Mobilisation des agriculteurs : l’opinion publique approuve massivement

La mobilisation des agriculteurs est massivement approuvée par l’opinion publique (87%)

87% des Français approuvent la mobilisation des agriculteurs, dont 50% qui la soutiennent et 37% qui en ont de la sympathie. A l’inverse, 7% désapprouvent, dont 5% qui y sont opposés et 2% hostiles. 6% déclarent être indifférents. Il s’agit d’un niveau d’approbation très élevé en comparaison de nombreuses mobilisations mesurées ces dernières années par Elabe pour BFMTV, supérieur à la 1ère mesure du mouvement des « Gilets Jaunes » (73%, 14 novembre 2018).

L’approbation de la mobilisation est largement majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats. Elle est particulièrement soutenue (modalité de réponse « vous la soutenez ») dans les petites agglomérations (56%) et dans les communes rurales (55%, contre 34% dans l’agglomération parisienne) et politiquement chez les électeurs d’Éric Zemmour (81%), de Marine Le Pen (67%) et de Jean-Luc Mélenchon (58%).

Les Français ont une excellente image des agriculteurs

De manière générale, 92% des Français ont une bonne image des agriculteurs, dont 48% une assez bonne image et 44% une très bonne image. A l’inverse, seuls 8% ont une mauvaise image, dont 7% une assez mauvaise image et 1% une très mauvaise image. Cette opinion très positive sur les agriculteurs est présente dans tous les pans de la société et segments politiques.

Ils ont l’image d’un métier de passionnés qui demande de vraies compétences et qualités, et d’un métier difficile (pénible, horaires) et mal rémunéré

La quasi-totalité des Français ont l’image d’un métier qu’on choisit d’exercer par passion (93%) et qui demande de vraies compétences et qualités (92%) mais qui est à forte pénibilité (94%), qui a des horaires de travail plus conséquents que la moyenne (93%) et qui est mal payé (92%).

L’agriculture : un secteur essentiel, fiable, engagé et une fierté nationale aux yeux des Français, mais un secteur en difficulté, fragilisé par le dérèglement climatique et la concurrence internationale

Les Français perçoivent l’agriculture comme un secteur essentiel pour notre quotidien (96%), une fierté française (91%), un secteur qui produit une alimentation de bonne qualité (90%), qui est engagé pour l’environnement (75%) et qui est moderne/innovant (73%) mais qui est aussi en difficulté (94%), impacté fortement par les conséquences du dérèglement climatique (91%), qui n’est pas compétitif à l’international (51%). 1 Français sur 2 (51%) estime qu’il s’agit d’un secteur qui n’est pas bien considéré par la société.

2 Français sur 3 estiment que les agriculteurs doivent respecter trop de normes et règlementations

Concernant les normes et règlementations en vigueur dans le secteur de l’agriculture pour protéger l’environnement et les consommateurs, 67% des Français estiment que les agriculteurs doivent respecter trop de normes et règlementations, 24% juste ce qu’il faut et 9% pas assez.

Un sentiment majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats.

Pour 3 Français sur 4, l’Union européenne est un handicap pour les agriculteurs

73% des Français estiment que l’Union européenne est un handicap pour les agriculteurs, contre 27% un atout.

Une critique majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats. Dans le détail, on observe qu’elle est davantage exprimée par les électeurs de Marine Le Pen (91%), de Valérie Pécresse (82%) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (68%) que par les électeurs d’Emmanuel Macron (54%). Cette opinion croît avec l’âge (de 55% chez les 18-24 ans à 79% chez les 50 ans et plus).

La concurrence internationale, l’industrie agroalimentaire, la grande distribution et l’Union européenne sont perçues par l’opinion comme les principaux responsables des difficultés rencontrées par les agriculteurs

Les Français imputent la responsabilité des difficultés rencontrées par le secteur agricole à la concurrence des autres pays qui produisent moins cher et avec moins de normes (53%, 3 réponses possibles parmi 9 items), aux industriels de l’agro-alimentaire qui ne veulent pas payer au juste prix les produits agricoles (52%), à la grande distribution qui fait trop de marge (48%), à la politique de l’Union européenne qui impose trop de normes et réglementations (45%) et à l’Etat et au gouvernement qui ne soutiennent pas assez les agriculteurs (37%). Ils sont nettement moins nombreux à pointer du doigt les écologistes qui critiquent certaines pratiques agricoles (18%), les consommateurs qui veulent toujours payer moins cher (18%) et les conséquences négatives du dérèglement climatique sur les récoltes (16%). Seule une infime minorité de Français place la responsabilité des problèmes rencontrées sur les agriculteurs eux-mêmes (7% le secteur et les agriculteurs eux-mêmes qui ne cherchent pas à s’adapter).

Défiance généralisée à l’égard des responsables politiques pour répondre aux difficultés rencontrées par les agriculteurs

Aucune des principales personnalités de l’exécutif et des oppositions n’obtient la confiance d’un tiers des Français pour mener une bonne politique en matière d’agriculture et pour répondre aux difficultés rencontrées par ce secteur. Gabriel Attal (32% lui font confiance) devance Jordan Bardella (29%), Marine Le Pen (28%), Marc Fesneau (27%), Emmanuel Macron (22%), les dirigeants d’EELV (21%), Fabien Roussel (21%), les dirigeants de LR (20%), les dirigeants du PS (18%), Jean-Luc Mélenchon (14%) et Eric Zemmour (13%).

