Grand débat : les Français attendent une fiscalité plus juste et plus efficace

Plus de 7 Français sur 10 ne croient pas à une baisse d’impôts pour les ménages.

Alors que le Premier Ministre a annoncé lundi dernier vouloir « baisser plus vite les impôts », 71% des Français jugent que cette annonce n’est pas crédible (-2 points par rapport à l’étude Elabe pour BFMTV du 26 septembre 2018 sur la crédibilité d’une annonce faite le 24 septembre par le gouvernement de baisser les impôts sur les ménages de 6 milliards). Dans le détail 23% jugent cette annonce pas crédible du tout, 48% pas vraiment crédible. A l’inverse 29% (+3 points) accordent de la crédibilité à cette annonce (24% plutôt crédible et 5% tout à fait crédible).

Quel que soit l’âge ou la catégorie sociale, l’annonce ne convainc pas à date.

Les sympathisants du Rassemblement National (76%), de la gauche (75%), de la droite (72%) et les Français sans préférence partisane (78%) sont une très large majorité à ne pas croire à des baisses d’impôts. Seuls les électeurs d’Emmanuel Macron au 1er tour de l’élection présidentielle de 2017 sont une majorité (55%) à juger cette annonce crédible.

Deux tiers des Français estiment que la baisse des impôts doit être associée à une baisse des dépenses publiques.

A la question si la baisse des impôts doit être liée à la baisse des dépenses publiques ou non, 69% des Français ont répondu oui (33% oui tout à fait et 36% oui plutôt) et 31% non (21% non pas vraiment et 10% non pas du tout).

Quel que soit l’âge ou la catégorie sociale, une baisse des impôts est associée à la nécessité d’une baisse des dépenses publiques. Cela est notamment le cas parmi les personnes âgées de plus de 64 ans (78%), les habitants de petites agglomérations (74%) et les catégories sociales supérieures (72%).

Politiquement, tous les électorats associent une baisse des impôts à une baisse des dépenses publiques. Mais on observe des différences en fonction des préférences partisanes. Les sympathisants de LREM/MoDem sont 86% à associer une baisse des impôts à une baisse des dépenses publiques, les sympathisants de droite sont 80%, du RN 68%, de la gauche socialiste 67%, les Français sans préférence partisane 66%, et les sympathisants de la gauche non socialiste 52%.

Une majorité de Français considère que payer des impôts et taxes est justifié mais plus de 8 Français sur 10 estiment que ces recettes sont mal utilisées par les pouvoirs publics.

Interrogés sur le système fiscal en France, 59% des Français estiment que le paiement des impôts et taxes est justifié car il finance les services publics et 51% que l’ensemble des ménages devrait payer l’impôt sur le revenu. Par contre, 78% des Français jugent que le système fiscal actuel ne permet pas la redistribution des richesses entre les différentes catégories de la population, 83% que les pouvoirs publics ne luttent pas suffisamment contre la fraude fiscale et 85% que le montant des impôts et des taxes n’est pas bien utilisé par les pouvoirs publics.

Dans le détail :

  • Les catégories sociales supérieures (69%), les retraités (66%), les habitants de l’agglomération parisienne (66%) et des grandes agglomérations (64%) sont majoritaires à considérer que le paiement des impôts et taxes est justifié alors que les catégories sociales populaires (50%) et les habitants des moyennes agglomérations (49%) sont partagés sur cette question.
  • Les catégories sociales supérieures (64%) et les habitants de l’agglomération parisiennes (58%) sont également majoritaire à juger que l’ensemble des ménages devrait payer l’impôt sur le revenu. Alors que les catégories sociales populaires et moyennes ne le sont pas (42%, les ouvriers sont encore moins nombreux à soutenir cette mesure : 36%), tout comme les habitants des communes rurales (45%) et des moyennes agglomérations (46%).
  • Les sympathisants de LREM/MoDem (88%), de gauche (66%) et de droite (64%) sont majoritaires à estimer que le paiement des impôts et des taxes est justifié, les Français sans préférence partisane sont partagés (53%) et les sympathisants du RN (34%) ne sont qu’une minorité à le penser.
  • Une majorité des sympathisants de LREM/MoDem (67%) et de droite (60%) jugent que l’ensemble des Français devrait payer l’impôt sur le revenu, les sympathisants de la gauche socialiste (53%), les Français sans préférence partisane (46%) et les sympathisants de la gauche non-socialiste (45%) sont partagés, ceux du RN (41%) ne sont qu’une minorité à approuver cette mesure.
  • L’ensemble des catégories démographiques, sociales et politiques estime très largement que le système fiscal actuel ne permet pas la redistribution des richesses, seuls les sympathisants de LREM sont partagés sur cette question (49% jugent qu’il permet une redistribution des richesses).

