Le Conseil Objectivé

Les Français, le budget et la Défense

Les Français et les annonces budgétaires de François Bayrou

« Notre pronostic vital comme Etat est engagé » : 2 Français sur 3 partagent l’urgence exprimée par François Bayrou à propos de la dette française

65% des Français sont d’accord avec François Bayrou lorsqu’il déclare que « notre pronostic vital comme Etat est engagé ».

Les électeurs Ensemble et LR partagent très largement ce constat (respectivement 88% et 82%), et dans une moindre mesure ceux du RN (66%).

Les électeurs NFP sont eux beaucoup plus partagés : 51% sont d’accord avec lui, 48% sont en désaccord.

Lutte contre les fraudes, les arrêts maladies abusifs et les retards de paiements, suppression de certaines niches fiscales, contribution des plus hauts revenus et gel des dépenses sont largement approuvées. La suppression de deux jours fériés et le doublement du plafond de franchise sont massivement rejetés. La suppression de l’abattement pour les retraités les plus aisés et l’année blanche divisent l’opinion.

Parmi les principales propositions de François Bayrou pour le projet de budget 2026, la moitié d’entre elles reçoivent un accueil nettement favorable :

  • Renforcer la lutte contre la fraude fiscale, aux aides publiques, aux dépenses de santé et au paiement des amendes (90%, dont 63% « très favorable »)
  • Supprimer certaines niches fiscales qui profitent aux plus aisés et grandes entreprises (87%, dont 59% « très favorable »)
  • Renforcer le contrôle des arrêts maladie, notamment de longue durée (82%)
  • Reconduire d’une année la « contribution de solidarité » pour les plus hauts revenus (82%)
  • Lutter contre les retards de paiement entre entreprises, en renforçant les sanctions (82%)
  • Déployer plus largement le Dossier Médical Partagé, en rendant obligatoire sa tenue par les médecins (74%)
  • Mettre en place l’Allocation Sociale Unifiée, regroupant l’ensemble des aides sociales (72%)
  • Geler les dépenses de l’Etat en 2026 , sauf pour la Défense et le paiement des intérêts de la dette (71%)

La suppression ou fusion de certaines agences et opérateurs de l’Etat reçoit un accueil favorable mais plus mitigé (61%).

Toutes ces mesures trouvent une nette majorité au sein de tous les électorats, à l’exception de l’allocation sociale unifiée, le gel des dépenses de l’Etat et la fusion/suppression de certaines agences qui ne convainquent pas les électeurs NFP (respectivement 59%, 50% et 37% d’entre eux y sont favorables).

5 mesures divisent l’opinion et clivent politiquement :

  • Supprimer 3 000 postes de fonctionnaires, en ne remplaçant pas 1 fonctionnaire sur 3 partants à la retraite (50% « favorable », 49% « opposé »). La mesure est approuvée par les électeurs Ensemble, LR et RN , mais rejetée par ceux du NFP.
  • Pour le calcul de l’impôt sur le revenu, supprimer l’abattement de 10% pour les retraités les plus aisés (50% « favorable », 49% « opposé »). La mesure est approuvée par 6 électeurs sur 10 du NFP et d’Ensemble mais est rejetée par ceux de LR et du RN. A noter qu’une courte majorité d’actifs (55%) y est favorable alors qu’une majorité de retraités y est opposée (61%).
  • Pour les personnes en ALD, mettre fin au remboursement à 100% des médicaments sans lien avec la maladie justifiant le régime ALD (48% « favorable », 51% « opposé »). La mesure est approuvée par les électeurs Ensemble et LR, mais rejetée par ceux du NFP et du RN. A noter que la mesure divise toutes les classes d’âge.
  • Faire une « année blanche » pour les prestations sociales, les salaires de fonctionnaires ni d’ajustement des barèmes d’impôt sur le revenu (45% « favorable », 54% « opposé »). La mesure est approuvée par les électeurs Ensemble, divisent ceux de LR et du RN, et est rejetée par ceux du NFP.
  • Créer une taxe de 2 euros sur les petits colis, pour aider les petits commerces de proximité (44% « favorable », 55% « opposé »). La mesure est approuvée par les électeurs Ensemble, divise ceux de LR, et est rejetée par ceux du NFP et du RN.

La suppression de 2 jours fériés (75% « opposé », dont 54% « très opposé ») et le doublement du plafond de franchise passant de 50 à 100 € (72% « opposé ») sont massivement rejetés, dans tous les électorats. A noter que la suppression de 2 jours fériés est largement rejetée auprès des actifs (79%), mais aussi des retraités (71%).

