Pour eux-mêmes et plus encore pour le pays, les Français pensent que l’année 2023 ne sera pas meilleure que 2022
Pour le pays dans son ensemble, 50% des Français pensent que l’année 2023 sera moins bonne que 2022, 33% ni meilleure ni moins bonne et 8% meilleure.
Pour eux-mêmes à titre personnel, 38% pensent que cette nouvelle année sera ni meilleure ni moins bonne, 34% moins bonne et 16% meilleure.
Les populations les plus pessimistes pour 2023 sont les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois (45% pensent qu’elle sera moins bonne pour eux-mêmes et 57% pour le pays) et politiquement les électeurs de Marine Le Pen (52% et 69%).
A noter que les plus jeunes (18-24 ans) sont en comparaison les plus optimistes pour eux-mêmes (43% meilleure, contre 6% à 25% dans les autres tranches d’âge).
Les Français entament 2023 avec un état d’esprit pessimiste : lassitude, tristesse et une forte hausse de la colère et de la peur en 1 mois et demi
En ce début d’année 2023, les mots qui décrivent le mieux l’état d’esprit des Français sont très négatifs : lassitude (52%, +7/nov. 2022 et +21/oct. 2021), colère (42%, +11 et +18), tristesse (37%, +3 et +10), nostalgie (36%, -6 et -14) et peur (36%, +10 et +17).
En parallèle, les Français ressentent moins de confiance (21%, -8/nov. 2022 et -12/oct. 2021), de sérénité (19%, -9 et -14) et de satisfaction (16%, -11 et -18). Ainsi, ces évolutions s’inscrivent dans une dégradation globale et constante de l’état d’esprit des Français depuis octobre 2021.
Au global, l’état d’esprit des Français se dégrade depuis novembre au sein de toutes les catégories de population, quelle que soit la génération, la catégorie socio-professionnelle ou le lieu de résidence.
Dans le détail, on observe que la peur et la colère sont fortement corrélées au niveau de pouvoir d’achat : elle sont ressenties par la moitié des Français les plus précaires financièrement contre « seulement » par un quart à un tiers de ceux qui ont la capacité d’épargner en fin de mois.
D’un point de vue politique, les électeurs de Marine Le Pen (58% colère, +19 ; 59% peur, +29) et de Jean-Luc Mélenchon (56%, +21 ; 38%, +12) ont un état d’esprit plus négatif et qui se dégrade beaucoup plus fortement que ceux d’Emmanuel Macron (21%, +2 ; 22%, -2).
Toutefois, on peut noter que les plus jeunes ont un état d’esprit moins négatif que leur ainés : 26% ressentent de la colère et 29% de la confiance.
Pour les Français, le pouvoir d’achat reste la priorité n°1 de l’exécutif pour les prochains mois
Pour les Français, la priorité d’action dans les prochains mois pour Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne est le pouvoir d’achat (cité par 56%*, -2 depuis septembre 2022), il devance la santé en forte progression (36%, +10).
Près d’1 Français sur 5 cite : la sécurité (23%, -2), l’environnement/l’écologie (22%, -4), les retraites (21%, -1), l’immigration (19%, -4) et les inégalités/injustices sociales (18%, +2).
Les autres thèmes évoqués sont l’emploi (16%, -1), l’éducation (15%, -3), la guerre en Ukraine (11%, -1), la dette publique (10%, =), la protection sociale (9%, +1), le logement (9%, +1), la menace terroriste (8%, +2), la fiscalité (7%, -3), la place de la France dans le monde (5%, =) et les inégalités hommes-femmes (4%, =).
Le pouvoir d’achat reste l’enjeu prioritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats, il est particulièrement cité par les catégories populaires (64%), les 35-64 ans (62%), les habitants des communes rurales (62%) et politiquement, par les électeurs de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon (respectivement 62% et 60%).
A noter que la santé progresse depuis septembre 2022 au sein de toutes les catégories de la population et électorats, et de manière particulièrement forte chez les 35 ans et plus (39%, +11), les ouvriers (36%, +15) et chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (45%, +16).
