Les Français et la situation post élections législatives

7 Français sur 10 ne sont pas satisfaits des résultats des Législatives et de la composition de la nouvelle Assemblée nationale    

71% n’en sont pas satisfaits, dont 39% pas vraiment satisfaits et 32% pas du tout satisfaits. A l’inverse, 29% se disent satisfaits, dont 25% plutôt satisfaits et 4% très satisfaits.

Si l’insatisfaction domine chez les électeurs du Rassemblement National au 1er tour des Législatives (94%), comme chez les électeurs LR (79%) et d’Ensemble (78%), la majorité des électeurs du NFP (60%) se disent satisfaits de la composition de la nouvelle Assemblée Nationale.

Au lendemain des Législatives, l’opinion estime que dissoudre l’Assemblée nationale a été une mauvaise décision

Au lendemain des élections législatives, en voyant les résultats et la composition de la nouvelle Assemblée nationale, 65% des Français estiment que la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée a été une mauvaise décision, contre 34% une bonne décision. Depuis l’annonce de la dissolution l’opinion des Français s’est totalement inversée : ils étaient le 15 juin 58% à estimer qu’Emmanuel Macron avait pris une bonne décision, contre 41% une mauvaise.

Un regard critique sur cette décision qui est majoritaire dans tous les électorats (80% LR, 68% RN, 64% NFP, 59% Ensemble).

Pour 3 Français sur 4, le pays n’est pas gouvernable

En voyant les résultats des élections Législatives et la composition de la Nouvelle Assemblée nationale, 74% des Français estiment que le pays n’est pas gouvernable, contre 25% qu’il est gouvernable.
Un pessimisme qui traverse tous les autres principaux électorats (93% RN, 83% LR, 68% Ensemble, 58% NFP).

Le NFP et le RN sont les forces politiques qui sortent les plus renforcés de cette séquence électorale aux yeux des Français, même si 3 sur 10 ne voient aucun gagnant

35% des Français estiment le Nouveau front populaire est le camp politique qui sort le plus renforcé des élections législatives, devant le Rassemblent National (30%). Seuls 5% citent le camp présidentiel Ensemble et 2% Les Républicains. Pour 28%, aucune de ces forces politiques ne sort gagnante de ces élections.

La majorité des électeurs du NFP (68%) et du RN (61%) considèrent que leur camp respectif sort le plus renforcé de ce scrutin. Les électeurs d’Ensemble (36% NFP, 35% aucun, 15% Ensemble, 13% RN) et LR (32% aucun, 29% NFP, 28% RN, 7% Ensemble) sont plus partagés.

Ce que les Français retiennent des résultats : un échec pour Ensemble qui perd des députés, un succès en demi-teinte pour le NFP et le RN qui en gagnent mais qui sont loin de la majorité absolue

Pour les Français, ces élections législatives sont avant tout un échec pour Emmanuel Macron et de son camp « Ensemble » qui perdent environ 90 députés par rapport à 2022 (75%) et également un échec relatif pour Les Républicains et la droite qui arrivent très loin derrière les 3 premières forces politiques avec une soixantaine de députés (72%).

Les Français sont plus partagés…

  • …concernant le NFP : 49% voient un succès pour la gauche qui arrive en tête et gagne plus de 30 députés, 49% un échec relatif pour le NFP qui est très loin de la majorité absolue malgré leur 1ère place avec environ 192 députés
  • … et à l’égard du RN : 55% voient un succès pour le Rassemblement National qui gagne plus de 50 députés par rapport à 2022, contre 44% une contre-performance pour le Rassemblement National qui arrive très loin de la majorité

D’un point de vue politique :

  • Les électeurs (de 1er tour) du NFP estiment que ces résultats sont un succès pour leur camp (77%) et un échec pour tous les autres (60%-80%)
  • Les électeurs RN ont un regard semblable, ils voient dans ces résultats un succès pour leur camp (78%) et un échec pour les autres (70%-85%)
  • Les électeurs d’Ensemble sont une majorité à voir un échec pour toutes les forces politiques, y compris pour leur camp (55%), sauf pour le NFP dont ils ont une opinion partagée (50% échec relatif, 49% succès)
  • Les électeurs LR considèrent en majorité qu’il s’agit d’un succès pour le RN (54%) et un échec pour les autres, y compris pour leur formation politique (66%)

