A l’occasion des 4èmes Rencontres de la Mobilité Inclusive organisées à l’Assemblée Nationale le 18 janvier 2017, le cabinet ELABE a présenté les résultats de l’étude « Mobilité et Emploi ».
Voici les principaux enseignements et le rapport de l’étude :
Un accès partiel et inégal aux différents réseaux de transport
40% des Français estiment ne pas disposer d’un accès facile et rapide au réseau de transport local (métro, car, bus, tramway, réseau ferré local…), 37% au réseau de transport moyenne/longue distance (gare ferroviaire). Concernant les autres transports locaux (service de location de véhicules/auto-partage, covoiturage…), la part de la population qui s’estime pas ou mal desservie est encore plus forte (54%). Plus récents, ces réseaux restent encore difficile d’accès pour une majorité de Français.
Les populations estimant ne pas avoir un bon accès à ces différents moyens de transports sont systématiquement les populations vivant en milieu rural ou peu urbanisé.
Un diagnostic très partagé quant à l’offre de transport disponible
53% des Français considèrent que les moyens de transports sont suffisamment développés dans leur zone d’habitation, contre 47% qui font le constat contraire.
C’est auprès des populations qui résident dans les zones les plus urbaines que le sentiment d’un développement suffisant est le plus important : 79% dans l’agglomération parisienne et 72% dans les communes des plus de 100 000 habitants. En revanche, les personnes vivant dans les zones rurales ou peu urbanisées considèrent très majoritairement que les moyens de transports ne sont pas assez développés (77% pour les communes rurales et 62% pour les communes de 2 000 à 20 000 habitants).
Les déplacements quotidiens, une expérience de mobilité difficile pour plus de 4 Français sur 10
43% des Français déclarent avoir, au moins « de temps en temps » des difficultés dans leurs déplacements quotidiens. 13% d’entre eux estiment même en avoir régulièrement (et 30% « de temps en temps »).
Ces moments du quotidien, qu’il s’agisse de déplacements pour accéder au lieu de travail, d’études, ou à toutes autres activités, sont encore davantage empreints de difficultés parmi les populations suivantes : les usagers de transports en commun (74% au moins « de temps en temps » chez les usagers de TER, 66% de métro/RER et 57% de bus), les habitants de la région parisienne (67%), les résidents de banlieue (53%) ainsi que les plus jeunes (62% auprès des 18-24 ans).
Les difficultés de mobilité : un frein à l’insertion sur le marché de l’emploi
Près d’un Français sur cinq (19%) déclare avoir déjà renoncé à se rendre à un entretien d’embauche ou dans un structure d’aide à la recherche d’emploi parce qu’ils ne pouvaient s’y rendre. S’ils sont 12% à l’avoir vécu une seule fois, 7% affirment avoir du renoncer à plusieurs reprises. Le taux est légèrement plus élevé pour le renoncement à un travail ou une formation, par manque de moyen de se déplacer : près d’un sur quatre (23%) déclare avoir refuser un travail ou une formation pour ces raisons, dont 11% plusieurs fois.
Les populations les plus jeunes et socialement les plus fragiles (faible niveau de diplôme et faibles revenus) sont les plus touchées par ces problèmes de mobilité et d’accès à l’emploi : respectivement 43% et 46% des 18-24 ans déclarent avoir renoncé à un entretien (embauche ou recherche d’emploi) et avoir refusé un travail ou une formation, faute de pouvoir s’y rendre. Confirmant s’il le faut la fragilité des plus jeunes, les 25-34 ans sont également davantage concernés que la moyenne (respectivement 24% et 32%). Le phénomène touche avant tout les populations les moins diplômés (24% et 27% pour les individus ayant un niveau bac) et ayant les revenus les plus faibles (51% et 54% pour les personnes vivant dans un foyer avec moins de 1 000 euro par mois). Ils sont également plus nombreux parmi les non-titulaires du permis B (37% et 44%) et les usagers des transports en commun (32% et 39% pour les usagers du bus, 26% et 37% pour les usagers du métro/RER).
La conviction forte du lien entre mobilité et accès à l’emploi
86% des Français estiment que les difficultés d’accès à la mobilité constituent un frein à l’emploi, dont plus d’un tiers (35% « Oui, tout à fait ») en sont convaincus. Ce constat quasi-unanime illustre parfaitement la force du lien établi entre les questions de mobilité et les questions liées à l’emploi.
Si l’ensemble des catégories de population fait le même constat, il est d’autant plus fort auprès des catégories les plus exposées : les plus jeunes (42% « Oui, tout à fait » parmi les 18-24 ans), les personnes les moins diplômées (44% des individus n’ayant pas le niveau bac), ayant un revenu relativement faible (42% pour ceux vivant dans un foyer avec moins de 1 000 euro par mois). Les personnes non-titulaires du permis B sont également plus nombreuses à établir avec force ce lien (46% « Oui, tout à fait »).
La mobilité doit être un véritable enjeu pour les pouvoirs publics
59% des Français décrivent les questions de mobilité comme un « enjeu important » pour les pouvoirs publics, et 20% souhaitent qu’il soit un « enjeu prioritaire ». Au total, près de 8 Français sur 10 (79%) considèrent cette question comme un enjeu « prioritaire » ou « important », contre seulement 21% qui estiment qu’il s’agit d’un « enjeu secondaire ». Les personnes les plus âgées (84% chez les 50-64 ans et 89% chez les 65 ans et plus), les résidents de l‘agglomération parisienne (87%), ainsi que les usagers des transports en commun (91% des usagers du bus, 89% des usagers du métro/RER) sont les populations qui considèrent encore davantage qu’il s’agit d’un enjeu « prioritaire » ou « important ».
Télécharger ici : Etude Elabe Mobilité et Emploi pour les Rencotres de la Mobilité Inclusive_Rapport d’étude