Les Français et les élections européennes 2024

A 5 mois du scrutin, le RN est en tête des intentions de vote exprimées (28.5%) et devance nettement Renaissance (18%). A gauche, les listes PS (9.5%), EELV (8.5%) et FI (7.5%) sont au coude-à-coude. LR (8.5%) et Reconquête (5%) seraient distancés.

La liste du Rassemblement National (RN) menée par Jordan Bardella arriverait largement en tête, elle serait créditée de 28.5% des intentions de vote exprimées. Le RN ferait « le plein » auprès des électeurs de 1er tour de Marine Le Pen à la Présidentielle 2022 (86% qui ont l’intention de se rendre aux urnes en 2024 voteraient pour la liste RN) et parviendrait à prendre des voix en dehors de ce socle : un tiers des électeurs d’E. Zemmour et des abstentionnistes. La liste RN menée par Jordan Bardella arriverait en tête chez les moins de 35 ans (31%) comme chez les 35-64 ans (32%) et viendrait concurrencer Renaissance (19% RN / 23% Ren) chez les 65 ans et plus, un électorat qui lui était traditionnellement moins favorable. Autre nouveauté : la liste RN viendrait concurrencer la liste Renaissance chez les Français qui bouclent leurs fins de mois sans se restreindre (24% RN / 21% Renaissance) et resterait le premier choix des Français plus précaires qui doivent se restreindre (36%). Elle arriverait également en tête chez les employés/ouvriers (34%) et les professions intermédiaires (34%) et en dehors de l’agglomération parisienne (31%).

Une liste Renaissance, du MoDem et d’Horizons menée par Stéphane Séjourné* serait créditée de 18% des intentions de vote exprimées. Elle bénéficierait de reports importants bien qu’imparfaits des électeurs d’Emmanuel Macron (66%) et d’aucun reports de voix significatif en dehors. Cette formation arriverait en tête chez les cadres (31%), chez les retraités (24%) mais serait challengée dans l’agglomération parisienne (14%) par LR (15%), le RN (15%) et EELV (12%).

Les listes de gauche du Parti Socialiste et de Place Publique menée par Raphaël Glucksmann (9.5%), d’Europe Ecologie Les Verts menée par Marie Toussaint (8.5%) et de la France Insoumise (7.5%) seraient au coude-à-coude (avec une légère avance pour la liste PS). Avec la liste du Parti Communiste menée par Léon Deffontaines (à 3%) et du Parti radical de gauche menée par Guillaume Lacroix (0.5%), le bloc de gauche obtiendrait 29% des voix. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle 2022, qui ont l’intention de se rendre aux urnes en 2024, seraient très dispersés entre la liste LFI (30%), EELV (29%) et dans une moindre mesure PS (16%). Les électeurs de Yannick Jadot resteraient en grande partie fidèles à leur camp (59% voteraient pour la liste EELV, 20% Renaissance, 19% PS).

La liste des Républicains menée par François-Xavier Bellamy est créditée de 8.5% des intentions. Elle obtiendrait le soutien massif des sympathisants LR (94%) mais n’aurait aucune réserve de voix en dehors de ce socle.

La liste Reconquête menée par Marion Maréchal serait à 5%. Les autres listes testées seraient créditées de moins de 3% des intentions de vote exprimées.

Raisons du vote : l’envie de soutenir un camp politique, devant le souhait d’exprimer un mécontentement à l’égard de l’exécutif et de l’Union européenne

Sur l’ensemble des électeurs qui ont l’intention de se rendre aux urnes en juin prochain, la motivation principale du vote est le soutien aux idées de la liste et à la formation politique (32%) devant le souhait d’exprimer un mécontentement vis-à-vis de la politique de l’exécutif (22%) et l’attachement à l’Union européenne (18%). Les deux autres raisons évoquées sont le souhait d’exprimer un mécontentement à l’égard de l’Union européenne (16%) et un soutien à la politique de l’exécutif (8%).

Des différences importantes sont à noter selon les électorats potentiels :

  • Les électeurs qui ont l’intention de voter pour la liste France Insoumise souhaitent exprimer leur mécontentement vis-à-vis de la politique de l’exécutif (39%) et soutenir les idées de leur liste (39%)
  • Les potentiels électeurs des principales autres listes de gauche (PS, EELV, PCF) votent avant tout pour soutenir leurs idées et formation politique (49%), devant l’attachement à l’UE (24%)
  • Les potentiels électeurs de la liste Renaissance et alliés sont motivés par le fait d’exprimer leur attachement à la politique de l’exécutif (41%) et à l’UE (40%)
  • Les potentiels électeurs des Républicains sont animés par le soutien à leur formation politique (48%) nettement devant l’attachement à l’UE (25%)
  • Enfin, les potentiels électeurs du Rassemblement National souhaitent par leur vote exprimer leur mécontentement envers l’exécutif (36%) et dans une moindre mesure l’UE (27%), et également soutenir les idées et la liste menée par Jordan Bardella (34%)

