Pas de nouveau gouvernement : les Français commencent à s’impatienter

Pas de nouveau gouvernement : les Français commencent à s’impatienter

Plus de 7 semaines après les élections législatives et au terme des premières consultations menées par Emmanuel Macron, aucune personnalité n’a été nommée au poste de Premier ministre. 55% (+5 points depuis le 24 juillet) des Français estiment que cette situation est un problème, il ne faut pas que la France reste sans gouvernement de « plein exercice » pendant aussi longtemps. A contrario, 44% (-5) considèrent que cela n’est pas un problème, il vaut mieux prendre le temps de trouver une coalition et un gouvernement stable. 

Le regard de l’opinion sur cette situation se durcit en 1 mois de manière relativement homogène entre les catégories de population et électorats. Les électeurs du NFP (76% c’est un problème, +2) et du RN (57%, +3) sont les plus critiques, nettement plus que les électeurs de LR (42%, +4) et du camp présidentiel Ensemble (30%, +4).

Une majorité de Français comprend la décision d’Emmanuel Macron d’écarter l’option d’un gouvernement NFP au nom de « la stabilité institutionnelle »

56% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron a eu raison d’écarter l’option d’un gouvernement du Nouveau Front populaire au nom de « la stabilité institutionnelle », contre 43% qu’il a eu tort. 

Un choix très clivant politiquement : il est largement approuvé par les électeurs d’Ensemble (88% a eu raison), de LR (83%) et du RN (70%) mais est vivement critiqué par les électeurs du NFP (82% a eu tort).

Et une courte majorité n’y voit pas « un déni de démocratie »

Certaines personnalités de gauche dénoncent un « déni » de démocratie après le refus d’Emmanuel Macron de nommer la personnalité proposée par le Nouveau Front populaire, Lucie Castets, au poste de Première ministre. 52% des Français estiment que ce refus n’est pas un déni de démocratie, dont 29% pas vraiment et 23% pas du tout. A l’inverse, 47% considèrent que c’est un déni de démocratie, dont 25% plutôt et 22% tout à fait. 

Les électeurs du NFP partagent massivement (82%) l’opinion des responsables de gauche qui évoquent un déni de démocratie. Les principaux autres électorats ne sont pas de cet avis : électeurs d’Ensemble (78% pas un déni de démocratie), électeurs LR (72%) et du RN (64%).

Emmanuel Macron reste aux yeux de l’opinion le 1er responsable de cette situation 

Aucune force politique ou coalition n’a le soutien d’une majorité absolue de députés et le nouveau gouvernement n’a pas encore été nommé. 63% (+3 points depuis le 24 juillet) des Français estiment qu’Emmanuel Macron et le camp présidentiel sont le principal responsable de cette situation, 27% (=) le NFP, 7% (-2) le RN et 2% (-1) LR. 

En 1 mois la responsabilité imputée au Président progresse dans son camp (38% électeurs Ensemble, +4) – même si une majorité continue de l’attribuer au NFP (57%, +6) – ainsi que dans l’électorat LR (58%, +9). Cette opinion reste très prégnante chez les électeurs NFP (77%, =) et RN (62%, -2).

Qui pour gouverner ? Une majorité de Français favorable à un gouvernement « technique » et 1 sur 2 à une coalition allant de la gauche (sans LFI) à LR 

Pour constituer le prochain gouvernement, 67% des Français sont favorables à un gouvernement « technique » composé d’experts qui ne sont pas issus d’un parti politique, 49% (contre 50% opposés) à une coalition entre certains partis de gauche (sans la France Insoumise) et le camp présidentiel et 48% (contre 51% opposés) à une coalition entre certains partis de gauche (sans la France Insoumise), le camp présidentiel et Les Républicains (LR). Un gouvernement formé exclusivement de personnalités issues du « Nouveau Front Populaire » (68% opposés) et dans une moindre mesure une coalition entre le camp présidentiel et Les Républicains (56%) rencontrent une opposition majoritaire dans l’opinion.

 D’un point de vue politique :

  • Le gouvernement « technique » composé d’experts bénéficie d’un soutien majoritaire dans tous les principaux électorats, électeurs Ensemble (78% favorables), LR (75%), RN (63%) et NFP (59%)
  • La coalition entre le NFP (sans LFI) et le camp présidentiel est majoritairement approuvée par leurs électeurs respectifs (60% et 66%) et par celui de LR (57%)
  • La coalition plus large du NFP (sans LFI) jusqu’aux Républicains est fortement soutenue par les électeurs Ensemble (80%), LR (72%) mais divise les électeurs NFP (55% opposés, 45% favorables)
  • Un gouvernement entièrement NFP est plutôt soutenu par ses électeurs (66% favorables) mais est rejeté par tous les autres principaux électorats (75% à 89% opposés)
  • A noter qu’en dehors du « gouvernement technique », les électeurs du RN sont majoritairement opposés à l’ensemble des hypothèses testées

Nouveau Premier ministre : aucune personnalité n’obtient une majorité de soutien

Gabriel Attal et Jordan Bardella, tous deux en forte hausse, recueillent le plus d’approbation. Ils devancent Bernard Cazeneuve, Xavier Bertrand, Lucie Castets et Raphaël Glucksmann

41% des Français souhaitent que Gabriel Attal soit le prochain Premier ministre (en forte hausse de 7 points depuis le 17 juillet), 38% (+3) Jordan Bardella, 28% Bernard Cazeneuve, 28% Xavier Bertrand, 26% Lucie Castets et 25% (-2) Raphaël Glucksmann. Les autres personnalités obtiennent l’approbation de moins de 25% des Français.

