Les Français portent un regard plus positif qu’en janvier 2019 sur le fonctionnement du système de retraite actuel et sont maintenant très partagés
Pour 52% (+9 points par rapport au 9 janvier 2019) des Français, le système de retraite tel qu’il fonctionne aujourd’hui en France fonctionne bien, dont 46% (+7) plutôt bien, et 6% (+2) très bien. A l’inverse, 47% (-10) considèrent qu’il fonctionne mal, dont 39% (-7) plutôt mal et 8% (-3) très mal.
Partagés ou sceptiques en janvier 2019, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (66%, +24), de Benoit Hamon (66%, +15) et d’Emmanuel Macron (63%, +9) sont maintenant en majorité convaincus que le système de retraite français fonctionne bien. Il est également mieux perçu par les abstentionnistes du 1er tour en 2017 (47%, +16) et les électeurs de Marine Le Pen (44%, +12), même si une majorité d’entre eux remettent toujours en cause son fonctionnement (52% et 55% fonctionne mal). Dans une dynamique inverse aux autres électorats, le regard porté sur le système de retraite actuel se dégrade chez les électeurs de François Fillon (53% fonctionne mal, +11).
Les retraités sont davantage convaincus du bon fonctionnement du système de retraite actuel (62% fonctionne bien, +3), que les actifs (49%), malgré une nette amélioration du jugement de ces derniers (+14). Au sein des actifs, les ouvriers (52%, +30) et les employés (49%, +16) sont maintenant très partagés à la faveur de fortes hausses, rejoignant le niveau des cadres (52%, +5) et des professions intermédiaires (46%, +2).
Le regard porté sur le système de retraite actuel progresse nettement avec l’âge :
- Les 18-24 ans (64% fonctionne mal, +2) demeurent les plus critiques à l’égard du système de retraite actuel
- A la faveur de hausses importantes, les 25-34 ans (48% fonctionne bien, +20) et les 35-49 ans (47%, +12) sont maintenant partagés
- Une nette majorité des 50-64 ans (59%, +12) et des 65 ans et plus (62%, +5) considèrent que le système de retraite actuel fonctionne bien
Mais ils demeurent pessimistes sur sa pérennité financière pour l’avenir
57% (+2 points depuis le 27 novembre 2019) des Français considèrent que, d’un point de vue financier, le système actuel de retraites ne peut pas continuer à fonctionner dans les années à venir, dont 18% (-1) certainement pas et 39% (+3) probablement pas. A l’inverse, 31% (-3) estiment qu’il peut continuer à fonctionner dans les années à venir, dont 7% (-3) certainement et 24% (=) probablement. 12% (+1) ne se prononcent pas.
Le scepticisme sur la capacité du système de retraite actuel à fonctionner dans les années à venir est majoritaire dans la quasi-totalité des catégories de population. Un diagnostic partagé tant par les actifs (56% ne peut pas continuer) que par les retraités (58%).
D’un point de vue politique :
- Les électeurs de François Fillon (79% ne peut pas continuer), d’Emmanuel Macron (66%) et dans une moindre mesure de Marine Le Pen (54%) sont les plus pessimistes sur l’avenir du système de retraite
- Les électeurs de Benoît Hamon sont plus partagés (48% ne peut pas continuer à fonctionner, 42% peut continuer)
- Une majorité des électeurs de Jean-Luc Mélenchon considère que le système peut continuer à fonctionner d’un point de vue financier dans les années à venir (51% oui, 38% non)
Par rapport à novembre 2019 où les 18-24 ans étaient les moins pessimistes, le diagnostic d’une incapacité du système de retraite à fonctionner dans les années à venir enregistre une forte progression de 15 points, positionnant cette tranche d’âge comme la plus pessimiste sur la soutenabilité du système de retraite (61%, contre 54%-59% dans les autres tranches d’âge).
Age légal de départ à la retraite : une majorité relative pour le maintien à 62 ans
Un tiers estime qu’il faudrait l’abaisser, une opinion en progression
48% des Français (-6 points par rapport au 4 avril 2019) estiment que l’âge légal de départ à la retraite devrait rester à 62 ans. En forte augmentation, 32% (+7) considèrent qu’il faudrait l’abaisser. Pour 20% (-1), il faudrait l’augmenter.
C’est chez les jeunes de 18-24 ans, les 50-64 ans, et les électeurs de Jean-Luc Mélenchon que les opinions favorables au maintien à 62 ans de l’âge légal de départ à la retraite reculent au profit de son abaissement.
Politiquement, trois blocs se distinguent :
- Les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (48% maintien, 46% abaissement) et de Marine Le Pen (48%, 40%) sont plutôt partagés entre maintien à 62 ans et abaissement de l’âge légal de départ à la retraite
- Les électeurs de Benoît Hamon (60% maintien) et d’Emmanuel Macron (51%) souhaitent majoritairement que l’âge de départ ne change pas
- Les électeurs de François Fillon estiment majoritairement qu’il faudrait l’augmenter (53%, et 41% maintien)
Les actifs se prononcent majoritairement pour le maintien de l’âge légal à 62 ans (51%), tandis que les retraités sont davantage partagés entre le maintien à 62 ans (45%) et l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite (40%).