Principaux enjeux des Européennes : le pouvoir d’achat et la lutte contre l’inflation, l’immigration, la lutte contre le changement climatique et contre le terrorisme

Pour les Français, les principaux enjeux de ces élections européennes sont l’amélioration du pouvoir d’achat et la lutte contre l’inflation (45%) devant l’immigration (38%), la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement (30%) et la lutte contre le terrorisme (30%). Ces enjeux devancent la lutte contre les inégalités sociales (22%), la croissance économique et la lutte contre le chômage (20%), l’éducation des jeunes (17%), la protection sociale des européens (15%), la protection des consommateurs (14%), le fonctionnement des institutions de l’UE (12%), la guerre en Ukraine (12%), la lutte contre la fraude fiscale (11%), l’égalité femmes-hommes (10%), la régularisation des géants du numérique (6%), la préservation du patrimoine culturel (6%) et la protection des droits numériques comme la protection des données personnelles (4%).

Les enjeux diffèrent fortement selon les électorats potentiels :

  • Les électeurs qui ont l’intention de voter pour une liste de gauche (PS, EELV, LFI, PCF, PRG) placent comme principaux enjeux des européennes : l’environnement (49%), devant le pouvoir d’achat/lutte contre l’inflation (36%), les inégalités sociales (35%) et la protection sociale (25%)
  • Les potentiels électeurs de Renaissance et alliés : l’environnement (40%), le pouvoir d’achat/lutte contre l’inflation (38%), l’immigration (34%) et la croissance économique (30%)
  • Les potentiels électeurs de la liste LR : l’immigration (51%), le pouvoir d’achat/lutte contre l’inflation (48%), le terrorisme (41%) et la croissance économique (32%)
  • Les potentiels électeurs du RN : l’immigration (68%), le pouvoir d’achat/lutte contre l’inflation (56%) et la lutte contre le terrorisme (40%)

A 5 mois du scrutin, l’intérêt pour les élections européennes est limité (47%)

47% des Français se disent intéressés par les élections européennes, dont 36% plutôt intéressé et 11% très intéressés. A l’inverse, 53% disent ne pas être intéressés, dont 38% pas vraiment et 15% pas du tout. Il s’agit d’un niveau d’intérêt légèrement moindre qu’en 2019 à la même période (53% était intéressés en janvier 2019).

A ce jour, l’engouement pour ces élections européennes est plus marqué chez les hommes (55%), les 65 ans et plus (54%) et les habitants des grandes agglomérations (54%) que chez les femmes (41%), les moins de 65 ans (45%) et les habitants des communes rurales (40%).

D’un point de vue politique, les électeurs d’Emmanuel Macron (64%) et de Valérie Pécresse (64%) sont les plus intéressés par cette campagne, les électeurs de Marine Le Pen (52%) et de Jean-Luc Mélenchon (51%) le sont moins.

Des Français très partagés sur les bienfaits de l’appartenance à l’Union européenne : 1 sur 2 y voit autant d’avantages que d’inconvénients, un tiers plus d’inconvénients et un quart plus d’avantages

Les Français sont de plus en plus partagés sur les bénéfices liés à l’appartenance de la France à l’Union européenne : 47% (+8 par rapport à janvier 2022) affirment qu’elle a autant d’avantages que d’inconvénients. 30% (-3) estiment qu’elle a plus d’inconvénients que d’avantages, et à l’inverse 22% (-5) plus d’avantages que d’inconvénients.

Sur le temps long, on observe que l’opinion « plus d’inconvénients que d’avantages » est en baisse (de 40% en mars 2016 à 30% aujourd’hui) au profit d’autant l’un que l’autre (de 34% à 47% aujourd’hui).

D’un point de vue politique :

  • Les potentiels électeurs du RN estiment en majorité que l’appartenance à l’UE apporte plus d’inconvénients que d’avantages (55%)
  • Les potentiels électeurs de Renaissance ont l’opinion inverse (57% plus d’avantages que d’inconvénients)
  • Les potentiels électeurs des listes de gauche (PS, EELV, LFI, PRG) sont plus partagés (50% autant, et 35% plus d’avantages) tout comme les électeurs de la liste LR (43% autant, et 35% plus d’avantages)

Les moins de 35 ans (53% autant d’avantages que d’inconvénients, 29% plus d’avantages) ont un regard plus positif sur l’appartenance à l’UE que les 65 ans et plus (39% plus d’inconvénients, 37% autant, 22% plus d’avantages).

