Sécheresse cet été : 4 Français sur 5 inquiets de la situation
Concernant la sécheresse et ses conséquences cet été, 81% des Français se disent inquiets, dont 27% très inquiet et 54% plutôt inquiet.
A l’inverse, 19% des Français ne sont pas inquiets, dont 15% pas vraiment inquiet et 4% pas du tout inquiet.
Une inquiétude généralisée et présente dans toutes les catégories de population et électorats. A noter que ce niveau élevé est particulièrement fort dans l’agglomération parisienne (87%) et chez les électeurs de J-L. Mélenchon (91%).
L’intensité de cette peur écologique est un peu plus forte chez les femmes (33% très inquiet), les personnes ayant du mal à boucler leurs fins de mois (33%) et les électeurs de J-L. Mélenchon (43%).
Pour les Français, les épisodes de sécheresse auront un impact sur l’agriculture, la biodiversité, la santé des personnes fragiles et l’état des bâtiments
Plus de 8 Français sur 10 font le pronostic d’un impact important des épisodes de sécheresse sur :
- L’agriculture et notamment les récoltes (90%)
- La biodiversité (forêts, animaux, milieux aquatiques, etc.) (88%)
- La santé, notamment des personnes âgées et fragiles (84%)
- L’état des bâtiments et habitations (fissures, affaissements, etc.) (79%)
Cette projection est majoritaire et homogène dans toutes les catégories de populations et électorats. A noter que l’impact sur l’état des bâtiments est un qui préoccupe encore plus les plus de 50 ans (84%, contre 69% à 76% chez les moins de 50 ans).
Pour éviter les restrictions d’eau dans les semaines à venir, plus d’1 Français sur 2 a l’intention de réduire sa consommation. 4 Français sur 10 ont déjà le sentiment de faire le maximum
Pour éviter les restrictions d’eau dans les prochaines semaines, 52% des Français déclarent qu’ils vont réduire leur consommation d’eau, dont 38% un peu réduire et 14% beaucoup réduire. A l’inverse, 48% ne comptent pas réduire leur consommation, 43% disent déjà consommer le strict minimum et 5% ne veulent pas changer leurs habitudes.
A titre de comparaison, 60% des Français déclaraient être prêts à réduire leur consommation d’électricité l’hiver dernier pour éviter les coupures de courant, soit 8 points de plus. « Seuls » 36% déclaraient faire déjà le maximum, soit 7 points de moins.
Les électeurs d’E. Macron sont plus nombreux à avoir l’intention de réduire leur consommation (64% contre 46% des électeurs de J-L. Mélenchon et 45% des électeurs de M. Le Pen).
Face à cette situation critique, les restrictions d’usages de loisirs, l’adaptation progressive de l’agriculture et la réutilisation des eaux usées dans l’espace public sont largement approuvées
Dans le cadre des risques de sécheresse, les Français approuvent très largement les mesures suivantes :
- Développer la réutilisation des eaux usées (après traitement) pour arroser et nettoyer les espaces publics (96% dont 69% très favorable)
- Interdire l’arrosage des golfs dans les départements en situation de sécheresse (90%, dont 62%)
- Changer progressivement les types de cultures agricoles en arrêtant les cultures très consommatrices d’eau pour des cultures moins consommatrices (86%)
- Interdire le remplissage des piscines privées dans les départements en situation de sécheresse (80%)
On note un écart générationnel à propos du changement progressif des cultures agricoles entre les plus jeunes moins favorables (76%) et les plus de 50 ans nettement convaincus (93%, dont 48% très favorable des 65 ans et plus). Une dynamique similaire en ce qui concerne l’interdiction de remplir les piscines privées (72% des moins de 50 ans contre 87% des plus de 50 ans dont 56% très favorable des 65 ans et plus).
Le regard de l’Institut Montaigne :
Les résultats de ce sondage soulèvent un point intéressant : le décalage entre le niveau de prise de conscience et la volonté de se mobiliser. Si 4 Français sur 5 se disent inquiets des sécheresses, seulement 1 Français sur 2 a l’intention de réduire sa consommation d’eau tandis que 4 Français sur 10 ont déjà le sentiment de faire le maximum. Cette relative inaction, eu égard de l’urgence de la situation, doit nous interroger sur la façon dont la crise écologique est communiquée. Insister excessivement sur les menaces de catastrophes naturelles pousse au défaitisme. Une question sans réponse alors : comment changer le narratif de la transition écologique, aujourd’hui considérée comme pessimiste et punitive, pour susciter l’action du plus grand nombre ?
Hugues Bernard, Chargé de projets – Climat et environnement
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Crédits images : Sol Sec Fermer – Pixabay