Le Conseil Objectivé

Le regard des Français sur la démission du gouvernement et la mobilisation du 10 septembre

Refus de la confiance et démission du gouvernement Bayrou : 3 Français sur 4 satisfaits (soit 20 points de plus qu’après la censure du gouvernement Barnier)

74% des Français sont satisfaits que François Bayrou n’ait pas obtenu la confiance des députés et que cela provoque la démission du gouvernement. Par rapport à la démission du gouvernement Barnier en décembre dernier suite au vote de la censure, ce chiffre est supérieur de 20 points.

Alors que les électeurs du « socle commun » étaient largement mécontents de la censure du gouvernement Barnier (89% Ensemble et 78% LR), ils sont cette fois-ci beaucoup plus partagés : 55% des électeurs Ensemble sont satisfaits de l’échec du vote de confiance et de la démission du gouvernement Bayrou, tout comme 49% des électeurs LR.

Les électorats d’opposition sont très largement satisfaits de cette démission : 88% des électeurs NFP et 85% de ceux du RN.

A noter que 2 retraités sur 3 (68%) en sont eux aussi satisfaits.

Pour constituer le prochain gouvernement, les Français privilégient un gouvernement technique (en hausse par rapport à la censure du gouvernement Barnier). Bien que minoritaires dans l’opinion, les deux configurations qui recueillent le plus de soutien sont : une coalition RN-LR et une coalition large gauche (sans LFI)-camp présidentiel-LR

Pour constituer le nouveau gouvernement, 71% (en hausse de 5 points par rapport à décembre dernier suite à la censure du gouvernement Barnier) des Français sont favorables à la nomination d’un « gouvernement technique » composé d’experts qui ne sont pas issus d’un parti politique, une hypothèse à laquelle souscrit une majorité au sein de tous les électorats (en hausse à gauche et auprès des abstentionnistes).

Nettement plus loin, les deux autres options qui rassemblent le plus sont :

  • une coalition entre le RN (et ses alliés) et LR : 40% sont favorables à cette configuration, et notamment 80% des électeurs RN et 56% de ceux de LR (et même 36% de ceux d’Ensemble).
  • une coalition entre le les partis de gauche (hors LFI), le camp présidentiel et LR : 38% y sont favorables, et notamment 71% des électeurs Ensemble, 65% de ceux de LR, 70% des sympathisants PS mais 72% des sympathisants LFI s’y opposent.

Une coalition entre les partis de gauche (hors LFI) et le camp présidentiel est soutenue par 35% des Français (notamment 61% des électeurs Ensemble, 72% des sympathisants PS mais seulement 45% des sympathisants LFI), un gouvernement RN (et ses alliés) par 34% (notamment 83% des électeurs RN), un gouvernement avec les partis de gauche hors LFI par 32% (notamment 75% des sympathisants PS mais seulement 47% de ceux de LFI).

Les deux configurations les moins plébiscitées sont : la coalition du « socle » commun camp présidentiel-LR (24%, en recul de 8 points par rapport à la censure du gouvernement Barnier, avec le soutien de 66% des électeurs Ensemble et 59% des ceux de LR) et un gouvernement avec les partis de gauche comprenant LFI (22%, avec le soutien de 82% des sympathisants LFI mais seulement 39% des ceux du PS).

Pour prendre la tête du prochain gouvernement, aucun des noms évoqués ces derniers jours ne fait consensus. Bruno Retailleau et Gérald Darmanin recueillent le soutien de près de 3 Français sur 10

Parmi les personnalités (issues du bloc central, de LR et du PS) évoquées dans le débat public pour remplacer François Bayrou au poste de Premier ministre, aucune d’entre elles n’obtient plus de 30% de soutien.

30% des Français souhaitent que Bruno Retailleau soit nommé à ce poste (+4 par rapport à décembre 2024 après la censure du gouvernement Barnier), 27% Gérald Darmanin (+4), 22% Bernard Cazeneuve (-4), 20% Olivier Faure, 19% Xavier Bertrand et 16% Sébastien Lecornu (-5). Les autres personnalités obtiennent moins de 15% de soutien (Yaël Braun-Pivet, Laurent Berger, Eric Lombard, Catherine Vautrin, Roland Lescure).

De manière générale, ces personnalités ne font pas consensus auprès de l’ensemble des Français ni même dans leur propre camp.

Dans une moindre mesure, Bruno Retailleau et Gérald Darmanin parviennent à convaincre un peu plus largement que les autres personnalités : pour le ministère de l’Intérieur démissionnaire, 64% de soutien chez les électeurs LR +19, 50% chez ceux d’Ensemble +15, et 46% chez ceux du RN +11; pour le ministre de la Justice démissionnaire, 55% de soutien auprès des électeurs Ensemble +16, et 57% chez ceux de LR +11.

Pour 7 Français sur 10, la situation politique est sans issue

69% des Français estiment que la situation politique est sans issue, dans une impasse, et ne voient pas comment la situation pourrait se débloquer et les choses s’améliorer. Cette opinion est majoritairement partagée par l’ensemble des électorats et catégories de population, y compris auprès des électeurs du camp présidentiel (56%).

