Les Français et l’environnement

Si rien n’est fait d’ici 2050, 3 Français sur 4 s’attendent à ce que certaines zones du globe ne soient plus vivables à cause du dérèglement climatique

Si les choses continuent comme aujourd’hui, 73% des Français s’attendent à ce que certaines zones du globe ne soient plus vivables en 2050 à cause du dérèglement climatique (inondations, température, sécheresse, etc.) alors que d’autres le seront toujours.
15% plus optimistes pensent
les conditions de vie sur Terre ne seront pas pires qu’aujourd’hui et qu’on pourra vivre sur l’ensemble de la planète. Mais à l’inverse, 12% pensent que l’ensemble de la Terre ne sera plus vivable.

 

Si rien n’est fait pour lutter contre le dérèglement climatique, cette situation est anticipée par toutes les franges de la société : cadres (75% certaines zones ne seront pas vivables), catégories populaires (71%), 65 ans et plus (78%), 18-24 ans (73%), urbains (73%), ruraux (73%), électeurs de Jean-Luc Mélenchon (80%) d’Emmanuel Macron (79%) et de Marine Le Pen (70%).

Les Français doutent de notre capacité à atteindre la « neutralité carbone » et limiter la hausse de température à 1,7° d’ici 2050

Un des objectifs fixés par la communauté internationale est de limiter le réchauffement climatique à +1,7° et d’atteindre la « neutralité carbone ». 67% des Français pensent que nous ne parviendrons pas à atteindre cet objectif, dont 50% probablement pas et 17% certainement pas. A l’inverse, 33% pensent que nous y parviendrons, dont 27% probablement et 6% certainement.

A l’exception des jeunes (18-24 ans) qui sont plus optimistes (52% non, 48% oui), le pessimisme est majoritaire au sein de toutes les catégories de population.

Face aux enjeux environnementaux, des Français convaincus qu’il nous faut adopter un mode de vie plus sobre, une opinion toutefois en légère baisse en 3 mois (74%, -6)

Pour faire face aux enjeux environnementaux, 74% (-6 points depuis le 24 août 2022) des Français considèrent que nous sommes dans l’obligation de changer nos habitudes, et adopter un mode de vie plus sobre (réduction de notre consommation). A l’inverse, 25% (+7) estiment que nous pouvons faire face aux enjeux environnementaux tout en gardant nos habitudes et notre mode de vie actuels.

Cette conviction s’érode légèrement mais reste largement majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats.

Les Français se disent prêts à vivre plus sobrement : moins consommer d’énergie, changer ses habitudes de consommation et moins prendre la voiture

Pour contribuer à limiter le dérèglement climatique, 82% des Français se disent prêts à réduire leur consommation d’énergie (électricité, gaz) à leur domicile, 72% à privilégier des produits d’occasion ou de location, 68% à payer leurs fruits et légumes un peu plus cher pour qu’ils soient produits localement et 65% sans pesticide, et 67% à manger moins de viande.

Cette intention déclarée d’adopter personnellement un mode de vie plus sobre s’exprime au sein de l’ensemble des catégories de population et électorats. Quelques écarts peuvent être notés selon la situation financière en fins de mois et l’opinion politique : les Français qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre (68%-84%), les électeurs d’Emmanuel Macron (70%-91%) et de Jean-Luc Mélenchon (67%-86%) en ont davantage l’intention que les Français qui doivent se restreindre financièrement (57%-80%), les électeurs de Marine Le Pen (56%-83%) et les abstentionnistes (61%-78%).

De plus, 65% des automobilistes réguliers (Français qui prennent la voiture plusieurs fois par semaine, ils représentent 80% de la population) se disent prêts à prendre moins la voiture. En revanche, seuls 31% des Français qui prennent l’avion régulièrement ou occasionnellement (au moins 1 fois tous les 2 ans, 39% de la population) se disent prêts à ne plus prendre l’avion.

Une opinion favorable à l’interdiction des vols intérieurs mais opposée à des limitations strictes de vitesse et à l’interdiction de vendre des voitures thermiques

Pour réduire les émissions de carbone et limiter le dérèglement climatique, une majorité de Français (69%) est favorable à l’interdiction des vols intérieurs (entre deux villes françaises) dès 2026. Cette mesure est majoritairement approuvée quelle que soit la fréquence d’utilisation de l’avion : au moins 1 fois par an (58%), environ 1 fois tous les 2 ans (69%) ou moins souvent/jamais (74%).

En revanche, une courte majorité (55%) est opposée à l’interdiction des vols inter-européens (entre deux villes européennes) dès 2026. Cette mesure clive davantage la population selon la fréquence d’utilisation de l’avion : 69% des Français qui prennent l’avion au moins 1 fois tous les 2 ans y sont opposés tandis que ceux qui le prennent moins souvent ou jamais y sont plutôt favorables (54%).

