L’opposition à la réforme des retraites recule de 4 points, les Français restent très divisés
53% des Français sont opposés à la réforme des retraites telle qu’annoncée par le Premier ministre Edouard Philippe, une part d’opinions négatives en baisse de 4 points par rapport au 18 décembre (après une hausse de 8 points mi-décembre). Dans le détail, 29% sont plutôt opposés et 24% très opposés. A l’inverse, 46% (+3) des Français sont favorables à la réforme des retraites, dont 34% plutôt favorables et 12% très favorables.
La réforme des retraites fait toujours l’objet d’une double fracture (générationnelle et politique) dans la société française :
- Les 65 ans et plus sont toujours majoritairement favorables à cette réforme (64%, +11), tandis que les autres tranches d’âges sont majoritairement opposées : 57% (-10 points) des 18-24 ans sont opposés, 57% (-5) des 25-34 ans, 60% (+1) des 35-49 ans et 58% (+2) des 50-64 ans.
- Les électeurs d’Emmanuel Macron (77%, stable) et de François Fillon (76%, +6 points) du 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 sont majoritairement favorables à la réforme. A l’inverse, les autres électorats sont majoritairement opposés : Jean-Luc Mélenchon (79%, -2), abstentionnistes (66%, -4), Marine Le Pen (65%, -1) et Benoît Hamon (60%, -4).
D’un point de vue social, le soutien à la réforme est en hausse auprès des cadres (61%, +9). Les professions intermédiaires et les catégories populaires restent majoritairement opposées (respectivement 57% et 64%).
Si la suppression des différents régimes est soutenue par 2 Français sur 3, la mise en place d’un âge pivot à 64 ans cristallise l’opposition.
Interrogés sur 3 mesures clés de la réforme des retraites annoncée par le Premier ministre :
- 65% (-2) des Français sont favorables à la suppression des 42 régimes existants dont les régimes spéciaux, contre 35% (+2) qui y sont opposés.
La majorité des Français au sein de toutes les catégories de population sont favorables à cette mesure (hormis les plus jeunes qui sont partagés), c’est notamment le cas des 65 ans et plus (79% favorables) et des électeurs d’E. Macron (87%) et de F. Fillon (93%). Si cette mesure reste majoritairement approuvée, elle est en retrait de 5 points par rapport au 11 décembre 2019.
- 54% (+2) des Français sont favorables à la mise en place d’un système universel de retraite par points, contre 46% (-2) opposés.
Ce nouveau système de retraite est particulièrement approuvé par les cadres (68% favorables, +5), les Français âgés de 65 ans et plus (64%, +3), les électeurs d’E. Macron (80%, -2) et ceux de François Fillon (76%, +6).
A l’inverse, les salariés du public (62% opposés, +3) et les électeurs de J-L Mélenchon (68%, +2) y sont particulièrement opposés.
- « Seuls » 33% des Français (stable) sont favorables à la mise en place d’un âge pivot à 64 ans avec un système de bonus/malus, contre 66% opposés, dont 34% très opposés.
Toutes les catégories de population sont majoritairement opposées à l’instauration d’un âge pivot à 64 ans, c’est notamment le cas des catégories populaires (76%, +4), des 35-49 ans (74%, +4), des électeurs de J-L Mélenchon (85%, -1), de Marine Le Pen (69%, -7) et des abstentionnistes (80%, +8).
Les électeurs de F. Fillon (57% favorables, -3) et d’E. Macron (53% favorables, stable) font exception.
De manière générale, l’opinion à l’égard de ces trois mesures est caractérisée par une triple fracture (générationnelle, politique et sociale) : les 65 ans et plus, les électeurs d’E. Macron et de F. Fillon ainsi que les cadres ont une opinion plus positive que la moyenne de l’ensemble des Français. Tandis que les 18-64 ans, les catégories populaires et les autres électorats en ont une opinion plus négative.
L’approbation de la mobilisation est stable et reste majoritaire
53% des Français (-1 par rapport au 18 décembre) approuvent la mobilisation, dont 28% (-3) qui la soutiennent et 25% (+2) qui en ont de la sympathie. A l’inverse, 38% (+1) désapprouvent le mouvement, dont 21% (+1) qui y sont opposés et 17% (stable) hostiles. 9% (stable) des Français sont indifférents.