(*) 3 réponses possibles parmi 17 items
Réforme des retraites : 44% estiment qu’il faut la faire en prenant le temps de la concertation et des débats, 38% qu’il ne faut pas la faire et 17% seulement qu’il y a urgence à la faire tout de suite
Concernant la réforme des retraites souhaitée par Emmanuel Macron et le gouvernement :
- 44% (-7 depuis septembre 2021) des Français estiment qu’il faut la faire en prenant le temps de la concertation, du débat
- 38% (+2) qu’il ne faut pas la faire
- 17% (+4) qu’il faut la faire tout de suite, il y a urgence
Une majorité relative d’actifs (45%, +4) et en particulier d’ouvriers (55%, +18) estiment qu’il ne faut pas faire cette réforme tandis que la majorité des retraités estiment qu’il faut la faire en prenant le temps de la concertation (53%).
D’un point de vue politique :
- La majorité des électeurs d’Emmanuel Macron pensent qu’il faut faire cette réforme avec le temps du débat (59%, -7) mais de plus en plus d’entre eux souhaitent la faire tout de suite (31%, +7)
- L’opposition à la réforme se renforce chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (58% pas la faire, +8)
- Les électeurs de Marine Le Pen sont plus partagés entre une opposition nette (44% pas la faire) et une acceptation à condition qu’il y ait un temps de concertation et de débat (38%)
Relèvement de l’âge de départ, un refus très majoritaire dans l’opinion : 47% souhaitent maintenir à 62 ans, 25% l’abaisser, 27% l’augmenter (18% à 64 ans, 9% à 65 ans)
Concernant l’âge légal de départ à la retraite : 47% des Français estiment qu’il devrait rester à 62 ans, 27% qu’il faudrait l’augmenter (18% à 64 ans, 9% à 65 ans) et 25% qu’il faudrait l’abaisser.
Chez les actifs (49%), le maintien à 62 ans est majoritaire et près d’un tiers se prononce en faveur de l’abaissement (31%) tandis que les retraités sont partagés entre augmentation (48%) et maintien à 62 ans (44%).
D’un point de vue politique, les majorité des électeurs de Marine Le Pen (55%) et de Jean-Luc Mélenchon (48%) souhaitent un maintien à 62 ans et près d’un tiers d’entre eux estiment qu’il faudrait l’abaisser (respectivement 29% et 37%).
A contrario, les électeurs d’Emmanuel Macron sont convaincus qu’il faudrait l’augmenter (62%).
Si les Français portent un regard partagé sur le système de retraite (injuste, financièrement fragile) et pointent le faible taux d’emploi des seniors, ils sont en désaccord avec les arguments pour l’allongement de l’âge de départ et jugent le moment actuel inopportun pour la mener à bien
Parmi les arguments les plus mobilisés dans le débat public à propos de la réforme des retraites, les Français en majorité sont d’accord avec l’idée que :
- On n’en a pas fait suffisamment pour réduire le taux de chômage des seniors (72% d’accord, -3 depuis le 22 septembre 2022)
- On travaille déjà assez longtemps, il ne faut pas repousser l’âge de départ à la retraite (67%, -4)
- Le système actuel est injuste (64%)
- Il est acceptable de repousser l’âge légal de départ à la retraite à condition qu’il y ait une prise en compte réelle de la pénibilité (64%, -4)
- En pleine crise du pouvoir d’achat, ce n’est pas le moment de faire la réforme des retraites (60%, -4)
- D’un point de vue financier, le système de retraites ne peut pas continuer de fonctionner comme cela (55%, -5)
A l’inverse, seule une minorité de Français se disent d’accord avec les arguments suivants :
- D’autres pays européens ont fait ce type de réforme des retraites, il est normal que nous la fassions à notre tour (38% d’accord, +3)
- Il est normal de travailler plus longtemps, étant donné que l’espérance de vie augmente (35%, -1)
- Cette réforme des retraites va permettre de faire des économies pour pouvoir financer d’autres dépenses publiques de protection sociale (31%)
De manière générale, les arguments en faveur de l’augmentation de l’âge de départ sont approuvés par les retraités mais nettement moins voire rejetés par les actifs. A titre d’exemple : 54% des retraités estiment qu’il est normal de travailler plus longtemps, étant donné que l’espérance de vie augmente, contre seulement 28% des actifs. 75% des actifs estiment qu’on travaille déjà assez longtemps contre 45% des retraités. Ces arguments sur l’âge sont la source d’un fort clivage politique entre des électeurs d’Emmanuel Macron qui adhèrent aux arguments pro-augmentation et des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen aux arguments anti-augmentation.
