Aux yeux des Français, Emmanuel Macron est responsable de l’inauguration chahutée du Salon de l’Agriculture

Une mobilisation des agriculteurs toujours très largement approuvée par l’opinion publique

83% des Français ont un regard positif sur la mobilisation des agriculteurs (45% soutien / 38% sympathie), un score qui reste très élevé sur la durée (quasi-stable depuis le début du mouvement) et en comparaison avec l’ensemble des mobilisations sociales des dernières années. 7% ont un regard négatif sur la mobilisation, 9% y sont indifférents.

L’approbation reste toujours largement majoritaire dans l’ensemble des catégories de populations, y compris dans l’électorat d’Emmanuel Macron (84%).

Une réponse du gouvernement toujours jugée insuffisante, malgré un léger recul

Un mois après les premières annonces du gouvernement pour répondre aux revendications des agriculteurs, 53% des Français estiment que les mesures évoquées vont dans le bon sens mais restent insuffisantes (-6 par rapport à fin janvier) ; 35% jugent qu’elles ne correspondent pas du tout aux attentes des agriculteurs (+2) ; 11% qu’elles sont à la hauteur des revendications (+4). Si les électorats d’opposition sont plus critiques, l’ensemble du champ politique fait le constat de mesures insuffisantes. Seuls 25% des électeurs d’Emmanuel Macron considèrent que les réponses du gouvernement sont à la hauteur.

Aux yeux des Français, Emmanuel Macron est responsable de l’inauguration chahutée du Salon de l’Agriculture

Pour 63% d’entre eux, Emmanuel Macron est responsable des incidents qui ont eu lieu lors de l’inauguration du Salon de l’Agriculture, en attisant les tensions par sa manière de gérer les relations avec le monde agricole. Un jugement largement partagé par les électorats de Jean-Luc Mélenchon (77%) et de Marine Le Pen (78%).

A l’inverse, 36% estiment que ce sont certains agriculteurs qui en sont responsables, en s’opposant aux forces de l’ordre. Une opinion partagée par 71% des électeurs d’Emmanuel Macron.

Les sympathisants LR sont plus partagés mais pointent avant tout la responsabilité d’une partie des agriculteurs (59%).

L’opinion compréhensive à l’égard des épisodes de violences

7 Français sur 10 disent comprendre les actes violents qui ont eu lieu de la part de certains agriculteurs, notamment lors du Salon de l’Agriculture (les électeurs d’Emmanuel Macron sont plus distants, 57%).

Pour autant, 54% les condamnent (plus de 55% dans l’ensemble des électorats, sauf celui de Marine Le Pen à 41%).

Depuis le début de la mobilisation, l’opinion publique est dans une posture de compréhension à l’égard des évènements de violence, à l’exception de fin janvier lorsque des bâtiments publics avaient été dégradés et incendiés.

Question agricole : aucun responsable politique n’obtient une majorité de confiance. Marine Le Pen et Gabriel Attal se démarquent, Emmanuel Macron en retrait

Pour répondre aux problèmes de l’agriculture, aucune personnalité politique ne recueille la confiance d’une majorité de Français.

Dans ce contexte, Marine Le Pen (37%) et Gabriel Attal (35%) se démarquent. Membre du même exécutif, Emmanuel Macron (23%) obtient pourtant 12 points de confiance de moins que son Premier ministre.

Au-delà du soutien quasi-unanime de son socle électoral de 2022 (88%), Marine Le Pen convainc également 85% des électeurs d’Éric Zemmour, et une part significative de sympathisants LR (47%), et dans une moindre mesure d’électeurs d’Emmanuel Macron (20%) et de Jean-Luc Mélenchon (15%).

L’avantage du Premier ministre par rapport au Président de la République sur le sujet agricole s’explique par une confiance plus large auprès de l’ensemble des électorats (de 7 à 23 points selon le segment politique), y compris auprès de l’électorat d’Emmanuel Macron (73% contre 66%).

Les dirigeants LR recueillent sur ce sujet la confiance de 21% des Français, Fabien Roussel 20%, EELV 19%, le PS 18%, Jean-Luc Mélenchon 16%, Eric Zemmour 14% et le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau 12%.


Gabriel Attal et Jordan Bardella : un match très serré, légèrement à l’avantage du Premier ministre

32% des Français ont une meilleure opinion du Premier ministre Gabriel Attal, alors que 29% préfèrent le président du RN Jordan Bardella. 39% n’en choisissent aucun.

