Projection sur l’année à venir : une morosité qui persiste mais en recul par rapport à l’année dernière
Seuls 11% des Français imaginent que l’année 2024 de la France, du pays dans son ensemble, sera meilleure que 2023. 37% l’imaginent pire, 40% « ni meilleure ni moins bonne ». L’état d’esprit est un peu moins pessimiste que l’année dernière, où le pronostic de dégradation atteignait 50% à même époque.
A leur échelle individuelle, ils sont un peu plus nombreux à pronostiquer une amélioration (20%) ; quasiment autant qu’une dégradation (24%). 43% l’imaginent « ni meilleure ni moins bonne ». A nouveau, la crainte de dégradation est en recul par rapport à l’année dernière, où elle atteignait 34%.
Les électeurs de M. Le Pen se distinguent par leur pessimisme plus marqué, à la fois pour le pays (53% « moins bonne ») et pour eux-mêmes (33%). Pour les électeurs d’É. Zemmour, le pronostic de dégradation pour le pays est encore plus net (63%).
Les plus jeunes sont les plus optimistes pour leur avenir : 44% des 18-24 ans et 32% des 25-34 ans pensent que 2024 sera meilleure que la précédente.
Depuis près de 2 ans et à nouveau pour 2024, une grande priorité : le pouvoir d’achat
Aux yeux des Français, le pouvoir d’achat doit être la priorité d’action d’Emmanuel Macron et du gouvernement (52% de citations dans le top 3 des priorités, -5 points en 1 mois), largement devant les autres sujets, et ce, depuis près de 2 ans sans discontinuer. Il est le sujet n°1 auprès de l’ensemble des catégories de population (à l’exception des électeurs d’É. Zemmour).
La santé est en 2ème position (35%), en nette hausse (+6). Ce sujet est lui aussi à un niveau important auprès de tous les groupes de population. Il progresse notamment chez les électeurs de M. Le Pen (36%, +14).
Le Top 5 des priorités est complété par la sécurité (28%, -8), l’immigration (26%) et l’éducation (21%). S’ils rassemblent une part importante de la population, le choix d’en faire une priorité est cependant plus catégoriel : la sécurité chez les plus de 65 ans (33%) et les électeurs d’É. Zemmour (63%) ; l’immigration chez les plus de 65 ans (34%), les électeurs de V. Pécresse (38%), de M. Le Pen (42%) et d’É. Zemmour (78%) ; l’éducation chez les cadres (34%).
L’environnement / le dérèglement climatique et ses conséquences arrive en 6ème position (19%). Il est plus souvent élevé au rang de priorités (top 3) par les cadres (28%), professions intermédiaires (26%), les électeurs de J.-L. Mélenchon (32%) et de Y. Jadot (44%).
Jeux Olympiques, réouverture de Notre-Dame, anniversaire du Débarquement : des « fiertés françaises » mais qui ne changeront pas la situation du pays
Alors qu’Emmanuel Macron a évoqué des « fiertés françaises » pour l’année à venir, 63% partagent le fait que ces évènements susciteront de la fierté mais une grande partie d’entre eux (50%) estiment que cela ne changera pas grand-chose à la situation du pays. Pour 36%, ils ne susciteront pas de fierté.
Une classe politique jugée déconnectée. Marine Le Pen apparaît cependant la plus proche des Français
Aucune personnalité politique ne recueille plus de 40% d’avis favorables quant à sa capacité à « se préoccuper de la vie des gens comme vous ».
Celle qui est la mieux jugée (et assez nettement) est Marine Le Pen (37%), en hausse de 5 points en un an.
Ce trait de personnalité lui est reconnu bien au-delà de ses bases : 86% (+5) auprès de ses électeurs de 1er tour de 2022, mais aussi 81% (+13) de ceux d’Éric Zemmour et 44% (+5) de ceux de Valérie Pécresse. Sur ce thème, elle convainc également 27% (+9) des électeurs d’Emmanuel Macron et 18% (+6) de ceux de Jean-Luc Mélenchon.
Marine Le Pen progresse notamment auprès des cadres (33%, +12) et des professions intermédiaires (34%, +12).
Le podium est complété par Fabien Roussel (29%) et les dirigeants d’EELV (26%). Emmanuel Macron arrive en 4ème position (24%).
Les plus « déconnectés » aux yeux des Français sont Eric Zemmour (82% « non ») et Jean-Luc Mélenchon (79%, +5).
Pouvoir d’achat, immigration et santé sont les domaines les plus critiqués dans l’action d’Emmanuel Macron
Il obtient des résultats moins défavorables sur la lutte contre le terrorisme et le rayonnement de la France
Les domaines où la confiance est la plus faible sont l’environnement/l’écologie (28%), la gestion du conflit Israël/Hamas (27%), la santé (27%), l’immigration (26%) et le pouvoir d’achat (22%).
Ainsi, les deux sujets jugés les plus prioritaires pour les Français (pouvoir d’achat et santé) font partie de ceux sur lequel le Président de la République obtient le moins de confiance.
