Les Français ne perçoivent pas d’amélioration de la situation du pays ni de leur situation personnelle
Un Français sur deux (52%) juge que la situation du pays s’est dégradée au cours des derniers mois, et 39% qu’elle est restée stable. Seuls 9% évoquent une dynamique d’amélioration.
Ce constat est partagée par l’ensemble des catégories de population, même si les femmes et les habitants des zones rurales se montrent encore plus pessimistes, à l’inverse des cadres légèrement plus optimistes.
D’un point de vue politique, le constat dressé par les électeurs de Marine Le Pen est encore plus sombre : 68% jugent que la situation du pays s’est dégradée. Ce taux est de 63% chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. S’ils portent un regard moins négatif, les électeurs de François Fillon ne perçoivent pas non plus de dynamique d’amélioration : 46% jugent que la situation s’est dégradée, 43% qu’elle est restée stable. Seuls les électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron dressent un portrait plus positif sur l’évolution de la situation du pays : si 22% jugent qu’elle s’est dégradée, 56% estiment qu’elle est restée stable et 21% qu’elle s’est améliorée.
Pour leur propre situation, les Français ne perçoivent pas non plus de dynamique positive, même s’ils sont légèrement moins pessimistes : 51% estiment que leur situation est restée stable, 41% qu’elle s’est dégradée, et 7% qu’elle s’est améliorée.
Une nouvelle fois, les cadres portent un regard légèrement plus positif que la moyenne sur les derniers mois. C’est également le cas de plus jeunes. Les habitants des communes rurales sont eux aussi à nouveau plus pessimistes. A noter que les retraités apparaissent parmi les plus pessimistes également : 48% jugent que leur situation personnelle s’est dégradée, 48% qu’elle est restée stable.
D’un point de vue politique, les électeurs de Marine Le Pen sont à nouveau ceux qui décrivent le plus largement une dynamique négative : 57% estiment que leur situation s’est dégradée. Chez les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron, une majorité juge que leur situation est restée stable (respectivement 60% et 65%).
C’est la situation financière des Français qui impacte le plus nettement la perception de leur propre situation, et dans une moindre mesure la situation du pays. Pour les Français ne parvenant pas à finir leur fins de mois, le sentiment de dégradation atteint 74%, contre seulement 16% parmi ceux en capacité d’épargner régulièrement. A l’égard de la situation de la France, le sentiment de dégradation passe de 70% à 37% d’une catégorie à l’autre.
Par rapport à fin août 2018, plusieurs mois avant le mouvement des « gilets jaunes », le constat est sensiblement le même pour la situation du pays mais est moins pessimiste pour la situation personnelle des Français. La proportion affirmant que la situation du pays ne change pas a augmenté de 12 points, à la faveur d’une baisse de 7 points du sentiment d’amélioration et de 5 points de dégradation.
En revanche, pour leur propre situation personnelle, les Français estiment davantage qu’elle est stable (+15 points), à la faveur d’une baisse de 17 points du sentiment de dégradation. Le sentiment d’amélioration est stable.
Pouvoir d’achat, chômage, fiscalité et dette publique : une large défiance envers l’exécutif
Sur ces quatre domaines économiques et sociaux, l’exécutif recueille la défiance d’environ 7 Français sur 10 : 72% ne font pas confiance à Emmanuel Macron et au gouvernement d’Édouard Philippe concernant le pouvoir d’achat, 72% concernant la fiscalité, 73% concernant la dette publique et 67% pour le concernant le chômage.
Au sujet du pouvoir d’achat spécifiquement, le taux de défiance est comparable à celui mesuré en février 2018 lors des annonces de baisse des cotisations sociales, hausse de la CSG et de la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages.
Cette défiance est relativement homogène, quelle que soit la catégorie de population. Elle est relativement moindre, quoique majoritaire, auprès des cadres, qui accordent une prime de confiance. A titre d’exemple, 46% d’entre eux font confiance à l’exécutif pour améliorer le pouvoir d’achat des Français.
A noter une différence sensible entre les salariés du privé et du public : le taux de confiance atteint 29% chez les premiers, contre seulement 22% chez les seconds. De manière générale, les femmes se montrent plus défiantes que les hommes sur l’ensemble des sujets (5 à 9 points de plus).
