Les Français et l’opposition

Près de 4 Français sur 10 ne se sentent proche d’aucun parti politique

Au-delà de ce premier constat, le Rassemblement national apparaît comme le premier parti politique auquel les Français s’identifient (13%). Par ailleurs, un Français sur dix se déclare proche de la République en Marche (10%) ou des Républicains (10%). 8% des Français affirment leur proximité avec EELV, 6% avec la France Insoumise, 5% avec le Parti socialiste. Les autres partis recueillent, chacun, le soutien de moins de 2% des Français.

Le fait de se sentir proche d’aucun parti politique est majoritaire quelle que soit la catégorie socio-professionnelle des Français et s’exprime plus fortement encore chez les moins de 25 ans (51%), chez les employés (52%), et, logiquement, parmi les abstentionnistes (70%).

En termes socio-économiques, la préférence partisane s’exprime plus fortement au sein de certaines catégories de la population. Ainsi :

-La proximité avec le Rassemblement national est plus forte au sein des ouvriers (23%) ;

-le fait de se sentir proche de La République en Marche ou des Républicains s’exprime d’abord auprès des personnes âgées de plus de 65 ans (respectivement 16% et 18%) ;

-ce sont d’abord les moins de 25 ans qui affirment leur proximité avec Les Insoumis (13%) ;

-Enfin, les professions intermédiaires expriment une plus forte proximité avec Europe Ecologie Les Verts que la moyenne (14%)

En termes politiques, c’est parmi les électeurs de Marine Le Pen qu’on retrouve la plus forte homogénéité politique : 70% des électeurs de Marine Le Pen se disent proche du RN, 51% des électeurs de François Fillon se disent proche des Républicains, 43% des électeurs d’Emmanuel Macron se disent proche de La République en Marche tandis que 37% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon se disent proche des Insoumis.

Si aucun mouvement politique ne parvient à incarner l’opposition à l’exécutif pour 4 Français sur 10, un quart cite le Rassemblement national comme principal parti d’opposition.

Plus précisément 41% des Français estiment qu’aucun mouvement politique n’incarne l’opposition. Cette mesure est similaire à celle enregistrée en septembre 2019.

Le Rassemblement national est le premier parti cité, par 25% des Français (+1), nettement devant la France Insoumise (13%, -1). Les Républicains sont cités par 7% (-1), tandis qu’EELV par 5% (stable) des Français. Les autres partis recueillent, chacun, 2% ou moins des citations.

Le Rassemblement national est le premier parti cité à la faveur d’un très fort soutien de son électorat : 75% des électeurs de Marine Le Pen au 1er tour de la présidentielle citent le RN comme premier parti d’opposition. A titre de comparaison, « seuls » 50% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon citent la France Insoumise. Les électeurs de François Fillon se montrent particulièrement partagés : si pour 30% d’entre eux aucun parti ne représente l’opposition, 29% citent le RN et 28% citent Les Républicains. Enfin, si 45% des électeurs d’Emmanuel Macron estiment qu’aucun parti ne représente l’opposition à l’exécutif, ils citent néanmoins en premier le Rassemblement national (18%).

En termes d’âges, le RN est le premier parti d’opposition parmi les plus de 25 ans, les 18-25 ans se montrant plus partagés : quasiment la même proportion cite la France Insoumise (19%) et le Rassemblement national (18%). Le parti de Marine Le Pen est en revanche le premier parti cité quelle que soit la catégorie professionnelle des Français.

Confiance pour améliorer la situation du pays : Marine Le Pen se détache nettement sur les questions régaliennes, la défiance l’emporte sur les questions économiques et sociales.

Sur 6 thématiques (parmi les 7 testées), les Français indiquent d’abord ne faire confiance à aucune personnalité (entre 30% et 41% selon la thématique) pour améliorer la situation en France.

Au-delà de ce premier constat, Marine Le Pen parvient à se détacher sur les thématiques régaliennes : 36% des Français lui font confiance sur l’immigration et 26% pour améliorer la sécurité. L’immigration constitue la seule thématique sur laquelle les Français accordent leur confiance à plus d’un tiers à une personnalité politique. C’est également sur ces deux thématiques que Nicolas Dupont-Aignan recueille le plus de soutien (14% sur l’immigration et 10% sur la sécurité).

