« Dérapage budgétaire » : l’opinion blâme le gouvernement plutôt que la conjoncture

Dette publique : un large consensus sur l’urgence de la réduire

81% des Français considèrent qu’il est urgent de réduire la dette publique (dont 29% très urgent).

Ce constat dépasse les clivages politiques : au sein de chaque électorat, une majorité partage cette opinion. Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon sont cependant moins nombreux à relever le caractère urgent de la réduction de la dette publique (60%).

Dans le même temps, l’ampleur de la dette publique est largement méconnue, et en partie sous-estimée

3 Français sur 4 (74%) déclarent ne pas connaître (31%) ou se trompent sur le montant de la dette publique (dont 32% la sous-estiment). Seuls 26% se positionnent sur le bon montant (environ 3 000 milliards d’euros).

Cette méconnaissance ou mauvaise estimation concerne l’ensemble des catégories de population.

Quels leviers pour la réduire ? La réduction du train de vie de l’Etat fait consensus. Les hausses d’impôts pour les entreprises ayant fait le plus de profit et pour les ménages les plus aisés font débat, tout comme la réduction des dépenses publiques (notamment les dépenses sociales). L’hypothèse d’une hausse d’impôts pour l’ensemble des particuliers est rejetée.

Pour réduire la dette publique, 79% des Français citent la diminution du train de vie de l’Etat. Ce levier fait consensus dans l’ensemble des camps politiques.

Le niveau de citation des autres leviers est nettement en-deçà, car ils font débat et clivent politiquement :

  • La hausse des impôts des entreprises ayant fait le plus de profits, citée par 49% des Français : une hypothèse largement privilégiée par les électorats de gauche (>70%)
  • La réduction globale des dépenses publiques, citée par 41% des Français : une piste choisie par une majorité de sympathisants LR
  • La hausse des impôts des particuliers les plus aisés, citée par 34% des Français : une option évoquée par près de 2/3 des électeurs de Jean-Luc Mélenchon
  • Par des réformes encourageant la croissance économique (qui génèrera mécaniquement une hausse des recettes fiscales), citée par 34% des Français : un souhait qui rassemble près d’un électeur sur deux d’Emmanuel Macron
  • La diminution des dépenses sociales, citée par 31% des Français : une option privilégiée par environ la moitié des électeurs de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour

Hormis la contribution des ménages les plus aisés, l’ensemble de ces hypothèses est cité par près d’un électeur sur deux d’Emmanuel Macron.

La hausse globale des impôts des entreprises (12%) et de ceux des particuliers (4%) sont peu citées.

Coupes budgétaires envisagées : aides aux entreprises, allocations familiales et allocations chômage sont les pistes privilégiées

Les trois domaines sur lesquels le plus de Français s’accordent pour opérer des réductions budgétaires sont les aides aux entreprises (36%) et deux dépenses sociales : les allocations familiales (35%) et chômage (32%). Ces deux dépenses sociales sont plus largement évoquées par les électeurs de Marine Le Pen (respectivement 46% et 41%). Les allocations chômage sont elles aussi plus largement citées par les électeurs d’Emmanuel Macron (43%).

Les autres dépenses sociales comme la santé (5%), les retraites (4%) et le vieillissement/la dépendance (4%) sont très peu citées par les Français.

Derrière le trio de tête, trois domaines recueillent 15% à 25% de citations : l’environnement, la transition écologique et énergétique (23%), la culture (22%), la défense/l’armée (18%).

Une critique très forte de l’efficacité des dépenses publiques, de la lutte contre la fraude (sociale et fiscale) et du système fiscal (objectif de redistribution des richesses)

Environ 3 Français sur 4 critiquent l’utilisation du montant des impôts et taxes (79%) et le manque de lutte contre la fraude sociale (77%) et fiscale (76%). Ils déplorent également l’inefficacité du système fiscal, qui ne permet pas la redistribution des richesses entre les différentes catégories de population (71%).

Ces critiques sont partagées par l’ensemble des catégories de population, et notamment l’ensemble du champ politique. S’ils sont un peu moins critiques, une majorité des électeurs d’Emmanuel Macron partagent également ces opinions.

Malgré ces fortes critiques, le consentement à l’impôt (le paiement des impôts et taxes est justifié car il finance les services publics) reste majoritaire (61%) mais fragile (seulement 17% tout à fait d’accord) et clivant : il est très haut dans les électorats de gauche, d’Emmanuel Macron et chez les sympathisants LR (>70%) mais minoritaire (48%) chez les électeurs de Marine Le Pen.