S’il n’obtient une majorité de confiance sur aucun domaine, deux d’entre eux se détachent cependant : la menace terroriste (41%) et la place de la France en Europe et dans le monde (40%). Sur ces deux domaines, il parvient à convaincre au-delà de son camp : 1 électeur sur 2 de Valérie Pécresse, 1/3 de ceux de Jean-Luc Mélenchon et 1/5 de ceux de Marine Le Pen.
Plus loin, il obtient la confiance d’environ 1/3 des Français sur la sécurité (34%), l’économie/l’emploi (32%), la gestion de la guerre en Ukraine (32%) et l’éducation (31%).
Au global, ce sont 29% des Français qui disent adhérer à ses idées, contre 70% qui s’y opposent. Et au-delà du jugement sur la politique menée, la personnalité du Président apparaît très clivante : 71% disent ne pas apprécier sa personnalité, et notamment la moitié de ceux qui adhèrent pourtant à ses idées.
Une promesse déçue de transformation, mais une certaine capacité à résister et s’adapter aux crises
6 ans et demi après son arrivée au pouvoir, seuls 11% estiment qu’Emmanuel Macron aura transformé le pays en profondeur d’ici la fin du 2nd quinquennat (seulement 19% auprès de son électorat de 1er tour en 2022).
49% jugent qu’il n’aura modifié que quelques aspects seulement, et 39% qu’il n’aura pas changé le pays. Les électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour sont les plus critiques : respectivement 57% et 59% pensent qu’il n’aura rien changé au pays.
En revanche, 40% lui reconnaissent avoir permis à la France de bien résister et s’adapter aux différentes crises que le pays a traversé ces dernières années. Sur cet aspect, il a le soutien son camp (88%), de la moitié des électeurs de Valérie Pécresse (57%) et de Yannick Jadot (52%), et de près d’un quart de ceux de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen.
Un remaniement pour rien ? 7 Français sur 10 le pensent
Suite aux rumeurs de remaniement, 72% des Français estiment qu’un changement de Premier ministre et de gouvernement ne changerait rien au quinquennat d’Emmanuel Macron, une opinion particulièrement partagée dans l’opposition.
Seuls 27% pensent que cela pourrait donner un nouvel élan au quinquennat. Une hypothèse qui rassemble un peu moins d’1 électeur sur 2 d’Emmanuel Macron (45%). Chez les sympathisants LR, 61% estiment que cela ne changerait rien, 39% que cela donnerait un nouvel élan.
Affaire Depardieu : la position du Président critiquée
Si 28% déclarent ne pas avoir d’avis sur les récents propos d’Emmanuel Macron à l’égard de Gérard Depardieu, 50% estiment qu’il a trop défendu l’acteur. Seuls 22% jugent que ses propos étaient équilibrés.
La critique est majoritaire (majorité absolue ou relative) dans l’ensemble des catégories de population , à l’exception de ses électeurs de 1er tour et de ceux de Valérie Pécresse qui sont plus partagés (respectivement 43% et 39% « trop soutenu », et 42% et 38% « équilibrés »).
Les répondants ont été exposés aux propos du Président lors de l’émission « C à vous » en amont de la question.
« Bataille des tribunes » : soutien majoritaire aux victimes présumées
Parmi les deux tribunes publiées récemment sur l’affaire Depardieu, c’est la « contre-tribune » dont les passages recueillent le plus d’approbation :
- 75% sont d’accord avec : « Que la justice fasse son travail. Mais nous devons également faire le nôtre. Celui de soutenir les victimes et de ne pas laisser tranquilles des agresseurs, des violeurs, des oppresseurs. Qu’ils ne puissent plus penser qu’ils peuvent agir en toute impunité, et parfois même en étant récompensés et glorifiés. »
- 65% le sont avec : « C’est l’inversion des rôles où le bourreau se place en victime, avec l’aide de ses ami.e.s. Comme toujours dans les affaires de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes, la « présomption d’innocence » pour l’agresseur sonne comme une « présomption de mensonge » pour les femmes qui témoignent contre lui. (…) L’histoire nous montre à quel point il est difficile pour une victime d’agression sexuelle de parler, d’obtenir gain de cause, de voir les violences qui lui ont été infligées être reconnues officiellement. Et cela est d’autant plus le cas lorsque celui-ci est puissant. »
- 58% le sont avec : « Cette tribune (celle en soutien de Gérard Depardieu) et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est l’illustration sinistre et parfaite du monde d’avant qui refuse que les choses changent. »
La tribune de soutien à l’acteur est plus critiquée, même si l’idée de présomption d’innocence résonne davantage dans l’opinion :
- 54% sont en désaccord, 45% sont d’accord avec : « Nous ne pouvons plus rester muets face au lynchage qui s’abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne, sans nuance, dans l’amalgame le plus complet et au mépris d’une présomption d’innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s’il n’était pas le géant du cinéma qu’il est. »
- 81% sont en désaccord avec : « Lorsqu’on s’en prend ainsi à Gérard Depardieu, c’est l’art que l’on attaque. Par son génie d’acteur, Gérard Depardieu participe au rayonnement artistique de notre pays. (…) Le cinéma et le théâtre ne peuvent se passer de sa personnalité unique et hors norme. Se priver de cet immense acteur serait un drame, une défaite. La mort de l’art. »
Télécharger le rapport : Les Français et la rentrée de l’exécutif
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