Quelques enseignements d’après une lecture politique :

  • Gabriel Attal convainc particulièrement les électeurs d’Ensemble (77%, +6) et de LR (70%, +8) et progresse également fortement chez les électeurs RN (37%, +10)
  • Jordan Bardella « fait le plein » auprès de son électorat (85%, +3) et bénéficie du soutien de 4 électeurs LR sur 10
  • Bernard Cazeneuve a le soutien d’une majorité d’électeurs d’Ensemble (55%) mais d’une minorité du NFP (24%)
  • Xavier Bertrand a le soutien d’1 électeur sur 2 d’Ensemble et de LR
  • Lucie Castets est la personnalité la plus plébiscitée dans l’électorat NFP (61%) mais ne dispose d’aucun soutien ailleurs (10% Ensemble, 18% LR, 9% RN)
  • Raphaël Glucksmann, en comparaison avec L. Castets, convainc moins dans son camp (45%) mais dispose de plus de soutien dans le camp présidentiel (41%)
  • Jean-Luc Mélenchon enregistre une forte progression dans son camp (31% auprès des électeurs NFP, +8)

Le scepticisme sur la capacité des partis qui ont « fait barrage » au RN à s’entendre pour former un gouvernement reste fort malgré un léger recul 

Alors qu’Emmanuel Macron a engagé plusieurs cycles de consultations avec des responsables politiques et des personnalités de la société civiles, 65% (-7 points depuis le 24 juillet) des Français pensent que le camp présidentiel et les partis de gauche et de droite qui ont « fait barrage » contre le Rassemblement National ne parviendront pas à s’entendre pour former une coalition et un gouvernement stables, dont 47% (+1) probablement pas et 18% (-8) certainement pas. A l’inverse, 34% (+7) pensent qu’ils y parviendront, dont 29% (+8) probablement et 5% (-1) certainement.

En 1 mois, le sentiment qu’une entente est possible progresse fortement chez les électeurs d’Ensemble (56% oui, +17) et de LR (38%, +13) tandis que les électeurs du NFP (68% non, +5) et du RN (80%, -3) restent très sceptiques.

Pour une majorité de Français, les responsables PS, PCF et écologistes ont tort de refuser de participer au nouveau cycle de consultations 

56% des Français considèrent que les responsables du PS, écologistes et du PC ont tort de refuser de participer au deuxième cycle de consultations initié ce mardi par Emmanuel Macron, contre 43% qu’ils ont raison. 

Une décision soutenue par les électeurs du NFP (64% ont raison) mais critiquée dans les autres électorats : électeurs d’Ensemble (80% ont tort), LR (66%) et du RN (61%).

Même s’ils sont largement convaincus qu’elle n’aboutira pas, 1 Français sur 2 est favorable à la motion proposée par LFI visant à destituer Emmanuel Macron de ses fonctions de Président de la République

Suite au refus d’Emmanuel Macron de nommer au poste de Premier ministre la personnalité proposée par le Nouveau Front populaire, La France insoumise a déclaré dans un communiqué qu’une motion visant à destituer Emmanuel Macron de ses fonctions de Président de la République serait présentée par ses députés au bureau de l’Assemblée nationale « conformément à l’article 68 de la Constitution ». 50% des Français sont opposés à cette motion de destitution, dont 28% plutôt opposés et 22% très opposés. A l’inverse, 49% y sont favorables, dont 26% plutôt favorables et 23% très favorables.

 On observe des différences notables entre les électorats :

  • Les électeurs du NFP y sont majoritairement favorables (64%), même si plus d’1 sur 3 (36%) s’y opposent
  • Les électeurs du RN sont très partagés (50% favorables, 50% opposés)
  • Les électeurs d’Ensemble (86% opposés) et dans une moindre mesure de LR (61%) y sont opposés

74% des Français pensent que cette motion de destitution ne peut pas aboutir, dont 47% probablement pas et 27% certainement pas. A l’inverse, 26% pensent qu’elle peut aboutir, dont 18% probablement et 8% certainement.

Une opinion majoritaire dans tous les électorats, y compris chez les électeurs du NFP (71%) et chez les Français qui sont favorables à cette motion (55% ne peut pas aboutir).


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Crédits image : Wikimédia commons / Richard Ying et Tangui Morlier