Les mesures testées dans cette question sont issues des mesures citées spontanément par les participants au « grand débat national ».

Afin de rendre l’impôt plus juste et efficace, une majorité de Français souhaite que la lutte contre la fraude fiscale devienne une priorité (57%). La suppression des niches fiscales (42%) et le rétablissement de l’ISF (37%) sont classés comme 2ème et 3ème priorités fiscales.

Afin de rendre l’impôt plus juste et plus efficace, les Français considèrent qu’il faudrait en priorité lutter plus efficacement contre la fraude fiscale (57% des citations, dont 17% en 1er), supprimer les niches fiscales (42%, dont 14% en 1er) et rétablir l’ISF (37%, dont 17% en 1er).

Suivent créer une tranche supplémentaire de l’impôt sur le revenu pour les hauts revenus (36%, dont 11% en 1er), baisser la TVA (35%, dont 13% en 1er), rendre l’impôt plus progressif en ajoutant des tranches d’impositions (32%, dont 10% en 1er), faire payer l’impôt sur le revenu à tous les ménages (26%, dont 11% en 1er) et revenir sur l’augmentation de la CSG (18%, dont 5% en 1er).

Si quelle que soit la préférence partisane des Français la lutte contre la fraude fiscale est présente parmi les mesures les plus par tous pour rendre l’impôt plus juste et plus efficace, les autres mesures prioritaires diffèrent en fonction de la préférence partisane de chacun :

  • Les sympathisants de la gauche non-socialiste citent en priorité le rétablissement de l’ISF et la création d’une tranche supplémentaire de l’impôt pour les hauts revenus.
  • Les sympathisants de la gauche socialiste citent la suppression des niches fiscales et le rétablissement de l’ISF.
  • Les sympathisants de LREM/MoDem citent l’ajout de tranches d’impositions et la création d’une tranche supplémentaire de l’impôt pour les hauts revenus.
  • Les sympathisants des Républicains citent la suppression des niches fiscales et l’ajout de tranches d’impositions.
  • Les sympathisants du RN citent le rétablissement de l’ISF et la baisse de la TVA.
  • Les Français sans préférence partisane citent la suppression des niches fiscales et le rétablissement de l’ISF.

Cependant plus de deux tiers des Français souhaitent une augmentation des dépenses publiques dans les domaines de la santé (72%) et des retraites (68%). Le chômage (41%) et les allocations familiales (38%) en tête des domaines où les Français souhaitent voir une diminution des dépenses publiques.

Interrogés sur les domaines pour lesquels il faudrait augmenter, diminuer ou ne pas changer le niveau de dépenses publiques, une majorité de Français souhaite qu’elles augmentent en matière de santé (72%), de retraites (68%), d’éducation (58%), d’environnement (54%), de justice (52%) et de sécurité (51%).

Puis, moins d’un Français sur deux souhaite une augmentation des dépenses publiques dans les domaines de la dépendance (49%), de la lutte contre le terrorisme (45%), du logement (40%), des transports (35%), de la défense (29%), de la culture (24%), du numérique (22%), des allocations familiales (20%) et du chômage (20%).

Les secteurs dans lesquels les Français souhaitent que les dépenses publiques diminuent le plus sont le chômage (41%), les allocations familiales (38%), la culture (26%), le numérique (25%) et la défense (24%).

Les domaines dans lesquels on souhaite une augmentation des dépenses publiques diffèrent en fonction de la préférence partisane des Français :

  • Les sympathisants de la gauche non-socialiste citent notamment l’environnement, la santé, les retraites, l’éducation et le logement.
  • Les sympathisants de la gauche socialiste citent notamment les retraites, l’environnement, la santé, l’éducation et la dépendance.
  • Les sympathisants de LREM/MoDem citent notamment la santé, la dépendance, l’environnement, la justice, et l’éducation.
  • Les sympathisants des Républicains citent notamment la santé, les retraites, la dépendance, l’éducation et la sécurité.
  • Les sympathisants du RN citent notamment les retraites, la santé, la sécurité, la lutte contre le terrorisme et la justice.
  • Les Français sans préférence partisane citent notamment la santé, les retraites, l’éducation, l’environnement et la sécurité.