Sur ces deux thématiques Marine Le Pen parvient à recueillir la confiance au-delà de son propre socle électoral : sur l’immigration 87% de ses électeurs lui font confiance, 38% des électeurs de François Fillon, 28% des abstentionnistes, 24% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon, mais également 17% des électeurs d’Emmanuel Macron. Sur la sécurité, 82% de ses électeurs lui font confiance, 25% des électeurs de François Fillon, 17% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon et des abstentionnistes.

Sur les thématiques du pouvoir d’achat et de l’emploi, la défiance prédomine même si Emmanuel Macron parvient à mobiliser son socle électoral : 19% des Français lui font confiance pour améliorer le pouvoir d’achat et 24% la situation de l’emploi. Sur ces deux thématiques, Emmanuel Macron recueille la confiance d’environ deux tiers de ses électeurs et d’un tiers des électeurs de François Fillon. Sur l’emploi, les Français citent ensuite Marine Le Pen (16%), Xavier Bertrand (14%), puis Jean-Luc Mélenchon (12%). Quant au pouvoir d’achat, les Français placent, suite à Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen (tous deux à 14%), puis Xavier Bertrand (11%) et François Baroin (10%).

Sur l’environnement, la méfiance reste de mise, mais Yannick Jadot parvient néanmoins à se détacher : 21% des Français lui accordent leur confiance. Dans le détail, il recueille la confiance de plus d’un tiers de électeurs de Jean-Luc Mélenchon (36%), de Benoit Hamon (38%) et d’Emmanuel Macron (34%). En revanche, « seuls » 3 à 6% des Français font confiance au leader écologique sur les autres thématiques testées. Ségolène Royal et Emmanuel Macron ont la confiance de, respectivement, 14% ou 13% des Français sur ce thème.

Aucune personnalité n’émerge sur les thématiques sociales.

Sur les inégalités, 17% des Français font confiance à Marine Le Pen, 15% à Emmanuel Macron, 14% à Mélenchon et 10% à Ségolène Royal et Xavier Bertrand

Sur la Santé, 15% font confiance à Emmanuel Macron et 13% à Marine Le Pen. Les Français font ensuite confiance à Ségolène Royal (13%), à Xavier Bertrand (12%) puis à François Baroin (10%)

Pour une courte majorité de Français (53%), l’« obstruction parlementaire » est un moyen comme un autre de s’opposer à la réforme des retraites

« Dans le cadre de la réforme des retraites, les partis d’oppositions ont déposé à l’Assemblée Nationale près de 22.000 amendements. Parmi ces amendements, la France Insoumise en a déposé plus de 19.000. Leur objectif est de ralentir l’adoption du texte et de retarder ainsi sa mise en œuvre. Cette pratique est couramment appelée l’ »obstruction parlementaire ». »

Exposées à cette mise à niveau, 53% des personnes interrogées jugent que cette pratique est un moyen comme un autre de s’opposer à la réforme voulue par le gouvernement. A l’inverse, 46% estiment qu’elle empêche le débat parlementaire de se dérouler dans de bonnes conditions. 1% ne se prononce pas.

En termes d’âges, seuls les Français de plus de 65 ans ont majoritairement une position critique à l’égard de cette pratique : pour 60% d’entre eux, elle empêche le débat parlementaire de se dérouler dans de bonnes conditions. A l’inverse, les moins de 65 ans considèrent en majorité qu’elle est un moyen comme un autre de s’opposer à la réforme des retraites (entre 54% et 59% selon la catégorie d’âge).

D’un point de vue professionnel, l’ensemble des catégories d’actifs ont à l’égard de l’« obstruction parlementaire » une opinion positive. Elle s’exprime plus fortement auprès des employés (63%).

Politiquement, les électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon sont critiques à l’égard de cette pratique (respectivement 79% et 67% empêche). Alors que pour la majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (78% moyen comme un autre), de Benoît Hamon (65%), de Marine Le Pen (64%) et des abstentionnistes (61%), elle est un moyen comme un autre de s’opposer à la réforme des retraites.

A noter que l’opinion sur cette pratique est directement liée au jugement porté depuis le début du conflit social sur la réforme des retraites. Sociologiquement, les catégories de population les plus critiques à l’égard de cette pratique sont également les plus favorables à la réforme (65 ans et plus, électeurs d’Emmanuel Macron et de François Fillon). A l’inverse, les populations ayant une opinion plus positive de cette pratique sont également les plus opposées à la réforme (actifs, électorat de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen).

 

Crédits image : Richard Ying et Tangui Morlier