Si les catégories socio-démographiques ont relativement peu d’impact sur la défiance exprimée, la situation financière l’influence très nettement : à titre d’exemple, sur le pouvoir d’achat, 86% des personnes ne parvenant pas à finir leurs fins de moins ne font pas confiance à l’exécutif, contre « seulement » 54% de ceux en capacité d’épargner régulièrement.
D’un point de vue politique, sur l’ensemble des quatre sujets, les clivages sont très marqués. Le niveau de défiance est d’environ 85-90% chez les électeurs de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen.
L’électorat de François Fillon est assez partagé : environ 40 à 50% (selon le thème) accordent leur confiance à l’exécutif, et ce notamment concernant la baisse du chômage. Il sont en revanche beaucoup plus réservés sur la baisse de la dette publique (29%).
Auprès des électeurs d’Emmanuel Macron, la proportion lui faisant confiance est majoritaire, mais n’est « que » de 55 à 60% environ selon le sujet. Il obtient une prime de confiance sur le sujet du chômage (70%). Quel que soit le sujet, cette confiance est timide, le taux de « tout à fait confiance » n’excédant jamais 16% de son électorat.
Mesures « gilets jaunes » : 56% n’anticipent aucun impact sur leur pouvoir d’achat
Invités à se prononcer sur l’impact des mesures annoncées entre fin 2018 et le 1er semestre 2019 pendant les manifestations des « gilets jaunes » et suite au « grand débat national », plus d’un Français sur deux (56%) estiment qu’elles n’auront pas d’impact sur leur pouvoir d’achat. 24% anticipent même une baisse de pouvoir d’achat, quand 19% pronostiquent une hausse.
L’absence d’impact est partagée par une majorité chez l’ensemble des catégories de population. Les jeunes de 18-25 ans et les jeunes actifs de 25-34 ans sont cependant ceux qui anticipent le plus un impact positif : respectivement 31% et 27% (environ 45% « pas d’impact » et 25% un impact négatif). A l’inverse, retraités sont ceux qui l’anticipent le moins : 12% (63% « pas d’impact » et 24% un impact négatif).
D’un point de vue politique, l’anticipation d’une hausse de pouvoir d’achat est plus largement partagée auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (un électorat relativement jeune) et de ceux d’Emmanuel Macron : respectivement 28% et 25%.
Une politique menée plutôt en faveur des plus aisés pour deux tiers des Français
65% des Français considèrent que la politique menée par Emmanuel Macron et le gouvernement est plutôt en faveur des plus aisés, 14% en faveur des classes moyennes et 8% en faveur des moins aisés. 13% estiment qu’elle est en faveur de toutes les catégories de population. Par rapport à avril 2018 au lendemain de l’intervention d’Emmanuel Macron dans le JT de TF1 en direct d’une école, l’image de « Président des riches » est toujours aussi prégnante (67% en avril 2018). Le sentiment d’une politique en faveur des classes moyennes est cependant supérieure de 8 points aujourd’hui (14% contre 6% en avril 2018), et celui d’une politique envers l’ensemble des catégories de populations en baisse (13% contre 20%).
Ce sentiment d’une politique dirigée avant tout vers les classes les plus aisées est majoritaire auprès de l’ensemble des catégories de population. Il est encore plus important parmi les retraités (71%). A l’inverse, il n’est « que » de 49% parmi les cadres.
D’un point de vue politique, l’image de « Président des riches » est fortement ancrée parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, de Benoît Hamon et de Marine Le Pen : 78% à 86% jugent que la politique de l’exécutif est plutôt en faveur des populations les plus aisées.
Parmi les électeurs de François Fillon et d’Emmanuel Macron, ce taux est respectivement de 46% et 45%. A noter que 28% des électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron estiment que la politique menée est plutôt en faveur des classes moyennes.
Par rapport à février 2018, l’image de « Président des plus favorisés » s’est légèrement renforcée auprès des retraités (71%, +5) alors qu’elle s’est atténuée auprès des cadres (49%, -18).
Télécharger ici : Les Français et la conjoncture économique – Sondage ELABE pour BFMTV / L’Opinion en direct
Crédits image : Flickr / Fred Romero