Risque de désengagement des Etats-Unis de l’OTAN : une majorité de Français soutient une défense européenne commune
Donald Trump envisage de désengager les Etats-Unis de l’OTAN, l’alliance militaire entre les pays d’Amérique du Nord et d’Europe, et dénonce le partage trop inégalitaire à ses yeux du budget de la défense. En 2014, les alliés s’étaient engagés à consacrer au moins 2% de leur PIB à la défense, mais en 2024, seule une vingtaine de pays (sur 32) – dont les Etats-Unis – a atteint cet objectif. Aujourd’hui, 55% de Français estiment que la France doit s’entendre avec les autres pays européens pour construire une véritable politique commune de défense européenne. Pour un tiers de l’opinion, le pays doit avant tout être le plus autonome possible pour assurer sa propre sécurité (33%). Seulement 11% estiment que la France doit encore compter sur les Etats-Unis.
Politiquement, les électeurs d’Ensemble du 1er tour des Législatives 2024 (81%), du NFP (74%) et de droite (LR/UDI/DVD, 71%) sont davantage convaincus par l’importance d’une politique commune de défense européenne. Les électeurs RN sont davantage en faveur de l’autonomie française pour assurer sa propre sécurité (48%) plutôt qu’une coopération européenne (34%).
Les 65 ans et plus soutiennent davantage l’entente européenne (65% vs 51% moins de 65 ans).
Une courte majorité favorable à l’extension du parapluie nucléaire aux autres pays européens
En partant du principe que la décision de son activation reste française, 56% des Français sont favorables à ce que la France étende la protection de son arme nucléaire aux autres pays européens : 11% y sont très favorables et 45% plutôt. A l’inverse, 43% y sont opposés dont 16% très opposés et 27% plutôt.
La plupart des principaux électorats soutiennent l’idée que la France partage son pouvoir de dissuasion pour protéger les autres pays européens (Ensemble 77%, NFP 65% et droite 63%). Seuls les électeurs RN sont une majorité à y être opposée (60%).
Les 65 ans et plus sont également plus favorables au parapluie nucléaire (64% vs 51% moins de 50 ans).
Pour l’opinion, la réduction de la dette publique reste prioritaire à l’augmentation des dépenses militaires
Malgré le possible désengagement des Etats-Unis de l’OTAN, 6 Français sur 10 déclarent que la priorité doit rester la réduction des déficits avant d’augmenter les dépenses (61%), contre 37% qu’il faut augmenter les dépenses d’armement quitte à creuser le déficit.
La baisse du déficit public est la priorité de la plupart des principaux électorats : RN (68%), droite (60%) et NFP (58%). Seuls les électeurs d’Ensemble sont davantage favorables à une hausse des dépenses d’armement (59%).
A noter que les Français obligés de se restreindre pour boucler leurs fins de mois priorisent la réduction des déficits (68%) à l’investissement dans la défense nationale (31%), à l’inverse des Français qui les bouclent sans se restreindre (58%, 40%).
Livret d’épargne pour financer l’effort budgétaire de défense : 43% des Français seraient prêts à y placer une partie de leur épargne
Pour financer une hausse des dépenses militaires, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de « lancer des produits d’épargne ». Cela pourrait prendre la forme d’un livret où placer une partie de son épargne contre des intérêts. Aujourd’hui, 43% seraient prêts à investir, dont 10% certainement et 33% probablement. A l’inverse, 56% des Français ne seraient pas prêts à placer une partie de leur épargne sur un tel livret, dont 27% certainement pas et 29% probablement pas.
Ce produit d’épargne suscite avant tout l’intérêt des électeurs d’Ensemble (72%), et dans une moindre mesure les électeurs de droite (55%). Il est rejeté par une majorité d’électeurs RN (65%) et NFP (57%).
Aussi, les cadres et professions intermédiaires seraient davantage prêts à placer leur épargne dans ce type de produit (68%, 50%), contre seulement 34% des employés et ouvriers.
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Crédits image : Håkan Dahlström / Flickr.com