Des Français favorables à l’interdiction ou restriction des grands rassemblements. Mais pour la première fois, certaines mesures sont beaucoup moins acceptées (Marseille, fermeture des bars à 22h et salles de sport dans 11 grandes villes)
Suite aux annonces du ministre de la Santé Olivier Véran, les mesures d’interdiction ou de restriction des rassemblements d’un très grand nombre de personnes sont bien accueillies par près de 3 Français sur 4 :
- L’interdiction des grands événements déclarés, comme les fêtes locales ou les fêtes étudiantes dans 11 grandes villes (73% favorables, dont 38% très favorables)
- La baisse de la jauge de 5.000 à 1.000 personnes pour les événements majeurs dans 11 grandes villes (73% favorables, dont 35% très favorables)
L’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes dans l’espace public dans 11 grandes villes est approuvée par 2 Français sur 3 (66% favorables, dont 30% très favorables). Une mesure particulièrement soutenue par les 65 ans et plus (71% favorables), mais les plus jeunes y sont également en majorité favorables (65% chez les moins de 35 ans).
La fermeture des bars à 22h dans 11 grandes villes est accueillie favorablement par une courte majorité de Français (55% favorables, dont 25% très favorables ; contre 44% opposés, dont 20% très opposés). Une mesure approuvée par une courte majorité au sein de la plupart des tranches d’âge, y compris les 18-24 ans (58% favorables), seuls les 25-34 ans se montrent plus partagés (49% favorables, contre 49% opposés).
La fermeture des gymnases et salles de sport dans 11 grandes villes divise les Français : 50% y sont favorables, dont 22% très favorables. A l’inverse 49% sont opposés, dont 18% très opposés.
Une courte majorité de Français est opposée à la fermeture complète des bars et restaurants dans la métropole d’Aix-Marseille et en Guadeloupe (53% opposés, dont 24% très opposés ; contre 46% favorables, dont 20% très favorables). C’est dans le quart sud-est du pays que l’opposition est la plus forte (59% opposés, dont 29% très opposés).
Il faut noter que c’est la première fois depuis le début de la crise sanitaire que des mesures de restriction n’emportent pas l’adhésion d’une majorité de Français. Jusqu’à aujourd’hui, elles étaient généralement acceptées par plus de 70% de la population, et seul le prolongement de la fermeture des bars et restaurants fin avril était passé en-dessous de cette barre (mais était resté majoritaire, 62%).
Sur l’ensemble de ces mesures, les électeurs d’Emmanuel Macron du 1er tour de la présidentielle 2017 sont les plus favorables. Ainsi, 56% d’entre eux sont favorables à la fermeture complète des bars et restaurants dans la métropole d’Aix-Marseille et en Guadeloupe et 84% à l’interdiction des grands événements déclarés.
Des Français partagés sur le niveau des précautions prises par l’exécutif
Pour 45% des Français le gouvernement ne prend pas assez de précautions (-2 points en 10 jours) face à l’épidémie de Covid-19, pour 30% (-3) juste ce qu’il faut, et pour 24% il prend trop de précautions, une proportion en hausse de 4 points en dix jours.
La plupart des électorats sont une majorité relative ou absolue a exprimer le manque de précautions du gouvernement (entre 49% et 54%). Les électeurs de Benoît Hamon sont plus partagés (39% pas assez, 28% juste ce qu’il faut et 30% trop), et ceux d’Emmanuel Macron mettent plutôt en avant un niveau de précaution juste ce qu’il faut (46% juste ce qu’il faut, 35% pas assez).
A noter que près d’un tiers des 25-34 ans (31%) considère que le gouvernement en fait trop, une opinion en progression au sein de cette tranche d’âge (+7).
D’un point de vue géographique, le manque de précautions est particulièrement évoqué par les habitants des petites agglomérations (2 000 à 20 000 hab., 58%, +10).
7 Français sur 10 souhaitent un renforcement des mesures dans les transports en commun
Dans le détail, 70% des Français considèrent qu’il faudrait renforcer les mesures dans les transports en commun, contre 29% qui estiment que cela n’est pas nécessaire. Le souhait d’un renforcement des mesures dans les transports en commun est majoritaire au sein de toutes les catégories de population.
Le souhait d’un renforcement des mesures dans les écoles (50% oui, 48% non) et en entreprise (49% oui, 50% non) divise les Français.
Les parents d’enfants scolarisés sont partagés sur le renforcement des mesures dans les écoles (51% oui, contre 47% non), tout comme les salariés pour un renforcement en entreprise (47% oui, 52% non).
