Etude ELABE pour La Tribune et CCI France, à l’occasion des Rencontres Economiques d’Aix-en-Provence
Quel constat sur la situation du pays ?
Quels atouts pour dynamiser l’économie ?
Comment recréer l’espoir ?
Un regard sombre sur le pays
Comme depuis de nombreuses années, la France connait un apparent paradoxe : un bonheur privé préservé au sein d’une société jugée malade.
67% des Français disent « aller bien » (dont 10% très bien et 57% assez bien) alors que 78% affirment que la France ne va pas bien (dont 25% pas bien du tout).
Cette vision sombre du pays est notamment nourrie par l’image (partagée par 61% des Français) d’un pays en déclin.
Et contrairement à la thèse répandue dans le débat public d’un peuple qui aurait la tendance à « voir le verre à moitié vide », une majorité relative (46%) estiment que le regard des Français sur leur pays est réaliste. 32% jugent tout de même que la France souffre d’un certain pessimisme de ses citoyens.
Au jeu des comparaisons internationales, la France est jugée en moins bonne posture économique que le voisin allemand, l’allié américain et le géant chinois (40% à 51% estiment que la situation de la France est moins bonne, environ 1/3 la jugent comparable). En revanche, aux yeux de l’opinion publique, la France semble tenir tête voire être dans une meilleure dynamique que le Royaume-Uni et l’Italie.
Le regard sur la situation du pays est principalement guidé par deux variables :
- la lecture politique : 53% des électeurs d’Emmanuel Macron estiment que la France ne va pas bien, contre plus de 75% dans les autres principaux électorats
- Et dans une moindre mesure la lecture sociale : 69% des cadres estiment que le pays ne va pas bien, 73% des professions intermédiaires et 79% des catégories populaires
Sur la situation individuelle, c’est la variable financière qui joue le plus : 84% de ceux qui parviennent à épargner en fins de mois disent « aller bien », contre seulement 41% de ceux qui doivent se restreindre et sont contraints de puiser dans leurs réserves ou emprunter.
Fractures territoriales, revenus, dette et emploi : le sentiment d’un pays confronté à des difficultés structurelles
Mais des atouts à faire valoir pour relever les défis de l’attractivité, de la transition écologique, et de la réindustrialisation
Le regard globalement négatif sur la situation du pays est notamment alimenté par le sentiment d’un pays dans l’incapacité de répondre à des enjeux de longue date et à certains défis plus conjoncturels :
- Réduire la dette publique : 72% ne pronostiquent aucune amélioration dans les années à venir
- Réduire les fractures territoriales (66%)
- Permettre aux salariés de mieux vivre de leur salaire (66%)
- Améliorer le partage de la valeur (64%)
- Atteindre le plein emploi (65%)
- Réduire l’inflation (60%)
Le pronostic est très partagé sur la réduction des inégalités salariales entre femmes et hommes (48% « oui » / 51% « non ») et l’amélioration des conditions de travail (47% « oui » / 52% « non »).
A l’inverse, l’optimisme est plutôt de mise concernant :
- La formation des salariés aux métiers de demain (67% pronostiquent une amélioration dans les années à venir)
- Le renforcement de l’attractivité du pays pour les investisseurs étrangers (57%)
- L’adaptation de l’économie vers un modèle plus respectueux de l’environnement (55%)
- La réindustrialisation du pays (54%)
De manière générale, les électeurs d’Emmanuel Macron se montrent systématiquement plus optimistes que la moyenne, alors que les électorats de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour sont eux toujours les plus pessimistes.
Pour répondre à ces enjeux et dynamiser son économie, le pays peut compter sur trois principaux atouts selon l’opinion publique : son attractivité touristique (37% de citations parmi une liste de 17 items), son patrimoine historique et naturel (34%) et son dynamisme culturel (31%). Parmi les atouts jugés moins déterminants, on retrouve notamment ses savoir-faire dans le domaine de la mode et du luxe (27%), sa position géographique au carrefour de l’Europe (26%) et la présence de grands groupes français leaders dans leur secteur (26%).
Des entreprises critiquées sur leur action sociale, et des grands groupes attendus pour répondre au défi de « l’action écologique »
Entre 62% et 76% estiment que les entreprises ne seront pas à la hauteur de :
- La hausse des salaires (76%)
- L’amélioration du taux d’emploi des seniors (73%)
- Le versement de primes, etc. (64%)
- L’amélioration des conditions de travail (62%)
De manière générale, les électeurs d’Emmanuel Macron sont plus positifs à l’égard des entreprises. Concernant les primes, les jeunes se montrent plus optimistes, alors que les femmes sont particulièrement critiques à l’égard des entreprises sur ce sujet (69% « non »).
Dans le cadre du défi de la transition écologique, les grandes entreprises ayant fait d’importants bénéfices sont les acteurs les plus attendus en termes de financement : 74% les citent (dont 50% en 1er), largement devant l’Etat (40%) et les entreprises au global (37%). Les particuliers (au global ou aisés) sont cités par moins de 25% des Français.
Les plus de 65 ans sont plus nombreux à citer les grandes entreprises, alors que les plus jeunes se tournent davantage vers l’Etat.
A l’échelle des citoyens, les changements de comportement qu’impliquent la lutte contre le dérèglement climatique apparaissent conditionnés à un impératif : la justice sociale. 65% se disent prêts à accepter les changements dans leur mode de vie à condition qu’ils soient partagés de façon juste entre tous les membres de la société.
Le besoin de démocratie pour décider des orientations (42%), la compensation des inconvénients par d’autres avantages (38%), et la modération des changements à opérer (33%) sont les trois autres conditions.
Recréer l’espoir : un scepticisme généralisé à l’égard des responsables politiques
Les Français portent un regard mitigé sur l’action économique du Président de la République depuis son élection en 2017.
Par rapport à la situation avant son arrivée au pouvoir en 2017, 48% estiment qu’Emmanuel Macron aura dégradé la situation économique du pays, 36% qu’il ne l’aura pas vraiment fait changer, et seulement 15% qu’il l’aura amélioré.
Face à l’enjeu de récréer un espoir et une dynamique positive, les responsables politiques ne parviennent pas à convaincre au-delà de leurs socles électoraux : aucune personnalité n’obtient le jugement positif de plus d’un tiers des Français.
Dans le classement, Edouard Philippe est en première position (33%), devant Marine Le Pen (28%). Emmanuel Macron est 3ème (22%), devant Bruno Le Maire (20%), Xavier Bertrand (17%) et François Ruffin (16%). Les autres personnalités sont citées par 15% ou moins.
Au sein des principaux électorats, le classement est le suivant :
- Électorat de Jean-Luc Mélenchon : Jean-Luc Mélenchon (56%), François Ruffin (41%), Fabien Roussel (35%), Yannick Jadot (28%) et Laurent Berger (25%)
- Électorat de Yannick Jadot: Yannick Jadot (65%), Laurent Berger (43%) et François Ruffin (40%)
- Électorat de d’Emmanuel Macron : Édouard Philippe (73%), Emmanuel Macron (70%), Bruno Le Maire (53%), Elisabeth Borne (46%)
- Électorat de Valérie Pécresse : Édouard Philippe (60%), Xavier Bertrand (53%) et Valérie Pécresse (41%)
- Électorat de Marine Le Pen : Marine Le Pen (75%)
- Électorat d’Éric Zemmour : Marine Le Pen (86%), Éric Zemmour (82%)
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Crédits image : Argent Domicile Pièce De Monnaie – Pixabay