Souveraineté alimentaire : l’opinion est partagée entre une autonomie nationale et une entente européenne

Alimentation : une majorité de Français a le sentiment que le pays est en grande partie autonome

12% des Français considèrent que la France est entièrement autonome d’un point de vue alimentaire, 54% que le pays n’est pas entièrement autonome mais produit une grande partie de ses besoins alimentaires en France, et 33% que la France importe beaucoup sur le domaine de l’alimentation, elle n’est pas du tout autonome pour couvrir les besoins de sa population.

Cette perception d’une France pas entièrement autonome mais qui produit une grande partie de ses besoins alimentaires est partagée par une majorité absolue ou relative dans la plupart des catégories de population et électorats.

Elle est particulièrement présente chez les électeurs d’Emmanuel Macron (67%) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (54%). Les électeurs de Marine Le Pen sont plus partagés : 44% partagent cette opinion, 37% pensent que le pays importe beaucoup sur le domaine de l’alimentation et n’est pas du tout autonome et 18% qu’elle est entièrement autonome.

La perception d’une autonomie relative du pays (pas entièrement autonome mais produit une grande partie) est majoritairement perçue au sein de toutes les catégories socio-professionnelles (53% à 61%) sauf chez les ouvriers qui sont partagés entre cette opinion (38%) et le sentiment que le pays n’est pas du tout autonome (39%).

Pour répondre aux besoins alimentaires de la population, l’opinion est partagée entre une autonomie nationale et une entente européenne

Pour répondre aux besoins alimentaires de toutes les personnes qui vivent en France :

  • 46% des Français considèrent que la France doit produire tout ce dont elle a besoin sur son territoire, pour ne plus dépendre des autres pays
  • 41% que le pays doit s’entendre avec les pays de l’Union Européenne pour qu’ensemble, ils puissent produire tout ce dont ils ont besoin
  • 12% que l’on doit continuer de faire des échanges avec l’ensemble des pays du monde

Politiquement, une nette majorité des électeurs de Marine Le Pen souhaitent une autonomie complète du pays (62%) tandis que les électeurs d’Emmanuel Macron sont en faveur d’une entente européenne (57%). Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont quant à eux très partagés (47% ne plus dépendre des autres pays et 44% doit s’entendre avec les pays de l’UE).

Les cadres et les plus jeunes ont une opinion plus « ouverte » sur le monde : près de 50% des cadres et des 18-24 ans souhaitent que la France s’entendent avec les autres pays de l’Union européenne et près de 20% qu’elle continue d’échanger avec les reste du monde.

Des Français sceptiques sur notre capacité à développer une production alimentaire qui concilie quantité, qualité pour la santé et respect de la planète

Une majorité de Français est optimiste sur notre capacité à atteindre d’ici 2050 des niveaux de production alimentaire suffisants pour répondre aux besoins de la population :

  • 60% estiment que nous serons capable d’avoir une production alimentaire en quantité suffisante pour couvrir les besoins alimentaires de l’ensemble de la population française

L’opinion publique est en revanche plus sceptique sur notre capacité à atteindre cet objectif en répondant à des exigences sanitaires et environnementales :

  • 53% estiment que nous serons capable d’avoir une production alimentaire en quantité suffisante ET EN MEME TEMPS de bonne qualité pour la santé pour l’ensemble de la population française
  • 49% d’avoir une production alimentaire en quantité suffisante, de bonne qualité pour la santé ET EN MEME TEMPS respectueuse de la planète (émissions de CO2, exploitation des sols, des ressources naturelles, etc.)

En termes d’âge, les plus jeunes (18-24 ans) sont majoritairement moins optimistes (51% en quantité suffisante, 41% bonne qualité pour la santé et 37% respectueuse de la planète) mais l’optimise croit avec l’âge est devient majoritaire chez les 65 ans et plus (61%, 60% et 54%).

Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron sont les plus optimistes sur notre capacité à répondre aux défis alimentaires (71% en quantité suffisante, 64% bonne qualité pour la santé et 54% respectueuse de la planète), les personnes plus éloignées de la politique (abstentionnistes) sont moins optimistes (49%, 41%, 41%). Une courte majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon pense que nous parviendrons à produire de la nourriture en quantité suffisante (55%) et de bonne qualité (54%) mais seule une minorité pense que nous le ferons en respectant la planète (40%). Concernant cette exigence écologique, les électeurs de Marine Le Pen sont les plus optimistes (58%).

Inflation alimentaire : aux yeux de l’opinion les responsabilités sont partagées

Pour les Français, les 3 principaux facteurs qui expliquent la hausse importante des prix alimentaires sont le fait que l’industrie agroalimentaire augmente trop fortement ses tarifs (cité par 53%, 2 réponses possibles parmi 5 items), que la grande distribution ne réduit pas assez ses marges (52%) et le contexte international de guerre en Ukraine et de tensions avec la Russie (48%).

Derrière ces trois raisons, 1 Français sur 3 (33%) cite le dérèglement climatique qui réduit le volume des récoltes et moins d’1 Français sur 10 (8%) les agriculteurs qui demandent des hausses de prix trop importantes.

Au global, on retrouve cette même hiérarchie dans la plupart des catégories de population et électorats, quelques différences peuvent toujours être notées :

  • La responsabilité attribuée à l’industrie agroalimentaire augmente avec l’âge, de 36% chez les 18-24 ans à 66% chez les 65 ans et plus
  • Le dérèglement climatique est particulièrement cité par les 18-24 ans (51%, 2ème raison derrière la guerre en Ukraine à 55%)
  • Le contexte international de guerre en Ukraine et de tensions avec la Russie est la 1ère raison évoquée chez les électeurs d’Emmanuel Macron (56%, devant l’industrie agroalimentaire à 52%)

Le regard de l’Institut Montaigne :

« Les résultats de ce sondage confirment un élément majeur de notre rapport “En campagne pour l’agriculture de demain” (2021) : les Français se soucient particulièrement de leur sécurité alimentaire. Face à la guerre en Ukraine – et ses conséquences directes sur les chaînes d’approvisionnement et l’inflation alimentaire – la majorité des sondés appelle à davantage de protectionnisme franco-européen. Les opinions défavorables sur les accords de libre échange tranchent paradoxalement avec la volonté des sondés de disposer d’une offre alimentaire à bas prix. Enfin, le scepticisme des sondés (à 51 %) sur notre capacité collective à concilier nourriture en quantité suffisante, de bonne qualité et respectueuse de l’environnement, marque toute la difficulté, réelle, que représente la transition écologique de l’agriculture. »


Télécharger le rapport : Les Français et la souveraineté alimentaire

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