48% des Français pensent que l’ensemble des ménages devrait payer l’impôt sur le revenu, alors que 51% rejettent cette idée.  Les électorats de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen y sont plutôt opposés (63% et 53%), alors que les autres y sont plutôt favorables (>55%).

« Dérapage budgétaire » : pour l’opinion, une mauvaise prévision du gouvernement

68% des Français pensent que l’écart entre le déficit public réel mesuré par l’Insee et celui prévu par le projet de loi de finances s’explique par une mauvaise prévision du gouvernement, trop optimiste. Cette opinion est largement partagée par les électorats d’opposition, ainsi que par 41% des électeurs d’Emmanuel Macron.

Seuls 31% estiment que c’est lié à une évolution défavorable et non prévisible de la conjoncture économique (58% auprès de l’électorat d’Emmanuel Macron).

Confiance sur les finances et dépenses publiques : Marine Le Pen et Gabriel Attal au coude-à-coude (1/3 de confiance chacun)

34% des Français déclarent faire confiance à Marine Le Pen pour avoir une bonne politique en matière de finances et dépenses publiques ; Gabriel Attal recueille lui 33% de confiance. La députée du RN obtient une confiance quasi-totale de ses électeurs de 2022 ainsi que de ceux d’Éric Zemmour, et parvient également à obtenir le soutien de 41% des sympathisants LR et 20% des électeurs d’Emmanuel Macron. Gabriel Attal recueille lui la confiance de 77% des électeurs d’Emmanuel Macron, ainsi que près d’un sympathisant LR sur deux (48%), 32% des électeurs d’Éric Zemmour et 29% de ceux de Yannick Jadot.

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire obtient la confiance de 27% des Français, Emmanuel Macron 25% et les dirigeants LR 25%. Les autres responsables et partis politiques sont cités par moins d’un Français sur quatre.


Menace terroriste : un niveau d’inquiétude qui reste élevé

80% de Français affirment être inquiets concernant la menace terroriste en France (un chiffre stable par rapport à décembre 2023), dont 28% très inquiets (en recul de 7 points). Cette inquiétude traverse l’ensemble de la population. Elle est légèrement inférieure parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (68%).

Si elle reste autant exogène qu’endogène aux yeux de 44% des Français, 41% considèrent que la menace vient avant tout de l’intérieur

14% pensent en revanche qu’elle vient plutôt de l’extérieur de la France. Le diagnostic d’ensemble est relativement homogène, même si les plus jeunes évoquent plus largement un danger venant de l’extérieur (25% des 18-34 ans) alors que les sympathisants LR et RN sont plus nombreux à penser qu’elle vient de l’intérieur (50% à 60%).

Par rapport à fin 2023, un regain d’optimisme sur la capacité de la France à être la hauteur des enjeux de sécurité lors des JO

59% des Français pensent que la France sera à la hauteur des enjeux de sécurité pendant les pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Une hausse de 12 points par rapport à décembre dernier, qui avait marqué un recul net suite aux assassinats d’Arras et d’un touriste allemand à Paris.

La confiance est élevée parmi les électeurs d’Emmanuel Macron (80%) et les sympathisants LR (72%), mais beaucoup plus fragile auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (52%), de Marine Le Pen (44%) et d’Éric Zemmour (29%).

31% des Français déclarent envisager de changer de comportements et d’habitudes (sorties, transports, etc.) face à la menace terroriste, un chiffre en recul de 10 points par rapport à décembre 2023.

Cérémonie d’ouverture : pour 57% des Français, il ne faut pas céder aux menaces, elle doit être maintenue comme prévu

A l’inverse, 43% estiment que cette cérémonie est trop risquée étant donné la menace terroriste et qu’il faudrait devrait revoir son organisation. Les femmes (47%), les électeurs de Marine Le Pen (52%) et ceux d’Éric Zemmour (62%) sont plus nombreux à remettre en question l’organisation actuelle de la cérémonie d’ouverture.

Confiance pour protéger de la menace terroriste : Gabriel Attal au même niveau que Marine Le Pen

Gabriel Attal obtient la confiance de 39% des Français, au même niveau que Marine Le Pen (39%). Gérald Darmanin (37%) et Emmanuel Macron (36%) sont très légèrement en-dessous.

32% font confiance aux dirigeants LR et 26% à ceux du Parti Socialiste. Les autres responsables et partis politiques recueillent la confiance de moins de 25% des Français.


Télécharger le rapport : Les Français et la dette publique / Les Français la menace terroriste

Crédits image : iira 116 / Pixabay