L’argument du manque de viabilité financière du système est approuvé par les électeurs d’E. Macron mais rejeté par ceux de J.-L. Mélenchon (ceux de M. Le Pen sont très partagés). En revanche, le caractère injuste du système de retraite et la critique sur le manque d’actions pour lutter contre le taux de chômage des seniors traversent toutes les catégories et électorats.
Enfin, L’argument selon lequel en pleine crise du pouvoir d’achat, ce n’est pas le moment de faire la réforme des retraites est approuvé par les actifs (67%) et les électeurs de J. Mélenchon/M. Le Pen (80% et 73%) mais est plutôt rejeté par les retraités (46% d’accord) et les électeurs d’E. Macron (35%).
44% des Français déclarent devoir se restreindre pour boucler leurs fins de mois
Seuls 18% disent mettre de l’argent de côté à la fin du mois
Concernant leur situation financière, 44% des Français déclarent devoir se restreindre pour boucler leurs fins de mois, dont 31% qui parviennent à les boucler en se restreignant ou en puisant dans des revenus complémentaires et 13% qui sont obligés de puiser dans des réserves ou emprunter de l’argent. A l’inverse, 55% des Français déclarent boucler leurs fins de mois sans se restreindre, dont 37% sans épargner et 18% en épargnant. Ainsi 81% des Français déclarent finir le mois sans mettre d’argent de côté.
Sur le temps long, on a observé une forte dégradation de la situation financière des Français entre mars et novembre 2022 (passant de 36% à 45% des Français qui devaient se restreindre) et une relative stabilité ces deux derniers mois. A noter toutefois que la situation était davantage critique au moment des « Gilets jaunes » (50% restreindre).
A ce jour, les populations qui sont les plus nombreux à devoir se restreindre pour boucler leurs fins de mois sont les employés/ouvriers (55%), les habitants des communes rurales et des petites agglomérations (47%), les femmes (47%) et, d’un point de vue politique, les abstentionnistes (59%) et les électeurs de Marine Le Pen (49%).
Une majorité de Français s’attend à ce que l’inflation reste élevée encore au moins 1 an
37% des Français pensent que l’inflation va rester élevée pendant plusieurs années, 36% au moins un an et 11% plus optimistes s’attendent à une inflation élevée encore quelques mois. Un peu moins d’1 Français sur 5 (16%) ne s’expriment pas sur cette question.
Les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois sont plus pessimistes (45% plusieurs années) que ceux qui éprouvent moins de difficultés pour les boucler (31%).
Politiquement, on observe un écart semblable entre les électeurs de Marine Le Pen (53% plusieurs années) et ceux d’Emmanuel Macron (20%).
Le risque de coupures d’électricité cet hiver s’éloigne considérablement aux yeux des Français
Après des fêtes de fin d’année sans coupure, 75% des Français (+34 points en 1 mois) estiment désormais qu’il y a peu (63%, +26) ou aucun risque (12%, +8) de coupures d’électricité cet hiver. A l’inverse, 25% (-34) estiment toujours que le risque est élevé, dont 20% (-28) plutôt élevé et 5% (-6) très élevé.
Une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population et électorats estiment que le risque est faible voire inexistant. Les 50 ans et plus (84%) et les électeurs d’Emmanuel Macron (84%) en sont particulièrement persuadés.
Télécharger le rapport : Les Français et les perspectives en début d’année 2023
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