Le pouvoir d’achat des Français sous forte pression

59% des Français déclarent boucler leurs fins de mois sans se restreindre, 40% en se restreignant.

81% déclarent ne pas parvenir à mettre de l’argent de côté à la fin du mois

59% des Français déclarent qu’ils bouclent leurs fins de mois sans se restreindre, dont 19% qui les bouclent facilement et arrivent à mettre de l’argent de côté et 40% qui les bouclent sans trop se restreindre, mais sans mettre d’argent de côté. A l’inverse, 40% des Français doivent se restreindre, dont 30% qui sont obligés de trouver des revenus complémentaires, et 10% qui sont obligés de puiser dans leurs réserves ou qu’on leur prête de l’argent.

Ainsi, 81% des Français déclarent ne pas être en capacité d’épargner à la fin du mois.

D’un point de vue socio-professionnel, les cadres (73% sans se restreindre) et dans une moindre mesure les professions intermédiaires (64%) bouclent en majorité leurs fins de mois sans se restreindre, un tiers des cadres (34%) parvient même à épargner. A l’inverse, une courte majorité des Français appartenant aux catégories populaires doivent se restreindre (51%, contre 48% sans se restreindre), près d’un ouvrier sur cinq (17%) déclarent devoir puiser dans ses réserves ou emprunter pour y parvenir.

En termes d’âge, les 65 ans et plus sont un peu plus nombreux à boucler leurs fins de mois sans se restreindre (67%, contre 55%-56% dans les autres tranches d’âge).

D’un point de vue géographique, la proportion de Français qui terminent leurs mois sans restreindre augmente avec la taille d’agglomération : de 52% dans les communes rurales à 70% dans l’agglomération parisienne.

D’un point de vue politique, les électeurs de François Fillon (73%) et d’Emmanuel Macron (69%) sont plus nombreux à boucler le mois sans se restreindre que les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (56%) et de Marine Le Pen (53%).

Cette question est posée chaque semaine dans les terrains d’enquête conduits par ELABE depuis juin 2018. Sur le temps long, on observe une chute du niveau de pouvoir d’achat au moment du mouvement des « gilets jaunes » fin 2018/début 2019 (jusqu’à 51% des Français qui déclaraient devoir se restreindre le 10 décembre 2018). Puis, on mesure une lente mais constante progression (jusqu’à 67% déclaraient boucler leurs fins de mois sans se restreindre en août 2021) qui s’est arrêtée en octobre 2021 suite aux hausses des prix de l’énergie, pour s’établir ces derniers mois entre 59% et 62%.

Les postes de dépenses qui ont le plus augmenté ces dernières années pour les Français sont les essentiels du quotidien

(se chauffer, se nourrir, se déplacer)

Depuis octobre 2021, la hausse du prix des carburants a un fort impact

Pour les Français, les postes de dépenses qui ont le plus augmenté ces dernières années sont se chauffer (66% parmi 3 réponses possibles, +3 points par rapport au 19 octobre 2021), se nourrir (64%, +2) et se déplacer en très forte progression (56%, +14).

Près d’1 Français sur 4 cite se loger (26%, -2), moins d’1 sur 5 évoque payer les impôts (16%, -7) et se soigner (15%, -4).
Les autres postes cités sont : partir en vacances (7%, -6), s’habiller (4%, -3), téléphoner/communiquer/internet (4%, -3), se divertir (4%, -2), et équiper/décorer son logement (3%, -3).

Seul 1% (-1) des Français déclare qu’aucun de ces postes de dépenses n’a augmenté.

Se déplacer progresse dans toutes les catégories de population, et de manière particulièrement forte chez les 18-24 ans (52%, +21), les habitants des petites agglomérations (66%, +21), les ouvriers (66%, +18) et chez les Français qui doivent emprunter ou puiser dans leurs réserves pour boucler leurs fins de mois (53%, +19).

Se chauffer, se nourrir et se déplacer sont les 3 postes de dépenses les plus cités au sein de toutes les catégories de population. Toutefois, des différences d’intensité sont à noter :

  • Se chauffer et se nourrir sont davantage cités avec l’âge : de 43% et 41% chez les 18-24 ans jusqu’à 78% et 75% chez les 65 ans et plus
  • Se déplacer est davantage évoqué au sein des communes rurales (68%) et petites agglomérations (66%) qu’au sein des moyennes/grandes agglomérations (53%) et surtout que dans l’agglomération parisienne (39%)
  • Se nourrir est davantage cité par les Français qui bouclent leurs fins de mois en se restreignant (71%, contre 61% bouclent sans se restreindre) et par les femmes (68%, contre 61% des hommes)
  • Se loger est un posté particulièrement cité par les habitants de l’agglomération parisienne (35%) et dans une moindre mesure des grandes agglomérations de province (30%, contre 19%-23% dans les communes rurales et moyennes/petites agglomérations) et par les locataires (34%, contre 20% des propriétaires)

Pour les Français, le problème actuel du pouvoir d’achat est la résultante de plusieurs causes :  poids des dépenses contraintes, coût de la vie et niveau des salaires/retraites

Pour 51% des Français (parmi 2 réponses possibles), le problème du pouvoir d’achat aujourd’hui en France est avant tout le résultat du poids des dépenses fixes et contraintes (comme le logement, l’électricité, l’essence, etc.), pour 49% il s’agit du coût de la vie, les prix des achats du quotidien, et pour 46% le niveau des salaires et retraites. Nettement derrière ces 3 raisons, les Français citent le poids des impôts et taxes (34%) et dans une moindre mesure le mode de consommation, la multiplication des occasions de dépenser (nouveaux produits, abonnements, etc.) cité par 12%.

Les trois raisons en tête sur l’ensemble des Français (dépenses contraintes, achat du quotidien, niveau des salaires/retraites) sont les plus citées dans la plupart des catégories de population. Des différences et exceptions sont toutefois à noter :

  • Le poids des dépenses fixes et contraintes augmente avec l’âge : de 40% chez les 18-24 ans à 60% chez les 65 ans et plus
  • Le niveau des salaires et retraites est le premier item cité par les ouvriers (62%), les habitants des communes rurales (52%) et les sympathisants de gauche (55%)
  • Le poids des impôts et taxes est particulièrement cité par les cadres (42%, 3ème item le plus cité) et les sympathisants Rassemblement National et Reconquête! (42%)
  • Enfin, les 18-24 ans (21%), les cadres (20%) et les sympathisants de gauche (17%) sont plus nombreux à souligner le mode de consommation

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Crédits image : Pixabay /JESHOOTS-com / 142 images