La nécessité et l’urgence de faire une nouvelle réforme des retraites reste majoritaire mais recule dans l’opinion
Au regard de la situation économique de la France et du déficit public, 45% des Français jugent qu’il est urgent de faire une nouvelle réforme des retraites, 27% qu’il faudra faire une nouvelle réforme mais ce n’est pas urgent et 27% qu’il n’est pas nécessaire de faire une nouvelle réforme des retraites. Depuis notre mesure réalisée en aval de la publication du rapport de la Cour des comptes sur l’état financier de notre système de retraite, le sentiment qu’il est urgent de faire une nouvelle réforme recule (-7 points / 20 février 2025) et, a contrario, qu’il n’est pas nécessaire de le faire progresse (+10).
Cette dynamique s’observe principalement au sein de l’électorat d’Ensemble du 1er tour des Législatives 2024 (46%, -19 urgent / 24%, +15 pas nécessaire) et de droite (43%, -16 / 27%, +14). A rebours des autres électorats, l’urgence de réformer le système progresse chez les électeurs RN (53%, +5).
D’un point de vue socio-professionnel, on observe cette dynamique chez les retraités (40%, -13 urgent / 30%, +12 pas nécessaire) et les cadres (40%, -11 / 31%, +14), creusant l’écart avec les employés/ouvriers (50%) et les professions intermédiaires (48%) qui sont davantage convaincus de l’urgence de réformer notre système de retraite.
Age de départ : 56% des Français souhaitent revenir à 62 ans, un chiffre en baisse depuis janvier
Concernant l’âge légal de départ à la retraite, 56% (-6 points depuis le 8 janvier) des Français estiment Il faudrait revenir à la situation précédente à 62 ans, 36% (+5) qu’il faudrait la maintenir à 64 ans et 8% (+2) qu’il faudrait l’augmenter.
On observe d’un point de vue socio-professionnel une accentuation du clivage entre les retraités qui sont désormais majoritaire à souhaiter un maintien de l’âge de départ à 64 ans (57%, +12) et des actifs qui privilégient toujours le retour à 62 ans (65%, -3), notamment les employés/ouvriers (71%).
A ce clivage s’ajoute un clivage politique : les électeurs du NFP (70%) et du RN (57%) souhaitent un retour à 62 ans, les électeurs d’Ensemble (66%) et de droite (49% et 24% augmenter l’âge de départ) préfèrent le statu quo. A noter qu’au sein des électeurs NFP, les sympathisants LFI (86%) et EELV (67%) soutiennent massivement un retour à 62 ans, ce qui est moins le cas des sympathisants PS (53%, et 40% maintien 64 ans).
Les Français rejettent l’augmentation des cotisations et la baisse des pensions, mais soutiennent la retraite à points et l’introduction d’une dose de capitalisation
Parmi différentes pistes évoquées dans le débat public pour améliorer les finances de notre système de retraite :
- 88% des Français sont opposés au fait de réduire le montant des pensions de retraite, 71% (+8 points depuis le 20 février) augmenter les cotisations prélevées sur les actifs et 64% (+6) augmenter le nombre d’années de cotisation nécessaire pour percevoir une retraite à taux plein
- Mais à l’inverse, 67% sont favorables pour tout remettre à plat et instaurer le système de retraite à points, et 60% introduire une dose de capitalisation dans le système des retraites
D’un point de vue socio-professionnel et politique :
- Le rejet de la baisse des pensions et de l’augmentation des cotisations prélevées sur les actifs est massivement partagé par toutes les catégories socio-professionnelles et électorats
- A contrario, l’augmentation du nombre d’années de cotisation suscite davantage de divergences : les actifs (70%), les électeurs du NFP (77%) et du RN (64%) y sont opposés tandis que les retraités (50% favorables, 49% opposés), les électeurs de droite (59%) et d’Ensemble (56%) sont plus partagés voire y sont favorables
- La retraite à points est majoritairement soutenue dans tous les segments de la population, tout comme l’introduction d’une dose de capitalisation (sauf chez les électeurs du NFP, 54% opposés)
« Pour être en mesure de défendre ce que nous sommes, il faudra travailler plus » : 6 Français sur 10 ne sont pas d’accord avec Edouard Philippe mais le bloc central est en soutien
Dans une interview, l’ancien Premier ministre et candidat à la prochaine élection présidentielle Edouard Philippe s’est exprimé sur notre modèle social et le financement de la défense. Il a déclaré que « pour être en mesure de défendre ce que nous sommes, notre liberté, notre modèle démocratique et social, il faudra travailler plus dans la semaine ou dans l’année et aussi travailler plus longtemps dans la vie. ». 62% des Français ne sont pas d’accord avec ces propos, dont 32% pas du tout d’accord et 30% pas vraiment d’accord. A l’inverse, 37% sont d’accord, dont 28% plutôt d’accord et 9% tout à fait d’accord.
D’un point de vue politique, les électeurs d’Ensemble (69%) et de droite (62%) sont d’accord, les électeurs du NFP (70%), sympathisants PS (69%) et LFI (68%), et les électeurs du RN (68%) ne sont pas d’accord.