Seuls 29% jugent que des solutions vont être trouvées rapidement pour sortir de cette situation politique instable et améliorer les choses.

Après la démission de François Bayrou, près de 2 Français sur 3 sont favorables à celle du Président de la République. Le souhait de dissolution reste majoritaire mais recule en deux semaines

A date, 64% des Français sont favorables à la démission d’Emmanuel Macron (-3 points en 15 jours), notamment 88% des électeurs RN, 66% de ceux du NFP (80% chez les sympathisants LFI, 57% chez ceux du PS), et même 38% des électeurs LR et 32% des électeurs Ensemble.

Et 59% sont favorables à la dissolution de l’Assemblée nationale et donc de nouvelles élections législatives. Ce chiffre est en recul de 10 points en deux semaines, notamment auprès de l’électorat de gauche (55%, -10) et du « socle commun » (LR 48% -12 / Ensemble 34% -6). Les électeurs RN y sont en revanche toujours aussi favorables (85%, +2).

Pour le prochain gouvernement, le souhait d’un Français sur deux de mettre les sujets sociaux (inégalités, santé, etc.)

au même niveau que les sujets « régaliens » (sécurité, immigration, etc.)

51% des Français souhaitent que le prochain gouvernement mette la priorité autant sur les sujets régaliens que les sujets sociaux, une opinion partagée par plus de 40% auprès de l’ensemble des électorats (et jusqu’à 69% chez les électeurs Ensemble).

A l’inverse, 26% souhaitent donner la priorité aux sujets sociaux (notamment 54% chez les électeurs NFP) et 22% aux sujets régaliens (notamment 45% des électeurs RN).

A noter que 66% des retraités souhaitent que les deux sujets soient mis au même niveau d’importance.

3 Français sur 4 souhaitent l’introduction de la proportionnelle (partielle ou intégrale) aux élections législatives

Alors que le mode de scrutin pour les élections législatives revient dans le débat public, 72% des Français souhaitent davantage de proportionnelle (+2 par rapport à mai dernier et +11 par rapport à juillet 2024), dont 35% une proportionnelle intégrale et 37% l’introduction d’une dose de proportionnelle (un scrutin proportionnel pour les départements les plus peuplés et un scrutin majoritaire dans les départements les moins peuplés). A l’inverse, 28% souhaitent conserver le système actuel de scrutin majoritaire à deux tours dans l’ensemble des circonscriptions.

Tous les électorats optent en majorité pour davantage de proportionnelle, et notamment les électeurs RN pour la proportionnelle intégrale (59%). Les plus « conservateurs » sur le mode de scrutin sont les électeurs LR  : 44% souhaitent le maintien du système actuel.

Mobilisation du 10 septembre : une approbation toujours majoritaire mais en net recul en deux semaines, notamment à droite et au RN

46% des Français déclarent soutenir ou avoir de la sympathie pour la mobilisation annoncée du 10 septembre, soit une baisse de 9 points en deux semaines. Cette approbation recule notamment auprès des électeurs LR (20%, -17) et RN (48%, -8). Elle reste faible chez les électeurs Ensemble (22%, -1) mais majoritaire auprès de ceux du NFP (76%, -1).

A l’inverse, 35% s’opposent ou sont hostiles à cette mobilisation (+5) ; et 19% y sont indifférents (+4).

A titre de comparaison, au début des gilets jaunes, la mobilisation obtenait un score de 70% d’approbation. Plus récemment, les mobilisations des agriculteurs en 2024 atteignaient des scores supérieurs à 80%.

14% des Français déclarent avoir l’intention de se mobiliser (notamment des actifs, plutôt modestes, de gauche)

A date, 14% affirment vouloir participer à des actions ce 10 septembre, notamment des actifs (17%), ayant des difficultés à boucler leurs fins de mois (22%) et de gauche (31% des électeurs NFP).

23% déclarent qu’ils aimeraient se mobiliser mais ne peuvent pas, et 63% ne pas avoir l’intention de se mobiliser.

Quels modes d’action pour s’opposer aux décisions politiques ? Pour l’opinion, le vote reste l’outil le plus efficace

L’efficacité des modes d’action traditionnels divise les Français (manifestations, grèves, négociations), tout comme les blocages, boycott et opérations « péage gratuit »

Pour s’opposer aux décisions politiques, deux Français sur trois estiment que le vote est un mode d’action efficace (67% pour l’élection présidentielle, 66% pour les législatives).

Plus loin, les autres modes d’action divisent (jugés plus efficaces auprès des électeurs de gauche de manière générale) :

  • Les opérations « péage gratuit » : 52%
  • Les négociations : 51%
  • Le blocage des dépôts de carburant, supermarchés, aéroports, gares, routes, etc. : 46%
  • Les grèves (arrêt du travail, sans rémunération) : 44%
  • Ne pas utiliser sa carte bancaire, faire moins d’achats, moins consommer : 41%
  • Les manifestations « traditionnelles » dans la rue : 39%
  • Les buzz sur les réseaux sociaux (message, vidéo, etc.) : 33%
  • Les pétitions : 32%

Les manifestations violentes sont quant à elle jugées efficaces par une très faible minorité (13%).

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Crédits image : Commons wikimedia / Sunala