Sur le long terme (7ème vague d’enquête depuis début octobre), l’approbation de la mobilisation est stable depuis la mi-décembre (entre 50% et 55%, contre 35%-40 de désapprobation), alors qu’elle avait baissé d’une dizaine de points fin novembre à l’approche du début des grèves.
L’approbation à l’égard de la réforme est majoritaire au sein de toutes les tranches d’âges (de 53% à 59%) à l’exception des 65 ans et plus qui sont une majorité à désapprouver la mobilisation (39% approbation, 56% désapprobation). A noter que l’approbation est en baisse de 5 points auprès des plus jeunes (18-24 ans) et des plus âgés (65 ans et plus).
Elle est également majoritaire au sein des professions intermédiaires (56%, -5) et des catégories populaires (62%, +4), alors que les cadres sont partagés : 41% approbation (-5) et 46% désapprobation (+1). Elle reste majoritaire à la fois parmi les salariés du secteur public (62%, stable) et du secteur privé (55%, +1).
A noter que dans l’agglomération parisienne, si le soutien est en baisse de de 11 points (24%), la sympathie est en hausse de 9 points (24%), ce qui amène l’approbation à rester relativement stable (48%, -2)
Politiquement, la mobilisation est toujours à l’origine d’une polarisation des électorats : l’approbation reste majoritaire auprès des électeurs de J-L. Mélenchon (74% approbation, -7), de B. Hamon (68%, +2), des abstentionnistes (67%, +4), et de M. Le Pen malgré une baisse notable (66%, -11). Mais elle est minoritaire chez les électeurs d’E. Macron (29%, +2) et de F. Fillon (19%, -16).
Pour 43% des Français, l’exécutif reste le principal responsable du conflit.
Selon 43% des français, la responsabilité du conflit social incombe à l’exécutif, un chiffre en baisse de 3 points. 28% attribuent la responsabilité aux syndicats (+2), et 28% aux deux (stable).
Le sentiment de responsabilité gouvernementale est majoritaire parmi la plupart des catégories de population, hormis chez les cadres et les retraités. Et c’est auprès de ces classes sociales que la baisse est la plus forte concernant la responsabilité de l’exécutif (-9 chez les cadres et -8 chez les retraités).
Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont 65% (-11) à attribuer cette responsabilité à l’exécutif, les électeurs de Marine Le Pen (56%, +3), les abstentionnistes 53% (+1) et les électeurs de Benoît Hamon 45% (-3).
Pour les électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon, les syndicats de salariés restent les principaux responsables du conflit social concernant la réforme des retraites : respectivement 53% (+3) et 55% (+11).
Si 25% souhaitent le maintien de la réforme en l’état, 49% demandent une large modification et 25% son retrait.
Ces résultats sont stables par rapport à l’enquête du 18 décembre.
Toutes les catégories de population sont majoritairement favorables à une modification en profondeur. Concernant son maintien en l’état, ce sont les retraités qui y sont le plus favorable (34%), alors que le retrait est davantage soutenu chez les catégories populaires (33%).
Politiquement, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron, 47% sont en faveur du maintien, en baisse de 9 points par rapport au 18 décembre, et 46% pour une modification en profondeur. Les électeurs de François Fillon sont eux aussi partagés entre modification en profondeur (47%, -2) et maintien (45%, +3). Si sur l’ensemble des autres électorats, la majorité des Français est favorable à une modification en profondeur de la réforme, le souhait d’un retrait est plus marqué auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (40%, +1) et de Marine Le Pen (31%, stable).
Plus de 6 Français sur 10 estiment que les concessions accordées à certaines professions dénaturent le projet initial, mais une courte majorité considère qu’elles sont justifiées comte tenu des spécificités de certains métiers.
Suite aux concessions accordées par le gouvernement à certaines professions comme les gendarmes, les policiers, les pompiers, les pilotes, les hôtesses et stewards, les danseurs de l’Opéra, 56% des personnes interrogées estiment qu’elles sont justifiées compte tenu des spécificités de certains métiers (77% des électeurs d’Emmanuel Macron).
Mais plus de 6 Français sur 10 (62%) estiment que cela dénature le projet initial de la réforme des retraites.
Pour des raisons évidemment différentes, ce sont les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (72%) et de François Fillon (66%) qui estiment le plus que ces concessions dénaturent le projet initial du gouvernement. Les électeurs d’Emmanuel Macron sont plus partagés sur ce point (55%).
Télécharger ici : Sondage ELABE pour BFMTV / La réforme des retraites / Vague 7