55% des Français déclarent boucler leurs fins de mois sans se restreindre, 45% en se restreignant
82% déclarent ne pas être en capacité d’épargner le 31 du mois
55% des Français déclarent qu’ils bouclent leurs fins de mois sans se restreindre, dont 18% qui les bouclent facilement et arrivent à mettre de l’argent de côté et 37% qui les bouclent sans trop se restreindre, mais sans mettre d’argent de côté. A l’inverse, 45% des Français doivent se restreindre, dont 32% qui sont obligés de trouver des revenus complémentaires, et 13% qui sont obligés de puiser dans leurs réserves ou qu’on leur prête de l’argent.
Ainsi, 82% des Français déclarent ne pas être en capacité d’épargner à la fin du mois.
D’un point de vue socio-professionnel, les actifs sont plus nombreux (48%) que les retraités (35%) à déclarer devoir se restreindre pour boucler leurs fins de mois. Dans le détail, une majorité des cadres (71% sans se restreindre) et dans une moindre mesure les professions intermédiaires (60%) bouclent leurs fins de mois sans se restreindre, un tiers des cadres (30%) parvient même à épargner. A l’inverse, la majorité des employés/ouvriers doivent se restreindre (57%), dont près d’un sur cinq (17%) qui déclarent devoir puiser dans leurs réserves ou emprunter pour y parvenir.
D’un point de vue géographique, la proportion de Français qui doivent se restreindre est plus importante dans les communes rurales et petites agglomérations (54%) que dans les moyennes et grandes agglomérations (41%).
D’un point de vue politique, la majorité des électeurs d’Emmanuel Macron (70%) bouclent leurs fins de mois sans se restreindre, tandis que les électeurs de Marine Le Pen (56%) et dans une moindre mesure de Jean-Luc Mélenchon (49%) sont plus nombreux à devoir se restreindre.
Cette question est posée chaque semaine dans les terrains d’enquête réalisés par ELABE depuis juin 2018. Sur le temps long, nous avons observé une chute importante du niveau de pouvoir d’achat au moment de la crise des « gilets jaunes » fin 2018/début 2019 (jusqu’à 50% des Français qui déclaraient devoir se restreindre le 10 décembre 2018), puis une lente mais constante progression de la situation jusqu’en août 2021 (32% devaient se restreindre). Depuis la forte hausse de l’inflation survenue à partir du 3ème trimestre 2021, nous mesurons une nette dégradation du pouvoir d’achat des Français pour atteindre 45% qui déclarent aujourd’hui devoir se restreindre pour boucler leurs fins de mois.
79% déclarent devoir « se serrer la ceinture » dont 25% beaucoup, une proportion cependant en baisse depuis novembre 2022
79% (-6 points depuis le 9 novembre 2022) des Français disent devoir « se serrer la ceinture », dont 25% (-5) beaucoup et 54% (-1) un peu.
Le recul de la proportion de Français qui déclarent devoir « se serrer la ceinture » s’observe principalement au sein des catégories les plus favorisés – les cadres (70%, -9) et les Français en capacité d’épargner à la fin du mois (33%, -12) – et chez les électeurs d’Emmanuel Macron (62%, -12).
Toutefois malgré ces baisses, une très large majorité de Français au sein de toutes les catégories de populations déclarent « se serrer la ceinture ». Les employés/ouvriers (86%, dont 34% beaucoup), les électeurs de Marine Le Pen (86%, dont 34%) et de Jean-Luc Mélenchon (92%, dont 28%) sont particulièrement nombreux à déclarer vivre cette situation.
Cette forte pression sur le pouvoir d’achat provoque des renoncements en série : loisirs, vacances, essentiels du quotidien (alimentation, chauffage). Les renoncements alimentaires sont en hausse depuis novembre
Pour des raisons financières, près d’1 Français sur 2 a dû renoncer ces derniers mois à faire du shopping (53%, +2 depuis le 9 novembre 2022), à faire une sortie (49%, -2), et à partir en vacances ou en week-end (45%, -3).
Plus d’un tiers a renoncé à acheter certains produits alimentaires (43%, +4) et à chauffer convenablement leur logement (34%, -3), et moins d’1 sur 5 à faire un don à des associations (20%, -5), se soigner/prendre soin de leur santé (17%, =), aider financièrement des proches (16%, -4) et à payer les études/la scolarité de leurs enfants (2%, -3). Au global, 81% (+1) des Français ont dû renoncer à au moins 1 de ces dépenses.
L’ensemble des catégories de populations sont touchés par ces renoncements. Les plus impactées sont les catégories populaires (83% au moins 1, dont 60% shopping, 49% alimentation, 36% se chauffer, 23% se soigner), les femmes (84% au moins 1, dont 63% shopping, 50% vacances/week-end, 47% alimentation, 40% se chauffer) et politiquement les électeurs de Marine Le Pen (86% au moins 1, dont 64% shopping, 55% alimentation, 52% vacances/week-end, 46% se chauffer, 23% se soigner).
Les renoncements alimentaires sont en hausse depuis novembre 2022, notamment chez les employés/ouvriers (49%, +6), les habitants des petites agglomérations (49%, +11) et des communes rurales (48%, +9), les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois (62%, +6) et les électeurs de Marine Le Pen (55%, +6).