Une majorité de Français est opposée aux limitations strictes de vitesse :

  • Réduire la vitesse à 90 km/h sur les autoroutes (74%, et 76% des automobilistes pluri-hebdomadaires y sont opposés)
  • Réduire la vitesse à 70 km/h sur les routes nationales (69%, et 72% des automobilistes pluri-hebdomadaires y sont opposés)

A noter qu’à l’inverse, une majorité de Français est favorable à la réduction de la vitesse à 110km/h sur les autoroutes (enquête « Baromètre de la transformation écologique » ELABE/Veolia réalisée du 23 au 26 septembre 2022).

Enfin, près de 3 Français sur 4 (74%) sont opposés à l’interdiction de la vente de voiture thermique (essence ou diesel) dès 2025. Les possesseurs de voiture thermique sont particulièrement opposés à cette mesure (79%) tandis que les conducteurs de voiture hybride/électrique (53% favorables, 47% opposés) et les non-automobilistes (50%-50%) sont beaucoup plus partagés.

Une courte majorité considère qu’il était nécessaire de mettre en place des remises à la pompe pour le pouvoir d’achat, même si cela a subventionné des énergies fossiles

Dans le détail, 53% partagent cette opinion. A l’inverse, 46% considèrent qu’on on aurait pu faire davantage d’investissements sur la transition écologique, même si le prix de l’énergie a augmenté.

Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron (63%) et de Marine Le Pen (57%) approuvent majoritairement la décision de l’exécutif de mettre en place des remises à la pompe, tandis que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon désapprouvent (56%) et pensent qu’on aurait pu utiliser cet argent public faire davantage d’investissements sur la transition écologique.

Des Français très partagés sur l’instauration d’un « permis carbone » fixant un seuil maximum annuel d’émission carbone à ne pas dépasser

52% des Français sont opposés à la mise en place d’un « permis carbone » par personne fixant un seuil maximum annuel d’émission carbone à ne pas dépasser, dont 28% assez opposés et 24% très opposés. A l’inverse, 48% y sont favorables, dont 40% assez favorables et 8% très favorables.

Le « permis carbone » est à l’origine d’un double clivage politique et générationnel :

  • Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (58% favorables) et d’Emmanuel Macron (57%) y sont majoritairement favorables, ceux de Marine Le Pen opposés (65%).
  • Les 18-24 ans (65% favorables) et dans une moindre mesure les 25-49 ans (53%) y sont majoritairement favorables tandis que les 50 ans et plus y sont opposés (59%)

Les actions des militants écologistes radicaux sont rejetées par l’opinion publique

71% des Français ne comprennent pas les activistes écologistes qui ont mené, ces dernières semaines, des actions afin d’alerter sur l’importance de la lutte contre le dérèglement climatique (jets sur des tableaux vitrés, blocages d’axes routiers).

Et 80% estiment que ces actions ne sont pas utiles pour faire avancer les choses en matière de lutte contre le dérèglement climatique et les pollutions.

Ces actions sont majoritairement rejetées au sein de toutes les catégories de population et électorats, on peut toutefois noter qu’une forte minorité des moins de 35 ans (41%) et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (40%) comprennent ces militants.

Une majorité estime que l’exécutif n’en fait pas assez pour lutter contre le dérèglement climatique, une critique toutefois en baisse constante depuis juillet 2019

53% des Français (-6 points depuis mars 2021) estiment que l’exécutif n’en fait pas assez pour lutter contre le dérèglement climatique et protéger l’environnement, 34% (+2) considèrent qu’il en fait juste ce qu’il faut et 13% (+5) trop.

Sur le temps long, le sentiment d’une action insuffisante de l’exécutif est en baisse constante depuis juillet 2019 (69% partageaient alors cette opinion, soit -16 points), et à l’inverse, la perception d’une action juste ce qu’il faut progresse (22%, soit +12).

D’un point de vue politique : la majorité des sympathisants Renaissance/alliés estime que l’action de l’exécutif est juste ce qu’il faut (60%, +6), tandis que les sympathisants de gauche (69%, -6) et RN (63%, +14) la jugent insuffisante.

Face aux défis environnementaux, de nombreux acteurs ont le pouvoir d’améliorer les choses aux yeux des Français

Une large majorité de Français considère que l’ensemble des acteurs testés ont le pouvoir d’améliorer les choses en matière d’environnement :

  • Les entreprises (82%, dont 45% tout à fait)
  • Les collectivités locales (82%, dont 37%)
  • Les Etats (81%, dont 51%)
  • Les citoyens, chaque individu (80%, dont 38%)
  • L’Union européenne (78%, dont 46%)
  • Les associations et ONG (72%, dont 32%)

Une perception partagée par l’ensemble des catégories de population et électorats.

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