D’un point de de vue socio-professionnel, les actifs (67%), en particulier les professions intermédiaires (76%) et les employés/ouvriers (69%) désapprouvent ces propos tandis que les retraités sont partagés (50% pas d’accord, 49% d’accord).
50% des Français souhaitent qu’une motion de censure soit adoptée contre le gouvernement Bayrou, une proportion en forte hausse depuis fin janvier
50% des Français souhaitent que dans les prochaines semaines une motion de censure soit adoptée contre le gouvernement de François Bayrou sur ce sujet des retraites, dont 27% plutôt et 23% tout à fait. Une proportion en hausse constante depuis janvier (37% le 15 janvier, 41% le 29 janvier, et 50% aujourd’hui).
A l’inverse, 50% souhaitent qu’il n’y ait pas de censure, dont 34% pas vraiment et 16% pas du tout.
Dans le détail, l’on observe un clivage politique et socio-professionnel :
- Les électeurs du RN, à la faveur d’une très forte hausse (65%, +22 / 29 janvier), de sympathisants LFI (72%) et EELV (63%) sont un nette majorité à souhaiter la censure. Une opinion qui n’est partagée que par une minorité de sympathisants PS (41%), d’électeurs d’Ensemble malgré une forte hausse (22%, +12) et de droite (24%)
- La majorité des actifs (60%, +13), en particulier les employés/ouvriers (62%, +11), souhaitent désormais la censure, contre une minorité de retraités (31%, +7)
L’opinion sceptique sur la capacité du conclave à aboutir sur une nouvelle réforme des retraites
72% des Français pensent que ce « conclave » réunissant les partenaires sociaux ne permettra pas d’aboutir à une nouvelle réforme des retraites plus acceptée et plus viable financièrement, dont 49% probablement pas et 23% certainement pas. A l’inverse, 28% considèrent que ces discussions aboutiront à une nouvelle réforme, dont 24% probablement et 4% certainement.
Un scepticisme partagé par toutes les catégories de population et électorats, y compris par les électeurs d’Ensemble (68% non).
Le conclave, un coup politique de F. Bayrou pour éviter la censure du PS aux yeux de l’opinion
Concernant la démarche de François Bayrou de proposer aux partenaires sociaux de se réunir pour tenter de remettre à plat la réforme des retraites de 2023, 71% des Français estiment que c’est un coup politique pour gagner du temps et éviter une censure du PS, contre 28% une démarche sincère, pour aboutir à une nouvelle réforme qui soit plus acceptée.
Un jugement majoritaire dans toutes les catégories de la population et électorats, y compris chez les électeurs d’Ensemble (52%).
L’opinion très partagée sur la « méthode Bayrou » qui accorde plus de libertés dans les prises de parole de ses ministres
Les ministres du gouvernement actuel de François Bayrou ont une liberté et une autonomie dans leurs prises de parole plus grandes que lors des précédents gouvernements. 50% des Français estiment que c’est une mauvaise chose car les ministres ont parfois des discours contradictoires, François Bayrou devrait avoir davantage d’autorité et fixer un cap. A l’inverse, 49% considèrent que c’est une bonne chose que les ministres aient une plus grande liberté dans leurs prises de parole.
Une opinion relativement homogène entre les catégories de la population, même si quelques écarts peuvent être notés d’un point de vue politique : les électeurs du RN estiment plutôt qu’il s’agit d’une mauvaise chose (59%), les électeurs de droite (59%) et d’Ensemble (56%) une bonne chose, les électeurs du NFP sont partagés (50% bonne chose, 49% mauvaise chose).
Bruno Retailleau menace de démissionner si la France cède sur le dossier algérien : 65% des Français considèrent qu’il a raison
Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a menacé samedi de quitter le gouvernement si Paris renonce à un rapport de force avec l’Algérie pour qu’elle accepte d’accueillir ses ressortissants en situation irrégulière en France. 65% des Français estiment que Bruno Retailleau a raison menacer de quitter le gouvernement pour ce motif, contre 34% qu’il a tort.
Une position fortement soutenue dans tous les électorats et catégories de la population, sauf chez les sympathisants LFI (63% il a tort) et chez les 18-24 ans (52%).
57% des Français estiment que Bruno Retailleau est un bon ministre de l’Intérieur, en baisse depuis fin février
57% (-5 points depuis le 26 février 2025) des Français estiment que Bruno Retailleau est un bon ministre de l’Intérieur, dont 40% (-7) assez bon et 17% (+2) très bon. A l’inverse, 43% (+6) jugent qu’il est un mauvais ministre de l’Intérieur, dont 29% (+3) assez mauvais et 14% (+3) très mauvais.
La détérioration du regard de l’opinion sur Bruno Retailleau est essentiellement mesurée chez les électeurs du NFP (67% mauvais, +9), les 18-34 ans (62%, +20) et les cadres/professions intermédiaires (50%, +11).
Bruno Retailleau conserve, malgré cette légère baisse, une opinion favorable chez les électeurs de droite (84% bon), d’Ensemble (79%) et du RN (68%), et chez les 65 ans et plus (78%) et les 35-64 ans (57%).
Télécharger le rapport : Les Français et la réforme des retraites / Les Français et Bruno Retailleau
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