Sur un temps plus long, on observe que ces renoncements sont nettement plus nombreux qu’en octobre 2021 : 32% avaient renoncé à faire une sortie (contre 49% aujourd’hui, soit +17), 26% à acheter certains produits alimentaires (contre 43%, soit +17), 25% à se chauffer convenablement (contre 34%, soit +9).
Courses alimentaires : plus de 8 Français sur 10 ont changé leurs comportements ces derniers mois (achats de produits moins chers, en plus petite quantité voire renoncements)
En matière de courses alimentaires, ces derniers mois, 55% des Français ont renoncé à acheter certains produits, 44% achètent des produits moins chers qu’avant et 30% achètent en plus petite quantité. Seuls 16% des Français n’ont pas particulièrement changé de comportement d’achat sur les courses alimentaires.
L’ensemble des catégories de population sont touchées par ces changements de comportements, en particulier les femmes, les employés/ouvriers et surtout les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois (96% ont changé de comportement, dont 67% renoncements, 57% achats de produits moins chers, 37% en plus petite quantité).
La viande et le poisson sont les 2 produits auxquels les Français ont le plus renoncé
Les produits que les Français déclarent ne plus acheter ou en plus petite quantité qu’avant sont la viande (43%) devant le poisson (34%). Derrière ces 2 produits, près d’1 Français sur 4 cite les gâteaux/biscuits (27%), la charcuterie (26%), les produits bio (26%), les plats préparés (25%), les boissons alcoolisées (25%), le fromage (23%), les boissons/jus (20%) et les fruits (20%). Moins d’1 Français sur 5 a renoncé à acheter du chocolat (18%), des produits pour la pâtisserie (17%), des légumes (16%), des yaourts (10%), des produits pour le petit déjeuner (10%), de l’huile/du vinaigre (9%), du pain (7%) et des pâtes/du riz (4%).
L’industrie agroalimentaire et la grande distribution désormais perçues par les Français comme les responsables de l’inflation alimentaire
Pour les Français, les 2 principaux facteurs qui expliquent la hausse importante des prix alimentaires sont le fait que l’industrie agroalimentaire augmente trop fortement ses tarifs (66%, +13 depuis le 1er mars 2023) et que la grande distribution ne réduit pas assez ses marges (63%, +11).
Nettement derrière ces deux raisons, de moins en moins de Français imputent la responsabilité de l’inflation alimentaire actuelle sur le contexte international de guerre en Ukraine et de tensions avec la Russie (36%, -12) et le dérèglement climatique, qui réduit le volume des récoltes (22%, -11). Enfin, 7% (-1) estiment que les agriculteurs, qui demandent des hausses de prix trop importantes, sont les responsables.
La responsabilité imputée à l’industrie alimentaire et à la grande distribution est présente et progresse depuis début mars au sein de toutes les catégories de population et électorats.
46% pensent que les mesures prises par le gouvernement vont dans le bons sens mais sont insuffisantes, 37% qu’elles n’améliorent pas du tout la situation
Concernant les mesures pour le pouvoir d’achat prises par le gouvernement au cours des derniers mois*, 46% des Français pensent que ces mesures vont dans le bons sens mais sont insuffisantes, 37% considèrent qu’elles n’amélioreront pas du tout la situation en matière de pouvoir d’achat, et à l’inverse, 16% estiment qu’elles permettent vraiment d’améliorer la situation en matière de pouvoir d’achat.
D’un point de vue politique, les électeurs de Marine Le Pen se montrent les plus critiques (47% n’améliorent pas du tout, 43% dans le bon sens mais insuffisantes) devant ceux de Jean-Luc Mélenchon qui sont partagés entre bonne direction mais insuffisantes (50%) et inefficacité (42%). La majorité des électeurs d’Emmanuel Macron considère que l’action du gouvernement va dans le bon sens mais est insuffisante (49%), un tiers (36%) toutefois estiment qu’elles permettront vraiment d’améliorer la situation.
Les Français qui doivent se restreindre pour boucler leurs fins de mois (46% pas du tout, 43% dans le bon sens mais insuffisantes) ont un jugement plus négatif que ceux qui les bouclent sans se restreindre (48% dans le bon sens mais insuffisantes, 30% pas du tout).
(*) La question était précédée d’une mise à niveau informant aux répondants les principales mesures prises par le gouvernement
Les Français pensent que sur le sujet de l’inflation et du pouvoir d’achat, aucun des principaux partis d’opposition ne ferait mieux qu’Emmanuel Macron
S’ils étaient au pouvoir :
- 24% des Français pensent que Marine Le Pen et le Rassemblement National feraient mieux qu’Emmanuel Macron, 45% ni mieux ni moins bien et 30% moins bien
- 16% pensent que Jean-Luc Mélenchon et la NUPES feraient mieux, 44% ni mieux ni moins bien et 39% moins bien
- 6% pensent que les dirigeants du parti « Les Républicains » feraient mieux, 69% ni mieux ni moins bien et 25% moins bien
65% des électeurs de Marine Le Pen et 61% de Jean-Luc Mélenchon pensent que leur camp respectif ferait mieux qu’Emmanuel Macron.
Les électeurs d’Emmanuel Macron estiment qu’ils feraient moins bien (72% JLM/NUPES, 66% MLP/RN).
Les sympathisants LR doutent des dirigeants de leur parti : 63% pensent qu’ils feraient ni mieux ni moins bien (et 27% mieux).
Télécharger le rapport : Les Français, l’inflation et le pouvoir d’achat
Crédits image : Achats Dépenses- Photo Pixabay