Gabriel Attal (68% des électeurs d’Emmanuel Macron lui font confiance), Emmanuel Macron (65%), Marc Fesneau (59%), Marine Le Pen (75% de ses électeurs lui font confiance), Jordan Bardella (66%) et les dirigeants LR (63% des sympathisants leur font confiance) bénéficient d’une confiance majoritaire, quoiqu’imparfaite, dans leur camp respectif. De plus, les personnalités testées issues de l’exécutif (G. Attal, E. Macron, M. Fesneau) et du Rassemblement National (M. Le Pen, J. Bardella) bénéficient d’une certaine confiance (entre 30% et 50%) en dehors de leur socle électoral, dans leur univers politique proche (électeurs de Valérie Pécresse pour les premiers, de Valérie Pécresse et d’Éric Zemmour pour les seconds).

A contrario, les personnalités de gauche pâtissent d’un déficit de confiance dans leur camp : 44% des sympathisants de gauche font confiance au dirigeants d’EELV, 40% aux dirigeants PS, 38% à Fabien Roussel et 34% à Jean-Luc Mélenchon.

Produire en quantité suffisante et transition écologique : deux objectifs conciliables pour 6 Français sur 10

61% des Français estiment que produire en quantité suffisante pour couvrir les besoins alimentaires de l’ensemble de la population et réaliser la transition écologique sont deux objectifs conciliables. Un point de vue partagé majoritairement par tous les principaux électorats – électeurs de Jean-Luc Mélenchon (75%), d’Emmanuel Macron (68%) et de Marine Le Pen (56%) – et par toutes les catégories socio-professionnelles, des cadres (64%) aux employés/ouvriers (61%), et par toutes les générations (59%-63% selon les tranches d’âge).

A contrario, 25% considèrent qu’il faudrait privilégier la production alimentaire en quantité suffisante et 13% la transition écologique.

Blocages : une majorité de Français comprend (78%) et ne condamne pas (55%)

Pour manifester leur colère et faire entendre leurs revendications, des agriculteurs ont notamment bloqué des routes, démonté les barrières d’un péage, provoqué une explosion qui a soufflé un bâtiment public et déversé de la paille et du fumier devant la Cité administrative de Toulouse. 78% comprennent ces violences et 55% ne les condamnent pas.

La compréhension est largement majoritaire dans toutes les catégories de la population et électorats.
La condamnation en revanche clive davantage d’un point de vue politique : la majorité des électeurs de Marine Le Pen (65%) et de Jean-Luc Mélenchon (64%) et ne condamne pas tandis que les électeurs d’Emmanuel Macron (59%) et de Valérie Pécresse (59%) sont une majorité à condamner.

7 Français sur 10 s’attendent à ce que cette mobilisation déclenche un mouvement social de grande ampleur

70% des Français pensent que cette mobilisation déclenchera un mouvement social de grande ampleur dans les prochaines semaines, dont 49% probablement et 21% certainement. 30% font le pronostic inverse, dont 27% probablement pas et 3% certainement pas.

35% des Français se disent prêts à payer plus cher les produits alimentaires pour mieux rémunérer les agriculteurs, 53% aimeraient le faire mais ne peuvent pas financièrement

Par rapport à des produits alimentaires « classiques » :

  • 36% des Français se disent prêts et capables de payer plus cher pour acheter un produit local (51% sont d’accord sur le principe mais ne peuvent pas financièrement)
  • 35% se disent prêts et capables de payer plus cher pour acheter un produit qui permet une meilleure rémunération des agriculteurs (et 53% aimeraient mais ne peuvent pas)
  • 33% un produit dont ils sont certains qu’il n’est pas mauvais pour leur santé (et 53%)
  • Et 30% pour acheter un produit dont ils sont certaines que les processus de production sont plus respectueux de l’environnement (et 54%)

Le principe de payer plus cher un produit alimentaire pour mieux rémunérer les agriculteurs est largement approuvé dans toutes les catégories de population. Mais la capacité de le faire n’est pas le même selon le milieu social d’appartenance: 47% des cadres disent être en capacité de le faire, contre 29% des employés/ouvriers.

Hausse de l’électricité : 3 Français sur 4 estiment qu’il faut maintenir le bouclier tarifaire pour protéger le pouvoir d’achat

Le prix de l’électricité va augmenter de près de 10% le 1er février. Cette hausse est due au retour d’une taxe, la taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE), gelée depuis deux ans par un bouclier tarifaire pour compenser la flambée des prix de l’énergie pour les ménages.

Le ministre de l’Economie et de l’Energie Bruno Le Maire a déclaré que « c’est une décision difficile, mais nécessaire pour garantir notre capacité d’investissement dans de nouvelles capacités de productions électriques », mais aussi « pour sortir définitivement du quoi qu’il en coûte. » et « protéger nos finances publiques ». 77% des Français estiment qu’il faut maintenir le bouclier tarifaire et ne pas remettre cette taxe pour protéger le pouvoir d’achat des Français contre 22% qu’il faut sortir du bouclier tarifaire et remettre cette taxe pour protéger nos finances publiques.

La priorité accordée à la protection du pouvoir d’achat sur celle des finances publiques est majoritaire au sein de toutes les catégories de population et électorats. On observe dans le détail qu’il s’agit d’une opinion davantage exprimée par les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (89%) et de Marine Le Pen (80%) que par les électeurs de Valérie Pécresse (61%) et d’Emmanuel Macron (58%).


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Crédits image : Tracteur Agriculture Véhicule – Pixabay