La crise survenue dernièrement dans les pays du Golfe s’inscrit comme un nouveau chapitre de l’histoire des confrontations entre les pays arabes. Elle est inédite cependant par la position singulière adoptée par l’Arabie Saoudite habituée à un rôle de médiateur et non de sanctionnateur contre un pays qui suit la même politique islamique sunnite. Selon le politologue Hasni Abidi, directeur de recherches au Cermam de Genève, le conflit entre Riyad et le Qatar s’explique notamment par la soif de pouvoir du vice-prince héritier saoudien Mohammed Ibn Salman. Tout semble s’apparenter à l’application d’une stratégie politique pour s’affirmer comme un interlocuteur influent sur la scène internationale. Il cherche à tirer profit du discours guerrier de Donald Trump contre le terrorisme donnant tous les crédits à une action Saoudienne en ce sens. Pour mener à bien son action, il s’est allié à un autre héritier de la région aux Emirats Arabes Unis, Mohammed Ben Zayed. Mais en cherchant à instrumentaliser la lutte contre le terrorisme ils nourrissent une guerre de territoire entre les Etats au détriment de la mission du Conseil de coopération des pays du Golfe. Riyad espère néanmoins voir son image, auparavant salie par sa politique étrangère au Yémen notamment, lissée. Pris dans ces querelles tactiques, les pays du Golf et du Magrehb ont beaucoup à perdre, ils risquent d’avoir à faire des choix d’alliance qui vont nécessairement les isoler de certains de leurs alliés et engendrer immanquablement des conséquences.
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