 94% des aides-soignant(e)s (dont 45% très bonne)
- 91% de son médecin traitant (dont 51% très bonne)
- 91% des kinésithérapeutes (dont 36% très bonne)
- 90% des pharmaciens (dont 37% très bonne)
- 90% des médecin généralistes en général (dont 37% très bonne)
- 88% des médecins hospitaliers (dont 36% très bonne)
- 88% des ambulanciers (dont 35% très bonne)
- 87% des médecins spécialistes (dont 33% très bonne)
- 85% des dentistes (dont 30% très bonne)
Cette très bonne image est majoritaire au sein de toutes les catégories et électorats. Quelques écarts et différences dans la hiérarchie peuvent être notés :
- Les 65 ans et plus ont une image particulièrement positive des différents acteurs de santé, le niveau de très bonne image est en effet supérieur de 6 à 15 points par rapport à l’ensemble des Français.
- Les habitants des communes rurales plébiscitent particulièrement les aides soignant(e)s (98%, dont 55% très bonne), les pharmaciens (95%, dont 46%) et les ambulanciers (94%, dont 41%).
Augmentation du prix de la consultation : une demande jugée légitime par plus de 6 Français sur 10
Ces derniers mois, les syndicats de médecins réclament à l’Assurance maladie une augmentation d’au moins 5 euros du prix de la consultation. Pour un généraliste, cela passerait donc de 25 à 30 €. A ce stade, le gouvernement et l’Assurance maladie ont accordé une hausse de 1,5 € (25 € à 26,5 € pour un médecin généraliste). Les négociations doivent se poursuivre dans les semaines à venir, les syndicats réclamant une hausse plus importante, et le gouvernement et l’Assurance Maladie demandant des contreparties aux médecins (recevoir plus de patients, être plus rigoureux sur la délivrance d’arrêts de travail, etc.)
A ce titre, 64% des Français estiment que cette demande est légitime, que les médecins doivent être mieux rémunérés pour leur travail contre 35% qui pensent qu’il ne faut pas augmenter le prix de la consultation.
La demande est majoritairement jugée légitime dans toutes les catégories de populations et électorats.
Quelques écarts sont à noter :
- Il existe en effet un écart générationnel entre les 65 ans et plus qui y sont nettement favorables (79%) et les 25-49 ans plutôt divisés sur la question (53% demande légitime, 47% pas légitime).
- D’un point de vue professionnel, les cadres et professions intermédiaires sont également plus nombreux à approuver la demande (63% légitime, 36% pas légitime) que les catégories populaires plus partagées sur le sujet (50%, 49%).
- Enfin, les électeurs d’E. Macron sont les plus convaincus (76% demande légitime) devant les électeurs de J.L Mélenchon (68%) et M. Le Pen (62%). Les abstentionnistes sont plus divisés (56% légitime, 43% pas légitime).
Le regard de l’Institut Montaigne :
Le sondage en quelques mots : À quelques jours de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 par la Commission des affaires sociales du Sénat, la santé demeure au cœur des préoccupations des Français. En effet, alors que la santé représente la priorité de cette rentrée pour 83 % d’entre eux, ils sont 58 % à considérer que le système de santé fonctionne mal. Cette perception d’un système de santé qui ne répond plus aux besoins de santé des Français s’explique en partie par un accès aux soins perçu comme faible. Ils sont en effet 47 % à déclarer avoir un accès compliqué, long ou partiel aux services de santé, perception accentuée dans les communes rurales et les petites agglomérations. Cette inadéquation entre l’offre et la demande de soins avait été mise en avant dans le rapport de l’Institut Montaigne (2022) Santé : faire le pari des territoires, qui appelait à réinvestir l’échelon territorial dans la définition des politiques de santé. Par ailleurs, alors que le président de la République a annoncé en juin 2023 une liste de médicaments essentiels dont la disponibilité doit être garantie sur le territoire, 29 % des Français estiment avoir été confrontés à une pénurie de médicaments.
Pour autant, cette perte de confiance en la capacité de notre système de santé à assurer des soins de qualité ne semble pas altérer l’image que les Français ont de leurs professionnels de santé : 95 % d’entre eux ont une bonne image des infirmiers, 90 % pour les médecins généralistes et 88 % pour les médecins hospitaliers. En regard de cette bonne réputation et suite à l’échec des négociations conventionnelles entre les médecins généralistes et l’Assurance maladie, 64 % des Français jugent ainsi légitime la demande des médecins généralistes d’augmenter le prix de la consultation de 5 euros. Les débats entre les médecins généralistes et l’Assurance maladie doivent se poursuivre dans les semaines à venir.
Télécharger le rapport : Les Français et le système de santé
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