A la sortie de la trêve estivale, 41% des Français estiment que le rythme des réformes engagées par Emmanuel Macron et son gouvernement est « trop lent ». Par rapport à la mesure réalisée il y a près d’un an, ce score est en très nette hausse (+16), au détriment du sentiment d’une cadence « trop rapide », en baisse (29%, -15). 29% jugent que la cadence actuelle est bonne (-1).
C’est la première fois depuis le début du quinquennat que le reproche de lenteur domine dans l’opinion publique.
De façon générale, le sentiment d’un rythme trop lent est majoritaire (majorité relative) et en hausse auprès de la quasi-totalité des catégories de population. Il atteint même 48% auprès des plus jeunes (18-24 ans) et 46% chez les cadres, catégories qui étaient alors parmi les plus bienveillantes il y a un an.
A l’inverse, les classes moyennes et les salariés du public jugent d’abord que la cadence est trop rapide (respectivement 39% et 40%), une partie s’expliquant probablement par les craintes suscitées par les annonces autour de la réforme des retraites.
D’un point de vue politique, les électeurs de Marine Le Pen et ceux de Jean-Luc Mélenchon font avant tout le reproche de la lenteur de l’exécutif (respectivement 49% et 40%). Respectivement 37% et 36% le jugent à l’inverse trop rapide.
Pour 45% des électeurs de François Fillon, le rythme est adapté, 34% jugent qu’il est trop lent.
Les électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron sont quant à eux 56% à être satisfaits du rythme actuel des réformes. 32% partagent pourtant une certaine impatience au sein de son cœur électoral. Même si les niveaux diffèrent, la hausse du sentiment de lenteur se confirme quel que soit le segment politique.
Politique de l’exécutif : comme en juin, l’efficacité de la politique du gouvernement reste jugée très négativement
La politique menée par l’exécutif est très largement jugée inefficace pour réduire les inégalités entre territoires (76%, -3), pour améliorer le pouvoir d’achat (75%, -2), pour réduire les déficits publics (73%, -5%) et injuste (75%, -3).
69% (-2) estiment également qu’elle ne permet pas d’améliorer la situation du pays et 66% (stable) qu’elle est inefficace pour relancer l’économie.
L’opinion publique est plus partagée concernant le respect des engagements de campagne : 58% (+4) estiment qu’il ne tient pas ses promesses, 42% (-4) affirment le contraire.
Si l’électorat d’Emmanuel Macron tire un bilan plus positif, il reste néanmoins partagé sur les sujets de pouvoir d’achat (55% « oui »), de justice fiscale (53% « oui ») et de réduction des inégalités entre territoires (49%). A noter qu’entre un tiers et la moitié des électeurs de François Fillon portent un jugement positif à l’égard de la politique menée, selon les items.
L’image d’Emmanuel Macron s’adoucit par rapport au début d’année. Les reproches d’arrogance et de manque de proximité restent cependant très fort
Par rapport à fin janvier 2019, en plein « grand débat national », Emmanuel Macron est jugé moins autoritaire (-9), plus sympathique (+7) et plus sincère (+8). Revers de cet « adoucissement » et d’une présence moins marquée par rapport aux réunions du « grand débat », il apparaît alors sensiblement moins dynamique (-6).
Au-delà de ces évolutions, plus de deux ans après son élection, l’image d’Emmanuel Macron reste structurée autour des dimensions suivantes : arrogant (72%, -4), autoritaire (69%, -9), dynamique (64%, -6), courageux (60%, +3), bon ambassadeur de la France à l’étranger (56%) et volonté de changement (54%). Cette structure d’image reste cependant marquée par une certaine hostilité (56% « vous inquiète »).
S’il clive davantage sur sa capacité à réformer le pays (43%, stable), sa sympathie (42%, +7) et sa sincérité (40%, +8), ces traits d’image lui sont reconnus par une partie de l’opinion publique, notamment son cœur électoral et près de la moitié des électeurs de François Fillon.
Malgré des améliorations notables, il conserve un déficit d’image sur la capacité à rassembler les Français (25%, +5) et la proximité (24%, +5).
Sur un certain nombre de qualificatifs (autoritaire, sympathique, capacité à rassembler et à être proche des Français), Emmanuel Macron retrouve des niveaux comparables à ceux de début octobre 2018, avant le début du mouvement des « gilets jaunes ».
Les évolutions de l’image d’Emmanuel Macron sont principalement portées par son cœur électoral de 1er tour, qui s’était sensiblement effrité au plus fort du mouvement des « gilets jaunes ». Le jugement relatif à sa capacité à réformer le pays progresse de près de 10 points auprès des électeurs de François Fillon. S’ils restent majoritairement négatifs, le jugement de la posture s’améliore auprès des électeurs de Jean-Luc Mélenchon (sympathie, capacité à rassembler et proximité).
La lecture sociale de ces évolutions confirme l’amélioration au sein de son cœur électoral, avec de fortes hausses auprès des cadres. A titre d’exemple, la hausse est de 22 points sur la proximité (47%). Si les niveaux restent inférieurs en absolu, les classes moyennes se montrent elles aussi plus bienveillantes à l’égard du Président de la République, tant sur la politique menée que sur la posture. A l’inverse, le « divorce » entre les classes populaires et l’exécutif reste palpable : les niveaux d’image restent bas, voire se dégradent pour certains.
Depuis le discours de politique générale d’Edouard Philippe, une répartition des rôles jugée plus adaptée au sein de l’exécutif
Invités à se prononcer sur la répartition des rôles entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe, 56% des Français estiment que la répartition actuelle des rôles est la bonne. Ce score est en hausse de 8 points par rapport au 14 juin 2019 (au lendemain du discours de politique générale d’Edouard Philippe). Il reste néanmoins légèrement en-deçà du niveau observé fin janvier 2018 (61%), bien en amont du début du mouvement des « gilets jaunes » et du « grand débat national ».
En revanche, 29% (-3) pensent qu’Edouard Philippe devrait avoir un rôle plus important, et qu’Emmanuel Macron devrait être plus en retrait. Enfin, 14% (-4) ont un avis inverse, jugeant qu’Emmanuel Macron devrait avoir un rôle plus important.
L’observation d’un certain rééquilibrage se mesure auprès de l’ensemble des segments politiques, même si les niveaux dans l’absolu diffèrent largement. 74% (+13) des électeurs de 1er tour d’Emmanuel Macron jugent que la répartition actuelle est la bonne.
Les autres principaux électorats sont plus nuancés, même si une majorité (absolue ou relative) fait le constat d’une bonne répartition : 55% des électeurs de François Fillon et de ceux de Jean-Luc Mélenchon, 43% de ceux de Marine Le Pen.
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