Grand débat : l’exécutif face au scepticisme et aux fortes attentes sur le pouvoir d’achat

Le scepticisme grandit à quelques jours de la restitution du « grand débat national ».

Pour 79% des Français le « grand débat national » ne résoudra pas la crise politique que traverse le pays (+9 points par rapport au mois de mars), 68% que les points de vue exprimés lors de celui-ci ne seront pas pris en compte (+5 points) et 62% que le « grand débat national » permettra d’améliorer la participation des citoyens aux décisions (+7 points).

Socialement :

L’ensemble des catégories sociales est majoritairement sceptique vis-à-vis des résultats du « grand débat national ». Ce scepticisme est particulièrement prononcé chez les 35-49 ans, les 50-64 ans, les professions intermédiaires et les ouvriers. Ces catégories sont entre 67% et 70% à estimer que le « grand débat national » ne permettra pas d’améliorer la participation des citoyens aux décisions, entre 70% et 75% à considérer qu’Emmanuel Macron et son gouvernement ne tiendront pas compte des points de vue exprimés lors du « grand débat national » et entre 83% et 86% à estimer que le « grand débat national » ne permettra pas une sortie de la crise que traverse le pays.

Politiquement :

On constate un clivage entre les électeurs d’Emmanuel Macron et les électeurs des autres principaux candidats au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Les électeurs d’Emmanuel Macron sont les seuls à escompter majoritairement des résultats positifs du « grand débat national », ils sont notamment 72% à estimer que les points de vue exprimés seront pris en compte par l’exécutif et 69% à considérer que la participation des citoyens aux décisions s’améliorera. Par contre, ils ne sont que 46% à penser qu’il permettra une sortie de crise (-12 points par rapport au mois de mars).

Succès ou échec du « grand débat national » : des Français indécis.

Un peu plus d’un tiers des Français ont un avis tranché sur le « grand débat national » :

  • 31% des Français estiment que le « grand débat national » est un échec pour Emmanuel Macron et son gouvernement,
  • Et 6% un succès.

En revanche, plus de 6 Français sur 10 ont un avis partagé ou indécis :

  • 32% estiment que ce n’est ni un succès ni un échec,
  • et 31% qu’il est trop tôt pour se prononcer.

Ce sont notamment, les personnes âgées entre 50 et 64 ans (36%), les ouvriers (40%) et les habitants des communes rurales (35%) qui jugent que le « grand débat national » est un échec pour Emmanuel Macron et son gouvernement.

Politiquement, les électeurs de Marine Le Pen au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 sont 58% à considérer que c’est un échec, suivis par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui sont eux 40%.

Les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron sont très majoritairement partagés ou indécis :

  • Les électeurs de François Fillon sont 39% à estimer que ce n’est ni un succès ni un échec et 36% à considérer qu’il est trop tôt pour se prononcer.
  • Et ceux d’Emmanuel Macron sont 39% à estimer que ce n’est ni un succès ni un échec et 32% à considérer qu’il est trop tôt pour se prononcer.

A noter que 19% des électeurs d’Emmanuel Macron jugent que c’est un succès.

Restitution du « grand débat national » : 60% des Français attendent que l’exécutif agisse sur le pouvoir d’achat.

Amenés à se prononcer sur les trois thèmes sur lesquels ils souhaiteraient qu’Emmanuel Macron et son gouvernement agissent en priorité suite au « grand débat national », 60% des Français citent le pouvoir d’achat (dont 28% en 1er).

Le pouvoir d’achat est notamment cité par 70% des 25-34 ans, 70% des catégories sociales moyennes et populaires et 69% des électeurs de Marine Le Pen au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017.

Suit un groupe de quatre thèmes qui inclut la baisse des dépenses publiques (37%, citée en 1er par 15%), les réductions des inégalités sociales (36%, cité en 1er par 11%), la présence des services publics sur les territoires (hôpitaux, écoles, police, etc.) (35%, citée en 1er par 10%), et la baisse des impôts (33%, citée en 1er par 11%).

Dans le détail :

  • La baisse des dépenses publiques est notamment citée par 48% des personnes âgées de 65 ans et plus, et 63% des électeurs de François Fillon.
  • La réduction des inégalités est notamment citée par 44% des ouvriers, 44% des habitants de petites agglomérations et 47% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon.
  • La présence des services publics sur les territoires est notamment citée par 40% des femmes, 42% des catégories sociales supérieures, 43% des habitants des communes rurales et 44% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon
  • Enfin, la baisse des impôts est notamment citée par 43% des 35-49 ans, 41% des catégories sociales moyennes et populaires, et 40% des habitants des grandes agglomérations.

Plus loin, viennent la justice fiscale (citée par 28% des Français), la participation des citoyens aux décisions (21%), la transition énergétique (21%), la simplification de l’administration publique (14%) et le transfert de plus de pouvoirs aux collectivités territoriales (7%).

Pour la moitié des Français (50%), les annonces à l’issue du « grand débat national » doivent d’abord répondre à la crise sociale.

Amenés à se prononcer sur leurs deux principales attentes au sujet des annonces qu’Emmanuel Macron fera lors de la restitution du « grand débat national », 50% des Français (dont 32% en 1er) souhaitent qu’elles répondent à la crise sociale, 42% (dont 20% en 1er) qu’elles contiennent des mesures pour relancer l’économie, 31% (dont 16% en 1er) qu’elles engagent des réformes profondes pour le pays, et 20% (dont 8% en 1er) qu’elles rassemblent les Français. Enfin, 23% des Français n’attendent rien des annonces d’Emmanuel Macron.

 

 

Crédits image : G.Garitan / Wikimédia Commons