La majorité des Français n’est pas satisfaite de l’organisation, du fonctionnement…

61% des Français ne sont pas satisfaits de l’organisation et du fonctionnement actuel de l’Union européenne, dont 41% pas vraiment satisfait et 20% pas du tout satisfait. A l’inverse, 39% sont satisfaits, dont 35% assez satisfaits et 4% très satisfaits.

Les électeurs qui ont l’intention de voter pour la liste Renaissance (76%) et dans une moindre mesure PS (65%) se disent satisfaits du fonctionnement de l’UE. Les potentiels électeurs d’EELV (50% satisfaits, 50% pas satisfaits) et de LR (50%, 50%) sont très partagés. Les potentiels électeurs du RN (79%) et de LFI (61%) n’en sont pas satisfaits en large majorité.

Les moins de 35 ans (55%) et les cadres (54%) sont une courte majorité à se dire satisfaits tandis que les plus de 35 ans (67% pas satisfaits), les professions intermédiaires (56%) et les employés/ouvriers (60%) sont nettement plus critiques.

…et de l’action de l’Union européenne sur les principaux enjeux (pouvoir d’achat, immigration, environnement et guerre en Ukraine)

78% des Français ne sont pas satisfaits de l’action de l’Union européenne en faveur de l’amélioration du pouvoir d’achat des européens et la lutte contre l’inflation (78%), l’immigration (76%), l’environnement et la lutte contre le changement climatique (70%) et la guerre en Ukraine (65%).

L’insatisfaction est majoritaire chez les potentiels électeurs du RN (74%-93%), des listes de gauche (60%-76%) et LR (52%-82). Les potentiels électeurs de Renaissance sont majoritairement satisfaits de l’action de l’UE concernant la guerre en Ukraine (61%), l’environnement (60%) mais ils sont plus partagés sur l’immigration (45% satisfaits, 54% pas satisfaits) et le pouvoir d’achat/lutte contre l’inflation (52%, 48%).

Pour autant, une majorité de Français se sent européen…

61% des Français déclarent se sentir européens, dont 40% plutôt et 21% tout à fait. A l’inverse, 38% ne se sentent pas européens, dont 24% pas vraiment et 14% pas du tout.

Le sentiment d’être européen est majoritairement partagé par toutes les catégories de population, et en particulier par les moins de 35 ans (72% vs. 57% chez les plus de 35 ans).

D’un point de vue politique, les potentiels électeurs des principales listes déclarent en majorité se sentir européens, sauf ceux de la liste RN (62% non).

…et estiment que la France devrait rester dans l’euro, l’Union européenne et l’espace Schengen

76% des Français considèrent que la France doit rester dans l’euro (contre 23% quitter), 68% rester dans l’Union européenne (contre 31% quitter) et 63% dans l’espace Schengen (contre 36% quitter).

L’attachement à l’euro est majoritaire dans toutes les catégories de population et électorats, y compris au sein des électeurs potentiels de la liste RN (64% rester).

Les potentiels des électeurs des listes de gauche, de Renaissance et de LR sont très attachés à l’Union européenne et à l’espace Schengen. Mais à contrario, la majorité des électeurs du RN estime que la France devrait quitter l’espace Schengen (63%) et dans une moindre mesure l’Union européenne (52%).

L’attachement à ces 3 institutions est majoritaire au sein de toutes les catégories de population, il est toutefois plus prononcé chez les moins de 35 ans concernant l’Espace Schengen (78% vs. 58% chez les 35 ans et plus) et l’Union européenne (76% vs. 66%).

(*) Terrain d’enquête réalisé intégralement après la nomination de Gabriel Attal au poste de Premier ministre et débuté avant la nomination des ministres. Quand le terrain d’enquête a démarré, Stéphane Séjourné n’avait donc pas encore été nommé Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.

Télécharger le rapport : Les Français et les élections européennes 2024

Crédits image : Wikimedia Commons / Carte électorale Vote France – Ksiamon

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ELABE rappelle que les résultats de ce sondage doivent être interprétés comme une indication de l’état du rapport de force politique actuel en France métropolitaine dans la perspective de l’élection européenne de 2024. Ils ne constituent en aucun cas un élément prédictif des résultats le jour du vote.

La notice de ce sondage peut être consultée sur le site internet de la Commission des sondages : www.commission-des-sondages.fr

Toute publication ou toute reprise de ce sondage doit faire figurer la méthodologie et les marges d’erreurs :

« Echantillon de 1 515 personnes, représentatif des résidents de France métropolitaine âgés de 18 ans et plus, dont 1 400 inscrits sur les listes électorales. Interrogation par Internet du 10 au 12 janvier 2024.

La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge, catégorie socio-professionnelle, région de résidence et catégorie d’agglomération.

Pour les questions d’intention de vote, seules les personnes inscrites sur les listes électorales et ayant l’intention d’aller voter sont prises en compte.

Marge d’erreur comprise entre 1,1 et 3,5  points de pourcentage. »