Qui pour gouverner la France ? Aucune des principales hypothèses ne convainc une majorité de Français

La coalition centrale, Ensemble-LR-Gauche sans LFI, est le scénario le moins rejeté

Concernant la constitution d’un gouvernement à l’issue des élections législatives :

  • 39% des Français sont favorables (contre 60% opposés) à une alliance entre le camp présidentiel, les partis de gauche sans la France Insoumise et avec Les Républicains
  • 34% sont favorables (contre 64% opposés) à une alliance entre le camp présidentiel et Les Républicains, sans personnalités issues de la gauche
  • 30% sont favorables (contre 69% opposés) à un gouvernement constitué exclusivement de personnalités issues des partis de gauche (La France Insoumise, Parti socialiste, Parti Communiste, Les Ecologistes)
  • 25% sont favorables (contre 74% opposés) à une alliance entre le camp présidentiel et les partis de gauche avec la France Insoumise et sans Les Républicains
  • 24% sont favorables (contre 74% opposés) à une alliance entre le camp présidentiel, les partis de gauche avec la France Insoumise et avec Les Républicains

D’un point de vue politique :

  • La coalition « bloc central » allant de la gauche sans LFI aux Républicains est soutenue par les électeurs d’Ensemble (77% favorables) et de LR (58%) mais les électeurs NFP y sont opposés (69%).
  • La coalition « centre-droit » entre Ensemble et Les Républicains est approuvé par leurs électorats respectifs (71% et 68%)
  • Un gouvernement de gauche constitué uniquement de personnalités issues du NFP est plébiscité par ses électeurs (73%) mais rencontre une opposition très forte dans les autres électorats (87%-92%)
  • L’alliance entre la gauche et le centre (sans Les Républicains, avec La France Insoumise) est approuvée par une courte majorité d’électeurs du NFP (55%) mais est désapprouvée par les autres électorats, y compris par celui d’Ensemble (82% opposés).
  • Enfin, une alliance allant de La France Insoumise aux Républicains ne convainc aucun électorat : 57% des électeurs NFP y sont opposés, 78% d’Ensemble et 76% d’LR
  • Les électeurs du RN rejettent l’ensemble de ces configurations (71% à 94%)

Si le NFP se met d’accord sur une personnalité à proposer comme Premier ministre, 1 Français sur 2 estime qu’Emmanuel Macron doit la charger de former un gouvernement

Si les différentes formations politiques du « Nouveau front populaire » se mettent d’accord sur le nom d’une personnalité à proposer comme Premier ministre, 50% des Français estiment qu’Emmanuel Macron doit charger cette personnalité de former un gouvernement, même si la gauche n’a pas la majorité absolue à l’Assemble nationale. 49% ont un avis contraire.

Les électeurs du NFP soutiennent massivement cette éventualité (84%), les électeurs du RN (71%) et de LR (67%) la rejettent. Les électeurs d’Ensemble sont très divisés (53% non, 47% oui).

38% des Français souhaitent que Gabriel Attal soit Premier ministre, 35% Jordan Bardella

Parmi les personnalités de gauche, Raphaël Glucksmann (31%) devance François Ruffin (26%) et Olivier Faure (24%)

Au lendemain des Législatives, 38% (+3 points depuis le 27 juin dernier) des Français souhaitent que Gabriel Attal soit Premier ministre, 35% (-2) Jordan Bardella, 31% (+6) Raphaël Glucksmann, 26% (+7) François Ruffin, 24% Olivier Faure, 24% (+8) François Bayrou, 21% Bernard Cazeneuve, 19% Marine Tondelier, 16% (+3) Gérard Larcher, 16% (+2) Laurent Berger, 14% (+3) Clémentine Autain, 13% (=) Jean-Luc Mélenchon, 13% (+2) Manuel Bompard, 12% Carole Delga, 11% Clémence Guetté et 11% Boris Vallaud.

Jordan Bardella (85%) et Gabriel Attal (82%) bénéficient d’un soutien quasi-unanime dans leur socle électoral respectif (électeurs RN pour le premier, électeurs Ensemble pour le second). L’actuel Premier ministre bénéficie également d’un soutien important de la part des électeurs LR (72%), ce qui n’est pas du tout le cas de Jordan Bardella (10%).