Pour 6 Français sur 10, les efforts demandés sont trop importants

60% des Français estiment que « même s’il faut réduire la dette, les efforts demandés sont trop importants », une position que partage très largement les électeurs NFP (71%) et RN (69%) ; et dans une moindre mesure ceux de LR (54%).

A l’inverse, 38% pensent que « même si les efforts demandés sont très importants et peuvent impacter notre vie quotidienne, ils sont nécessaires pour réduire la dette » (66% parmi les électeurs Ensemble).

Un projet de budget jugé injuste et inefficace pour réduire la dette

68% des Français jugent que ce projet de budget est injuste, 66% qu’il est inefficace pour réduire la dette publique et 59% qu’il n’est pas cohérent.

Les électeurs du NFP et du RN sont particulièrement critiques à l’égard du projet de budget 2026. Ceux d’Ensemble saluent sa cohérence (68%), mais sont très partagés sur son caractère « efficace » et « juste » (respectivement 57% et 51%). 63% des électeurs LR le trouvent injuste.

Le souhait de censure progresse et devient majoritaire

58% des Français souhaitent qu’une motion de censure soit votée contre le gouvernement de François Bayrou, un chiffre en hausse de 6 points en 3 semaines après l’échec du conclave. C’est le point le plus haut mesuré depuis le début de l’année 2025, et la première fois qu’une majorité claire exprime ce choix.

7 électeurs sur 10 du NFP (72%) et du RN (72%) souhaitent cette censure, alors que 7 électeurs sur 10 d’Ensemble (70%) et de LR (70%) rejettent cette hypothèse.

Pour près de 8 Français sur 10, le budget proposé par François Bayrou ne trouvera pas de majorité

77% estiment que le Premier ministre ne parviendra pas à faire voter ce projet de budget 2026, un pronostic tout aussi pessimiste qu’il y a un mois et demi lorsque François Bayrou avait évoqué l’objectif de 40 milliards d’économies supplémentaires par rapport à 2025. Tous les électorats partagent le même pronostic, y compris les électeurs d’Ensemble (68%) et de LR (70%).

L’opinion porte un regard critique sur les orientations du gouvernement

68% des Français estiment que le gouvernement de François Bayrou va dans la « mauvaise direction », un chiffre en hausse de 4 points par rapport à janvier 2025 quelques semaines après sa nomination et en pleine préparation du budget 2025. 32% jugent à l’inverse qu’il va dans la bonne direction.

La critique est quasi-unanime auprès des électeurs NFP (80%, +2 par rapport à janvier) et du RN (81%, +5). Elle est minoritaire mais progresse auprès des électeurs Ensemble (36%, +8) et LR (48%, +9).

Les Français et les déclarations d’Emmanuel Macron sur la Défense

L’inquiétude face à la menace russe diminue

A date, 69% sont inquiets que le conflit en Ukraine se propage à d’autres pays proches de la Russie, et 48% en France. L’inquiétude est en recul de 6 points par rapport à mai dernier et atteint son plus bas niveau depuis le début de l’invasion de l’Ukraine en 2022.

L’inquiétude d’une extension aux pays proches de la Russie rassemble toujours une large majorité des électeurs Ensemble (86%) et LR (83%), mais recule auprès de ceux du NFP (69%, -12) et du RN (60%, -8).

L’inquiétude à l’égard d’une extension du conflit jusqu’en France recule auprès des électeurs NFP (41%, -11), LR (45%, -10) et RN (41%, -12) ; et reste stable auprès des électeurs Ensemble (53%, +2).

« La liberté n’avait jamais été si menacée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1945 » : l’alerte exprimée par Emmanuel Macron ne fait pas consensus, moins de 6 Français sur 10 y adhèrent

58% des Français sont d’accord avec les propos d’Emmanuel Macron, dont une large partie des électeurs Ensemble et LR qui en sont convaincus (respectivement 86% et 71%). Mais les électeurs NFP et RN sont beaucoup plus partagés (respectivement 55% et 47% d’accord »).

Dans ce contexte, l’effort budgétaire pour la défense divise fortement

54% des Français estiment que « compte-tenu des économies budgétaires à faire, on ne peut pas se permettre d’augmenter à nouveau le budget des Armées pour 2026, cela pèserait trop sur les autres dépenses publiques », une opinion que partage 60% des électeurs NFP et 56% de ceux du RN.

A l’inverse, 44% pensent que « même en période d’économies budgétaires, il faut continuer d’augmenter le budget des Armées, en faisant un effort encore plus important de réduction d’autres dépenses publiques ». 70% des électeurs Ensemble et 59% de ceux de LR partagent cette opinion.

En mars dernier, 61% des Français jugeaient déjà que la priorité devait rester la réduction des déficits avant d’augmenter les dépenses.

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