A noter que pour ces deux lieux, les 18-24 ans se distinguent par une plus forte volonté de renforcer les mesures (68% en école et 66% en entreprise).
La confiance en l’exécutif pour lutter efficacement contre l’épidémie est au plus bas
Alors que le gouvernement vient d’annoncer une nouvelle série de mesures, 35% des Français font confiance à l’exécutif pour lutter efficacement contre l’épidémie. En baisse de 3 points en 10 jours, il s’agit du niveau de confiance le plus bas enregistré depuis le début de l’épidémie (entre 38% et 43% depuis le 31 mars, hormis la première mesure le 13 mars avec 59%). Dans le détail, 30% lui font plutôt confiance et 5% tout à fait confiance. A l’inverse, 65% des Français ne font pas confiance à l’exécutif, dont 30% pas confiance du tout.
Politiquement, seuls les électeurs d’Emmanuel Macron sont une majorité à faire confiance à l’exécutif (70%), les autres électorats se montrant plus critiques, en particulier celui de Jean-Luc Mélenchon (seuls 19% lui font confiance) et de Marine Le Pen (18%). A noter que le niveau de confiance enregistre en 10 jours une baisse importante auprès des électeurs de François Fillon (41%, -12).
La confiance est minoritaire au sein de toutes les catégories de population, à l’exception des cadres qui sont plus partagés (51% confiance, 49% pas confiance).
Pour 7 Français sur 10, l’exécutif et les autorités sanitaires ont mal anticipé le retour de l’épidémie…
69% des Français considèrent qu’Emmanuel Macron, le gouvernement et les autorités sanitaires ont mal anticipé le retour de l’épidémie, dont 41% assez mal anticipé et 28% très mal anticipé. A l’inverse, 30% des Français estiment que ce retour a été bien anticipé, dont 27% assez bien anticipé et seulement 3% très bien anticipé.
Un défaut d’anticipation exprimé par la majorité des Français au sein de toutes les catégories de population et des électorats, à l’exception des électeurs d’Emmanuel Macron qui se montrent un peu plus bienveillant (56% bien anticipé, 44% mal anticipé).
…et les mesures prises par le gouvernement ne sont pas élaborées en concertation avec les acteurs locaux
71% des Français estiment que les mesures annoncées par le gouvernement à l’échelle locale ne sont pas discutées et prises en commun avec les élus locaux et collectivités locales concernées (mairies, département, régions), dont 46% pas vraiment et 25% pas du tout. A l’inverse, 28% des Français ont le sentiment que les mesures gouvernementales prennent en compte les acteurs locaux.
Politiquement, tous les électorats évoquent majoritairement l’absence de concertation avec les acteurs locaux, y compris celui d’Emmanuel Macron (63% non, 37% oui).
D’un point de vue géographique, ce sentiment est particulièrement exprimé par les habitants du quart sud-est (75%), et par les habitants des petites et moyennes agglomérations (2 000 à 100 000 habitants, 78%).
Le sentiment de manque de prise en compte des acteurs locaux est encore plus fort chez les populations les plus âgées : de 56% chez les 18-24 ans à 79% chez les 65 ans et plus.
L’inquiétude vis-à-vis de la propagation du virus reste très présente et progresse légèrement
69% des Français se disent inquiets de la propagation du coronavirus (+1 point en 10 jours). Dans le détail, 51% se disent plutôt inquiets (-2), et 18% très inquiets (+3). A l’inverse, 31% (stable) ne sont pas inquiets, dont 23% pas vraiment inquiets (-1) et 8% pas du tout inquiets (+1).
En termes d’âge, le niveau d’inquiétude est moins important chez les Français âgés de 25 à 34 ans (58%, -3). Suite à des hausses, le niveau d’inquiétude des 18-24 ans (65%, +6) et des 35-49 ans (75%, +12) rejoint celui des 50-64 ans (67%, -7) et des 65 ans et plus (73%, -3).
Géographiquement, le niveau d’inquiétude est plus élevé et progresse en région parisienne (74%, +5), dans le quart sud-est (73%, +10) et dans les petites agglomérations (2 000 à 20 000 hab., 75% +7).
Alors que les femmes se montraient plus inquiètes à l’égard de la propagation du virus, le niveau d’inquiétude est aujourd’hui comparable entre hommes et femmes (respectivement 69% et 68%).
D’un point de vue socio-économique, le niveau d’inquiétude reste proche entre cadres (67%), professions intermédiaires (63%) et catégories populaires (68%).
Télécharger le rapport ici : Les Français face au coronavirus – Vague 19
Crédits image : capture d’écran BFMTV