Au sein des actifs, une majorité de cadres et professions intermédiaires souhaitent que l’âge de départ demeure à 62 ans (50% et 57%) et une minorité souhaite qu’il diminue (27% et 34%). Les catégories populaires se montrent beaucoup plus partagés entre statu quo (48%) et abaissement (44%).
Sur cet enjeu de l’âge légal de départ à la retraite, on observe aucune différence entre les salariés du privés et ceux du public.
Afin de garantir l’avenir du système de retraite, les Français privilégient une hausse des impôts ou des taxes pour les foyers les plus aisés
Interrogés sur les moyens de garantir l’avenir du système de retraite, 62% (-1 point depuis le 4 avril 2019) des Français sont favorables à une hausse des impôts ou des taxes pour les foyers les plus aisés pour financer le système de retraite, contre 38% (+1) opposés
Une majorité de Français au sein de toutes les catégories de population est favorable à une hausse des impôts ou des taxes pour les foyers les plus riches, à l’exception des cadres (53% opposés, 47% favorables).
Politiquement, les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (77% favorables), de Benoît Hamon (75%) et de Marine Le Pen (63%) sont majoritairement favorables à cette mesure. Les électeurs d’Emmanuel Macron sont partagés (51% favorables, 48% opposés) et les électeurs de François Fillon sont plutôt opposés (55% opposés, 43% favorables).
71% (=) sont opposés à une hausse de l’âge légal de départ à la retraite, contre 29% (+1) favorables
La hausse de l’âge légal de départ à la retraire rencontre l’opposition d’une nette majorité de Français au sein de toutes les catégories de population, et en particulier des actifs (78% opposés), et plus particulièrement des professions intermédiaires (82%), et des catégories populaires (84%). En revanche, les retraités (46% favorables, 53% opposés) se montrent plus partagés. Politiquement, seuls les électeurs de François Fillon y sont plutôt favorables (62% favorables), les autres électorats sont en majorité opposés, notamment celui de Jean-Luc Mélenchon (87% opposés) et de Marine Le Pen (82%).
91% (-2) sont opposés à une baisse du montant des retraites, dont 62% (-1) très opposés
La baisse du montant des retraites est rejetée par l’ensemble des catégories de population et électorats, en particulier par les retraités eux-mêmes (97% opposés, dont 70% très opposés).
Des Français favorables à la suppression des régimes spéciaux et à la mise en place d’un système universel de retraite par points
Interrogés sur les principes qui sous-tendaient le projet de réforme des retraites présenté par l’exécutif en 2020, 65% (-2 points par rapport au 18 décembre 2019) des Français sont favorables à la suppression des 42 régimes existants dont les régimes spéciaux, contre 34% (+1) qui y sont opposés.
Politiquement, les électeurs de François Fillon (80% favorables), d’Emmanuel Macron (79%) et dans une moindre mesure de Benoît Hamon (68%) et de Marine Le Pen (62%) sont favorables à cette mesure, seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon se montrent plus partagés (53% favorables, 46% opposés).
L’adhésion à cette mesure est plus nette chez les retraités (74%) que chez les actifs (63%). Au sein des actifs, les cadres (72% favorables), les ouvriers (68%) et les professions intermédiaires (63%) sont davantage favorables à la suppression des régimes spéciaux que les employés (53%) ; et les salariés du privé (67%) par rapport à ceux du public (53%).
Le soutien à cette mesure augmente avec l’âge : de 43% chez les 18-24 ans à 77% chez les 65 ans et plus.
61% (+9) des Français sont favorables à la mise en place d’un système universel de retraite par points, contre 38% (-10) opposés.
L’adhésion au système universel de retraire par points progresse dans les populations qui y étaient les plus défavorables au 19 décembre 2019 : les 25-34 ans (62% favorables, +20), les catégories populaires (57%, +14), et politiquement, les abstentionnistes du 1er tour de la présidentielle 2017 (63%, +20), les électeurs de Marine Le Pen (57%, +15) et dans une moindre mesure ceux de Jean-Luc Mélenchon (44%, +10).
A date, un clivage émerge entre les salariés du privé plutôt favorables (63%, contre 37% opposés) et les salariés du public plutôt opposés (55% opposés, 45% favorables). A noter que les retraités y sont légèrement plus favorables (65%) que les actifs (58%).
Politiquement, les principaux électorats du 1er tour en 2017 y sont majoritairement favorables, notamment celui d’Emmanuel Macron (73%) et de François Fillon (71%). Seuls les électeurs de Jean-Luc Mélenchon demeurent majoritairement opposés (56% opposés, 44% favorables).
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