Pour les Français, la faiblesse des rémunérations et des conditions de travail difficiles sont les deux principales raisons qui expliquent la pénurie de main d’œuvre
Pour les Français, les principales raisons de l’actuelle pénurie de main d’œuvre qui touche plusieurs secteurs d’activité sont la trop grande faiblesse des rémunérations proposées par les entreprises de ces secteurs (63% des citations parmi deux réponses possibles, dont 34% en 1er), et des conditions de travail difficiles (61%, dont 29%).
Nettement derrière, les Français évoquent aussi le fait que les personnes sans emploi ne veulent pas travailler (34%, dont 20%) et le manque de personnes formées et qualifiées pour travailler dans ces secteurs d’activité (29%, dont 15% en 1er).
D’un point de vue politique :
- La faiblesse des rémunérations et les conditions de travail difficiles sont citées par une majorité de Français au sein de tous les électorats, et de manière encore plus importante par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (76% et 75%) et de Benoît Hamon (76% et 74%)
- Le fait que les personnes sans emploi ne souhaitent pas travailler fait émerger le clivage gauche/droite : cette explication est particulièrement évoquée par les électeurs de François Fillon (53% au même niveau que les rémunérations à 51% et les conditions de travail à 55%) et de Marine Le Pen (46%), mais est peu citée par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (17%) et de Benoît Hamon (16%).
La faiblesse des rémunérations est la première raison qui explique la pénurie actuelle de main d’œuvre dans la plupart des catégories de population. Elle est particulièrement évoquée par les ouvriers (70%) et par les 50 ans et plus (70%, contre 49% chez les 18-24 ans).
Les conditions de travail difficiles dans ces secteurs d’activité est un item particulièrement mentionné par les cadres (70%) et les 35-64 ans (65%).
Le manque de personnes formées et qualifiées est davantage souligné par les 18-24 ans (41%, contre 25%-29% au sein des autres tranches d’âge).
Pour 7 Français sur 10, cette situation n’est pas uniquement liée à la crise et va durer
71% des Français estiment que la pénurie de main d’œuvre actuelle dans certains secteurs va durer, car elle n’est pas uniquement lié à la sortie de crise. A l’inverse, 28% considèrent que cette situation de pénurie est provisoire, le temps de la sortie de crise et du redémarrage de l’activité.
Le regard porté sur le caractère conjoncturel ou structurel de cette situation est relativement homogène entre les différents électorats.
L’âge est l’unique variable socio-démographique qui fait apparaitre des différences significatives. L’opinion selon laquelle cette pénurie s’inscrit dans la longue durée gagne en importance avec l’âge : 50% des 18-24 ans pensent qu’elle va durer (contre 48% une situation provisoire), 63% des 25-34 ans, 70% des 35-49 ans, 80% des 50-64 ans et 78% des 65 ans et plus.
Perspectives d’augmentation de rémunération : les Français partagés
Ces dernières semaines, dans leurs déclarations, plusieurs membres du gouvernement ont appelé les entreprises de ces secteurs à augmenter les rémunérations pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre.
53% des français pensent que cette augmentation des rémunérations n’aura pas lieu, dont 46% probablement pas et 7% certainement pas. A l’inverse, 47% s’attendent à une augmentation des rémunérations dans les mois à venir, dont 39% probablement et 8% certainement.
Les personnes qui expliquent la pénurie de main d’œuvre actuelle par la faiblesse des rémunérations sont un peu plus pessimistes : 55% d’entre eux pensent qu’il n’y aura pas d’augmentation (contre 49% chez les Français qui expliquent la pénurie par d’autres raisons).
D’un point de vue politique :
- Les électeurs de Benoît Hamon (65% non), les abstentionnistes (59%), les électeurs de Marine Le Pen (56%) et de Jean-Luc Mélenchon (54%) ne s’attendent pas, en majorité, à une augmentation des salaires
- A contrario, les électeurs d’Emmanuel Macron (64% oui) et dans une moindre mesure ceux de François Fillon (55%) pensent majoritairement que les entreprises concernées vont augmenter les rémunérations dans les mois à venir
Les 65 ans et plus sont une majorité à anticiper des augmentations (59% oui), contrairement aux autres tranches d’âge qui font le pronostic inverse (54%-58% non).
L’opinion sur les perspectives d’augmentation des rémunérations dans les mois à venir est relativement homogène selon la catégorie socio-professionnelle et dépend davantage du niveau de pouvoir d’achat : les Français qui éprouvent des difficultés à boucler leurs fins de mois sont particulièrement sceptiques (62% non), ceux qui les bouclent facilement sont plus optimistes (52% oui).
Télécharger le rapport : Les Français et la pénurie de main d’œuvre