Le Conseil Objectivé

Les Français, le système de retraites et les divisons à gauche

Un système des retraites jugé à bout de souffle

68% des Français estiment que dans les années à venir le système actuel de retraites ne peut pas continuer de fonctionner sur les mêmes bases qu’aujourd’hui, un constat partagé par les retraités (75%) et les actifs (66%). Ce jugement est en progression de 6 points par rapport à février dernier, et en constante progression depuis 2019.

Si ce constat est net au sein des électorats du camp présidentiel (83%), de droite (72%) et du RN (73%), il est plus nuancé à gauche (54%) et notamment chez les sympathisants LFI qui estiment quant à eux que le système peut perdurer ainsi (67%).

Pour les actifs, la crainte de ne pas avoir une pension de retraite suffisante

Seuls 21% des actifs pensent avoir une bonne pension lorsqu’ils seront à la retraite. A l’inverse, 79% estiment qu’elle ne sera pas suffisante.

Ce pronostic est largement majoritaire parmi toutes les catégories de population, auprès des employés et ouvriers (82%) comme des cadres (71%).

Politiquement, il est également partagé par une majorité de chaque électorat, même si les électeurs Ensemble (66%) et LR (61%) sont moins pessimistes.

Une nouvelle réforme des retraites apparaît inévitable

74% des Français jugent qu’il sera nécessaire de faire une nouvelle réforme des retraites dans les années à venir, une opinion quasi-unanime dans les électorats du camp présidentiel (88%), de droite (92%) et du RN (78%) mais plus partagée à gauche (57%) et notamment chez les sympathisants LFI (45% vs 53% qui estiment qu’une nouvelle réforme n’est pas nécessaire). Actifs (72%) et retraités (80%) font le même constat.

L’introduction d’une dose de capitalisation convainc de plus en plus

64% des Français souhaitent l’introduction d’une dose de capitalisation au sein d’un système financé majoritairement par répartition (+5 depuis février). Seuls 35% optent pour un système uniquement par répartition. Les électorats du camp présidentiel (75%), de droite (76%) et du RN (67%) choisissent en majorité l’introduction d’une dose de capitalisation ; les électeurs NFP sont très divisés (47% vs 52%) : les sympathisants LFI préfèrent un système exclusivement par répartition (63%) alors que ceux du Parti Socialiste optent pour une dose de capitalisation (65%).

Proposition de Gabriel Attal : la remise à plat pour mettre en place un système universel et la suppression de l’âge légal de départ sont approuvées par 8 Français sur 10, le compte de 1 000 euros à la naissance sur un fond de capitalisation approuvé par 6 sur 10

8 Français sur 10 sont favorables à la remise à plat du système actuel et l’instauration d’un système universel où chaque euro cotisé pendant sa vie active seraient directement convertis en euros de pension (81%) et à la suppression de la notion d’« âge légal de départ à la retraite » afin de se baser uniquement sur la durée de cotisation (79%). Ces deux mesures obtiennent une majorité d’approbation dans tous les électorats, même si les électeurs de gauche sont plus réservés sur le système universel (66%, notamment les sympathisants LFI 61%).

La création d’un compte de 1 000 € déposé sur un fond de capitalisation pour chaque nouveau-né (et qui pourrait être abondé par la famille) obtient une approbation moins large (61%). Les électeurs Ensemble sont largement convaincus (80%) mais les autres électorats sont beaucoup plus partagés à ce stade (entre 50% et 60%). A noter que les actifs (65%) y sont plus favorables que les retraités (53%).

Si la suspension de la réforme des retraites apparaît comme un compromis tactique nécessaire pour espérer obtenir un budget…

57% des Français estiment que le gouvernement a eu raison d’accepter la suspension de la réforme des retraites, afin d’avoir une chance de voter un budget même si cette suspension à un coût pour les finances publiques.

A l’inverse, 42% jugent qu’il n’aurait pas dû accepter au vu de l’état des finances publiques même si cela aurait abouti à une éventuelle censure.

Les électeurs NFP approuvent largement le choix du gouvernement, alors que les autres électorats sont très partagés (48% « raison » / 51% « n’aurait pas dû » auprès des électeurs Ensemble, 50% / 49% auprès de ceux du RN) ; les électeurs LR sont les plus critiques (57% « n’aurait pas dû » / 42% « raison »).

… elle n’est qu’un gain minime aux yeux du grand public ; seule une minorité estime qu’il s’agit d’une victoire importante

Près de 6 Français sur 10 (57%) estiment que le gain est minime et qu’il ne s’agit pas d’une vraie victoire pour ceux qui s’opposaient à la réforme des retraites, une opinion largement partagée au sein de l’électorat NFP (73%) et y compris parmi les sympathisants PS (62%).

Seuls 19% jugent que c’est une victoire importante (26% chez les sympathisants PS).

23% sont eux opposés à cette suspension.

Divisions à gauche sur la réforme des retraites : des « gauches irréconciliables » pour 56% des électeurs de gauche, des différences tactiques mais des positions communes sur l’essentiel pour 42%

Les électeurs de gauche sont partagés sur l’état de la gauche, et ce, quel que soit le parti. 50% des sympathisants LFI évoquent deux gauches irréconciliables, tout comme 57% des sympathisants PS et 56% de ceux d’EELV ; 49% des sympathisants LFI, 43% de ceux du PS et 39% de ceux d’EELV estiment quant à eux que les différences sont essentiellement tactiques.

A noter qu’au global, 63% des Français font le constat de deux gauches irréconciliables (74% auprès des électeurs du camp présidentiel), alors que 35% jugent qu’elles se rejoignent sur l’essentiel.

Malgré les désaccords, les électeurs de gauche privilégient une stratégie d’union pour les prochains scrutins

Quelle que soit l’élection, 6 à 7 électeurs de gauche sur 10 font le choix d’une alliance pour présenter des candidats uniques : 72% pour l’élection présidentielle, 67% pour les élections législatives et 60% pour les élections municipales. Ce souhait d’alliance est majoritaire chez les sympathisants PS, EELV et LFI, à l’exception des sympathisants PS plus partagés (49%) pour les élections municipales.

A noter qu’au global, 55% à 57% des Français estiment que les partis de gauche ne devraient pas faire d’alliance aux prochaines élections.


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