3 Français sur 4 estiment qu’il est urgent de réduire la dette publique en France

Des Français inquiets pour l’ensemble des champs de l’économie française, une inquiétude toutefois en recul depuis août 2022

79% (-7 par rapport au 30 août 2022) sont inquiets pour la situation économique du pays, 71% (-9) pour le niveau de la dette publique, 67% (-3) pour leur propre situation financière. Dans une moindre mesure, 37% des actifs (-2) sont quant à eux inquiets pour leur emploi.

Alors que l’inquiétude avait fortement progressé en août dernier dans un contexte de crise géopolitique et de forte inflation notamment sur l’énergie, on observe depuis lors un recul significatif. Cette baisse est présente au sein de toutes les catégories de population et électorats, elle de manière particulièrement prononcée chez les actifs (respectivement 76%, -9 situation économique ; 66%, -13 niveau de la dette), les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (74%, -11 ; 57%, -16) et chez les Français qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre (76%, -7 ; 69%, -13).

A ce jour, l’inquiétude macro-économique traverse l’ensemble des pans de la société mais la situation économique du pays et le niveau de la dette publique inquiètent sensiblement plus les 65 ans et + (86% et 84%) et les électeurs de V. Pécresse (91% et 99%).

L’inquiétude pour son pouvoir d’achat est fortement corrélée à la situation financière en fin de mois : 92% (+2) des personnes qui déclarent se restreindre sont inquiètes pour leur situation financière (dont 51% très inquiets), contre 54% (-11) des Français qui bouclent facilement leurs fins de mois mais sans épargner et « seulement » 32% (-1) des Français qui parviennent à épargner.

La dégradation de la note française par Fitch inquiète 7 Français sur 10

Début mai, l’agence de notation Fitch a dégradé la note de la dette publique française de AA à AA-. 70% des Français jugent cet événement inquiétant, dont 51% assez inquiétant et 19% très inquiétant. A l’inverse, 29% considèrent que cette dégradation de la note française n’est pas inquiétante, dont 25% pas vraiment inquiétante et 4% pas du tout inquiétante.

Cette inquiétude est présente dans toutes les strates de la société française : ce déclassement est en effet jugé inquiétant par une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats. Elle est particulièrement exprimée par les électeurs de Valérie Pécresse (84% inquiétant, dont 31% très inquiétant) et par les Français les plus précaires financièrement qui doivent puiser dans leurs réserves ou emprunter pour boucler leurs fins de mois (74% inquiétant, dont 32% très inquiétant).

Dans ce contexte, 3 Français sur 4 estiment qu’il est urgent de réduire la dette publique en France

76% des Français jugent urgent de réduire la dette publique en France, dont 25% très urgent et 51% assez urgent. A l’inverse, 24% considèrent que cela n’est pas urgent, dont 21% pas vraiment et 3% pas du tout.

Le sentiment d’urgence à agir est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats.

A noter que politiquement, les électeurs de V. Pécresse (91%) et d’E. Macron (83%) sont nettement plus nombreux à exprimer l’urgence à agir pour réduire la dette que les électeurs de M. Le Pen (74%) et surtout de J.L Mélenchon (58%).

Pour réduire la dette, les Français misent avant tout sur une contribution des plus aisés, une réduction des dépenses publiques et les effets d’une croissance économique à venir

Interrogés sur les moyens qu’il faudrait mobiliser pour réduire la dette publique, les Français citent d’abord une « contribution exceptionnelle » des plus aisés (54%, 2 réponses parmi 5 items) juste devant la réduction des dépenses publiques via des réformes (52%) ex aequo avec la croissance économique dans les années à venir (52%).

Derrière ce trio, 2 Français sur 10 citent les hausses d’impôts pour les entreprises (22%) et moins d’1 sur 10 pour les particuliers (5%).

D’un point de vue sociodémographique :

  • La « contribution exceptionnelle » des plus aisés est particulièrement citée par les ouvriers (72%) et les personnes déclarant se restreindre pour boucler leurs fins de mois (60%).
  • La réduction des dépenses publiques via des réformes et la croissance économique dans les années à venir sont plébiscitées par les 65 ans et plus (59% et 64%) et les personnes qui déclarent ne pas se restreindre pour boucler leurs fins de mois (57%). Par ailleurs, les cadres croient davantage en la croissance économique (69%) que les autres catégories socioprofessionnelles (50% professions intermédiaires, 40% employés/ouvriers).
  • La hausse des impôts des entreprises est notamment évoquée par les plus jeunes (33% des 18-24 ans) et les employés (30%).

Politiquement, des différences émergent entre :

  • Les électeurs d’E. Macron qui citent davantage la croissance économique (73%)
  • Ceux de V. Pécresse qui sont particulièrement nombreux à évoquer la réduction des dépenses publiques via les réformes (85%)
  • Les électeurs de J.L Mélenchon et dans une moindre mesure de M. Le Pen qui sont plus sensibles à la contribution exceptionnelle » des plus aisés (73% et 61%) et la hausse des impôts des entreprises (34% et 20%).

7 Français sur 10 refusent que le pays s’endette davantage pour financer la transition écologique

70% des Français estiment que même si c’est pour financer la transition écologique, il ne faut pas s’endetter davantage. A l’inverse, pour 29%, s’endetter pour financer la transition écologique est une bonne raison de s’endetter.

Le regard de l’Institut Montaigne :

Le refus de s’endetter davantage pour financer la transition écologique est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats sauf chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (51% considèrent qu’il est justifié de s’endetter pour financer la transition écologique). A noter également qu’une part importante des 18-24 ans (40%) et des cadres (38%) partagent cette opinion.

Si les dernières prévisions du gouvernement tablent sur un recul de la dette publique de 111,6% à 108,3% du PIB d’ici 2027, les récentes dégradations de la note de la dette française par les agences de notation tendent à nuancer ces projections optimistes. En effet, les signaux négatifs sur l’état de nos finances publiques se multiplient et constituent même une inquiétude pour près de 7 Français sur 10 qui jugent ce déclassement préoccupant.

Face à cette nécessité – impérieuse – de rétablir nos comptes publics, seules deux solutions s’offrent à nous : augmenter les recettes et/ou baisser les dépenses. Dans ce contexte, notre sondage révèle que les Français sont parfaitement partagés : 54% plaident pour une contribution des plus aisés contre 52% pour une réduction des dépenses publiques via des réformes.

La deuxième option semble toutefois la plus probable : après l’instauration progressive depuis 2017 d’une doctrine stricte visant à réduire la fiscalité sur les ménages, une nouvelle « revue » des dépenses publiques devrait être engagée d’ici l’été. Les ministères ont été priés de proposer des économies à hauteur de 5% de leurs budgets respectifs : de quoi alimenter (peut-être) le futur projet de loi de finances pour 2024 de mesures audacieuses et favorables à la réduction de notre endettement public.

Lisa Thomas-Darbois, Responsable du pôle économie et action de l’État


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