Au sein des électeurs du NFP, aucune personnalité ne fait consensus. Raphaël Glucksmann (55%), François Ruffin (52%) et Marine Tondelier (49%) devancent Olivier Faure (45%), Clémentine Autain (38%), Manuel Bompard (34%), Laurent Berger (28%), Jean-Luc Mélenchon (27%), Clémence Guetté (27%), Carole Delga (22%), Boris Vallaud (21%) et Bernard Cazeneuve (18%).

Certaines personnalités disposent d’un certain crédit en dehors de la gauche : c’est le cas de Bernard Cazeneuve (46% électeurs LR, 42% électeurs Ensemble) et de Raphaël Glucksmann (43% électeurs Ensemble).

Enfin, 46% des électeurs d’Ensemble (et 33% LR) souhaitent que François Bayrou soit nommé Premier ministre, près d’ 1 électeur sur 3 d’Ensemble et LR partagent cette opinion pour Gérard Larcher, et 1 électeur sur 4 du NFP, d’Ensemble et de LR verraient Laurent Berger à Matignon.

Une courte majorité (52%) de Français estime que les désistements des candidats de gauche et du centre pour « faire barrage » au RN sont « des magouilles » et « des alliances politiciennes contre-nature »

Concernant les désistements des candidats de gauche et du centre arrivés en 3ème position pour « faire barrage » au Rassemblement National, 52% des Français estiment que ces désistements sont « des magouilles », « des arrangements électoraux » et « des alliances politiciennes contre-nature ». A contrario, 45% considèrent que c’est normal que les partis du centre et de la gauche se soient entendus pour lutter contre le RN, cela correspond à leurs valeurs, et leurs électeurs ont approuvé ce choix en votant contre le RN.

Cette question des désistements clive d’un point de vue politique : une large majorité d’électeurs de 1er tour du NFP (84%), et dans une moindre mesure d’Ensemble (60%) et de LR (57%) portent un jugement positif. A l’inverse, 92% des électeurs du RN et 54% des abstentionnistes sont critiques.

Les Français comme les électeurs du RN expliquent la « contre-performance » de ce parti par un front républicain très suivi, mais aussi par son excès de confiance, par les polémiques (propos racistes, binationaux) qui ont émaillé la campagne et l’impréparation de certains de ses candidats

Malgré un large succès aux élections européennes (en tête avec 31% des voix) et au 1er tour des élections législatives (en tête avec 37% des voix), le Rassemblement National (RN) et ses alliés ont obtenu 143 sièges à l’issue du 2nd tour, bien loin des 289 nécessaires pour obtenir la majorité absolue. Les Français expliquent ce résultat par les raisons suivantes : un « front républicain » très suivi (40%, 2 réponses possibles parmi 7 items), un excès de confiance du RN qui pensait avoir déjà gagné (38%), les candidats RN ayant tenu ou relayé des propos racistes (32%), la polémique sur les binationaux (25%), la mauvaise préparation de certains de ses candidats (25%), le manque d’implantation (15%) et ses hésitations sur la réforme des retraites (12%).

Les principaux électorats partagent une opinion assez proche sur cette question, y compris celui du RN qui n’exempte pas son camp de toute critique : après le « front républicain » cité par 45% d’entre eux, 26% évoquent l’impréparation, 25% le manque d’implantation, 23% l’excès de confiance, 23% les propos racistes, 22% la polémique sur les binationaux et 9% les hésitations sur la réforme des retraites. C’est, au global, 84% des électeurs RN qui expliquent cette contre-performance par au moins 1 raison endogène au parti de Jordan Bardella.

Des Français très partagés sur les chances du RN de remporter les prochains scrutins

Concernant les prochaines échéances électorales du Rassemblement National, 51% des Français pensent qu’il ne parviendra pas à arriver au pouvoir, contre 48% qu’il arrivera au pouvoir lors des prochaines élections législatives ou présidentielle.
Les électeurs du RN sont confiants sur une victoire future de leur camp (78%), les autres électorats pensent que cela n’arrivera pas (66%-72%).


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Crédits image : Wikimédia commons / Richard Ying et Tangui Morlier