Gabriel Attal a largement l’avantage auprès de l’électorat d’Emmanuel Macron (76% contre 12%) et de celui de Yannick Jadot (59% / 2%). Il est également en tête auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (30% / 11%) même si une majorité d’entre eux n’expriment aucune préférence (58%). Les sympathisants LR sont eux aussi plus nombreux à préférer le Premier ministre mais sont assez partagés (49% / 37%).

A l’inverse, Jordan Bardella a nettement l’avantage auprès des électorats de Marine Le Pen (73% / 7%) et d’Éric Zemmour (85% / 10%). A noter que 27% des électeurs de Marine Le Pen ne font pas le choix de Jordan Bardella.

D’un point de vue socio-démographique, Gabriel Attal a l’avantage auprès des retraités (41% / 30%), alors que Jordan Bardella est en tête auprès des 25-34 ans (33% / 21% ; match serré auprès des autres catégories d’âge). Le Premier ministre est nettement en tête auprès des cadres (46% / 23%), alors que les catégories populaires lui préfèrent le président du RN (31% / 22%). Les professions intermédiaires sont partagées (33% G. Attal / 30% J. Bardella).

Gabriel Attal a l’avantage dans les grandes agglomérations (37% / 25%), mais est devancé par Jordan Bardella dans les zones rurales (32% / 27%).

Le Président du RN pâtit de la persistance d’un certain effet « repoussoir » du RN, mais a l’avantage sur la volonté de changement, les choix politiques et la proximité

En termes d’image, Jordan Bardella est perçu comme plus inquiétant (33% / 22% / 45% ni l’un ni l’autre).

En revanche, il devance Gabriel Attal sur :

  • la capacité à comprendre les gens comme vous (30% / 20% / 49% ni l’un ni l’autre)
  • la volonté de vraiment changer les choses (34% / 25% / 41% ni l’un ni l’autre)
  • le fait d’avoir de bonnes idées pour la France (33% / 26% / 40% ni l’un ni l’autre)
  • la capacité à pouvoir améliorer concrètement la situation (29% / 23% / 48% ni l’un ni l’autre)
  • la capacité à rassembler les Français (28% / 22% / 49% ni l’un ni l’autre)
  • les qualités nécessaires pour être Président de la République (26% / 22% / 51% ni l’un ni l’autre)

Gabriel Attal est lui en tête sur la dimension sympathique (34% / 28% / 37%)

Ils sont à égalité sur la sincérité (25% Bardella / 24% Attal / 50% ni l’un ni l’autre) et la compétence (29% / 31% / 39%).

Jordan Bardella a l’avantage sur la sécurité, l’immigration et le pouvoir d’achat, Gabriel Attal sur l’éducation et plus légèrement sur l’économie et la santé

Jordan Bardella est jugé plus crédible que Gabriel Attal sur :

  • l’immigration (42% / 18% / 40% ni l’un ni l’autre)
  • la sécurité (39% / 20% / 40% ni l’un ni l’autre)
  • le pouvoir d’achat (29% / 23% / 48% ni l’un ni l’autre)
  • et dans une moindre mesure l’agriculture (26% / 23% / 50% ni l’un ni l’autre)

Gabriel Attal est lui en tête sur l’éducation (35% / 25% / 39%) et dans une moindre mesure sur l’économie/l’emploi (29% / 25% / 45%), la santé (27% / 23% / 49%) et l’environnement/écologie (24% / 20% / 55%).

Ils sont à égalité sur la place de la France en Europe et dans le monde.

Positionnement politique : Gabriel Attal perçu à droite ou au centre, Jordan Bardella à l’extrême droite

29% des Français positionnent Gabriel Attal à droite (notamment dans l’électorat de gauche) et 23% au centre (notamment ans l’électorat de droite et dans une moindre mesure d’Emmanuel Macron) ; 32% ni gauche ni centre ni droite.

Concernant Jordan Bardella, 46% jugent qu’il est d’extrême droite, 22% de droite ; 24% ni gauche ni centre ni droite ni extrême droite. L’électorat de Marine Le Pen est celui qui réfute le plus le positionnement à l’extrême droite (37% à droite, 28% « ni ni », 25% d’extrême droite).

A titre de comparaison, le positionnement politique de Jordan Bardella est jugé proche de celui de Marine Le Pen (mesurée en septembre 2023), légèrement moins à l’extrême droite (46% contre 49%).


Télécharger le rapport : Les Français et la crise agricole & Le Match Gabriel Attal / Jordan Bardella

Crédits image : Salon de l’agriculture 2023 (pavillon 1) – Wikimedia Commons